Le
8 novembre 2007 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) Le
Journal Corse Matin a obtenue une interview exclusive de Dumè
Pasqualaggi. (source
Corse Matin)
Dominique Pasqualaggi
tombé le 14 juin dernier d'un local de garde à vue à Paris se
confie à Corse-matin. Tombé de la fenêtre d'un local de garde à
vue à la sous-direction antiterroriste de la PJ parisienne, le
14 juin dernier, Dominique Pasqualaggi est libre depuis le 25
septembre. Depuis trois semaines, il est hospitalisé dans un
centre de rééducation spécialisé de la région parisienne où il a
accepté de recevoir Corse-Matin
pour évoquer son engagement dans la mouvance nationaliste, ses
souvenirs de la chute et son avenir.
Corse Matin : Vous êtes né en région parisienne.
A quel âge êtes vous venu vivre en Corse ?
Dominique Pasqualaggi : J'avais 12 ou 13 ans. Mais je venais en
Corse avant, à toutes les vacances. Mes deux parents sont
Corses. La plupart de mes amis d'enfance sont de Corte. Je les
connais depuis que j'ai trois ans. Mais je n'ai pas été élevé
dans une famille nationaliste.
- Comment vous est venu cet
engagement pour le nationalisme ?
- C'est un engagement qui se base sur un plan philosophique,
économique et historique. A partir d'un certain âge, on
s'interroge philosophiquement sur les principes qu'on vous
transmet et qu'on vous enseigne. On vous parle d'une République
égalitaire, de Voltaire et des humanistes. Et malheureusement on
est confronté à une autre réalité. Historiquement, si l'on
s'interroge vraiment sur l'histoire de la Corse, c'est un
département conquis par la force.
- A quel moment commencez-vous à
militer ?
- Quand j'étais étudiant j'ai milité dans un syndicat
d'obédience nationaliste. J'ai aussi rejoint le comité de région
de Corsica Nazione. Mais ensuite j'ai fait ma vie d'étudiant à
Aix, à Bordeaux, à Paris, à l'école du Louvre. J'ai été deux
fois boursier de l'école française de Rome. J'ai essayé d'ouvrir
mon esprit en voyant autre chose.
- Quand décidez-vous de rentrer
en Corse ?
- J'avais des chantiers d'archéologie en Corse depuis 1998. En
2004 j'ai commencé à enseigner en Corse et j'avais mes propres
chantiers à Corte, au Cap Corse.
- C'est à ce moment que vous
rejoignez le mouvement nationaliste ?
- Je recommence à prendre des contacts pour savoir comment on
pouvait aider. Je ne suis pas un clandestin. Je suis quelqu'un
qui a voulu aider à un moment une structure clandestine. Je n'ai
pas la carrure pour être un vrai clandestin. Ce sont des hommes
qui mettent leur existence entre parenthèses pour une lutte. On
m'a fait plus grand que je ne le suis.
- Au moment de votre arrestation
en janvier 2006, votre famille et vos amis étaient-ils au
courant de votre engagement ou était-ce une surprise ?
- Tout le monde est tombé de très, très haut. C'était une grosse
surprise. Mais beaucoup ne m'ont pas abandonné. L'expérience de
l'incarcération, puis l'accident m'ont appris beaucoup sur la
nature humaine. On compte ses amis, ses proches, les lâches qui
ont peur pour eux-mêmes. Beaucoup de personnes m'ont soutenu sur
le plan humain. Et je remercie tous ceux qui ont signé la
pétition.
- Vous êtes mis en examen pour
des faits criminels, notamment dans l'affaire d'Aix-en-Provence
où l'explosion d'une bombe en janvier 2006 a coûté la vie à un
militant.
- Il y a des gens qui m'accusent de certains faits. Sur
Aix-en-Provence, je me suis expliqué, j'ai essayé d'être le plus
honnête possible. Il est prouvé que je n'étais pas sur les lieux
de l'explosion. Après, il y a d'autres affaires du même style.
- Vous vous êtes expliqué aussi
?
- Ça sera fait un jour devant les tribunaux. J'ai été convoqué
très régulièrement chez le juge d'instruction. J'ai subi trois
gardes à vue en un an et demi. On ne peut pas dire qu'on n'a pas
essayé de me faire parler. Je n'ai parlé que de moi. Et avec
parcimonie.
- La dernière garde à vue s'est
terminée par une chute. Avez vous des souvenirs ?
- Si j'avais des souvenirs je ne me poserais pas la question
toutes les nuits de savoir pourquoi je suis dans un fauteuil
roulant et que je risque d'y rester.
- On a évoqué une tentative de
fuite ?
- Je ne dis pas que je suis quelqu'un d'intelligent. Mais
vouloir m'évader du 3e étage dans une cour fermée du ministère
de l'Intérieur, en face de l'Elysée, dans le quartier où il a
probablement le plus de policiers au mètre carré en France, il
faut vouloir s'en sortir...
- On a parlé de suicide aussi ?
- Toutes les personnes qui me connaissent vous diront que je ne
suis pas suicidaire. J'avais le but de rentrer chez moi, de
continuer ma vie. Je continue une thèse, je prenais des cours de
lettres en prison. J'avais une activité intellectuelle. Je
préparais ma réinsertion.
- Ecarter le suicide et la
fuite, ne laisse qu'une hypothèse, un accident, voire qu'on vous
ait poussé ?
- Je ne veux pas supputer quoi que ce soit. On m'a beaucoup
sali. C'est indigne. Je ne veux pas faire la même chose. « Des
séquelles à vie »
- Quelles séquelles gardez-vous
de cette chute ?
- Je vais garder des séquelles à vie. Il y a des nerfs
sectionnés. Pour l'instant je suis en fauteuil roulant. Je n'ai
aucun flux nerveux dans les mollets et le pied est inerte. Les
muscles se sont rétractés à force d'être allongé pendant des
semaines sans soins adaptés à la maison d'arrêt de Fresnes. Je
ne remarcherai jamais normalement. Je ne pourrai plus jamais
remonter en montagne. Et exercer mon métier sur le terrain
risque d'être très complexe.
- Comment envisagez-vous
l'avenir ?
- Je continue à travailler. Je remercie beaucoup mes collègues
archéologues corses qui m'ont dédié leur dernier congrès.
J'essaie de garder un lien. Mais je suis mis en examen dans le
dossier d'Aix. On m'attend. Je fais confiance à la justice, dans
les deux sens.
Propos recueillis
par Zoé Lavigne
Source photo :
CorseMatin, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
CorseMatin, Unità Naziunale
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