En effet, nous rappelons que la France est, avec la
Turquie, le seul état européen qui refuse de signer la convention
pour la protection des minorités du Conseil de l’Europe, institution
créée pour garantir la paix et le respect des droits de l’Homme et
qui représente l’ensemble des pays européens. Les motifs opposés par
la France à cette signature sont résumés dans l’intervention de Mme
Durrieu, sénateur socialiste, en janvier 2001: « En France, la
citoyenneté est la référence essentielle. Les citoyens sont égaux
devant la loi, mais les droits sont individuels et universels, sans
distinction de sexe, de race ou de religion, sans discrimination.
Ces droits vont au-delà des droits collectifs et spécifiques. C'est
notre culture, notre référence essentielle. »
Cette singularité française avait été critiquée par
M. Gil Robles, commissaire européen aux droits de l'homme, dans un
rapport remarqué de 2005 sur les droits de l’homme en France. Elle a
été dénoncée par l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe
encore tout récemment puisque la recommandation du 4/10/2006 demande
aux états non signataires « de mettre leurs actes en conformité avec
leurs paroles, de sorte à assurer la protection effective des droits
des personnes appartenant à des minorités nationales ou à des
groupes minoritaires sous l’autorité de la Cour européenne des
Droits de l’Homme. »
La conséquence de cette négation officielle de notre
peuple est que toute personne insultée, brimée, exclue en raison de
sa qualité de corse ne peut faire valoir ses droits devant un
tribunal, alors que toutes les autres minorités peuvent le faire.
Ainsi, la cour de cassation, qui statuait sur une plainte d’Ava
Basta, a jugé que le fait de s’attaquer aux corses en tant que tels
ne constitue pas un délit car « le citoyen français corse
n'appartient ni à une ethnie, ni à une nation, ni à une race ou une
religion déterminée ».
Lors de la venue de Mme AMARA, nous lui avons exposé
cette problématique.
Sa réponse a été : « Moi aussi on m’a traité de sale
auvergnate, mais ce n’est pas grave car nous faisons tous partie de
ce grand peuple français », et ce, devant un parterre d’officiels,
notamment de la mairie, de la CTC et autres, restés sans réaction.
Les propos ironiques de l’intéressée, qui démontrent
par ailleurs qu’elle doit se sentir bien peu « auvergnate », sont
dans la ligne de multiples déclarations selon lesquelles les corses
ne peuvent se sentir discriminés en tant que tels, puisqu’ils
n’existent pas.
Ces considérations devraient donc nous inciter a
réfléchir sur les objectifs recherchés avec la primeur de
l’installation en Corse du premier pole anti discrimination de
France.
Mais rassurons nous, il y a des domaines où notre
spécificité est reconnue : nous bénéficions d’une discrimination
positive dans l’affectation des forces de police ( 4 fois plus que
la moyenne française), dans le recours aux juridictions d’exception
pour réprimer les militants nationalistes…
En matière économique, nous détenons par exemple le
record de signature des CNE (contrats précaires qui viennent d’être
déclarés contraires au droit par l’organisation internationale du
travail), nous sommes bon derniers pour le revenu par habitant etc.
etc.….
et la liste est malheureusement loin d’être
exhaustive …