LETTRE AU DIRECTEUR RÉGIONAL
D'EDF
Lettre au Directeur Régional d’EDF
purificateur linguistique
Après
signature (personnes ou associations…)
envoyer à :
U Taravu – 20173 Zevacu
Aiacciu, u 4 dicembri 2007
Monsieur le Directeur Régional d’EDF,
À
l’occasion d’une commission secondaire de
votre entreprise en date du 26 novembre
2007, la déléguée du Syndicat des
Travailleurs Corses, Madame Josée Grimaldi
d’Estra, a répondu à l’appel de son nom dans
sa langue maternelle.
Ceci
lui a valu immédiatement d’être prise à
partie de manière insistante, par votre
adjoint qui, apparemment, ne tolère pas
qu’une indigène s’exprime dans sa langue
vernaculaire.
Nous
avons appris d’autre part, de diverses
sources prêtes à en témoigner, que certains
de vos cadres n’admettent pas que des agents
de l’entreprise discutent entre eux dans la
langue de leurs ancêtres, qu’à plusieurs
reprises, il leur en a été fait le reproche,
et qu’ils ont été sommés de cesser cette
pratique.
Il
faut que vous sachiez que nous ne sommes
plus à la grande époque de la colonisation
française du dix-neuvième siècle, et que
vous n’êtes plus les missionnaires lumineux
et éclairés, chargés de civiliser le bon
sauvage en lui imposant les pseudo-valeurs
de votre bienveillante civilisation.
Nous
sommes chez nous ! Sur notre terre, avec
toute la légitimité historique que cela nous
confère !
Nous
n’aurons pas la cruauté d’évoquer les graves
pannes à répétition, tant pour l’électricité
que pour le gaz, qui, à plusieurs reprises,
ont frappé notre pays, y compris très
récemment dans le nord de la Corse. Votre
incompétence notoire qui, n’importe où
ailleurs vous aurait valu une mise à pied
immédiate, a été et demeure ici totalement
couverte par votre autorité de tutelle,
situation coloniale oblige !
Vous
disposez, ainsi que vos cadres, de la même
origine que vous, sur notre terre, de
somptueuses villas de fonction, aux frais du
client bien entendu, avec piscine de
préférence, de salaires qui vous mettent
largement à l’abri de la baisse du pouvoir
d’achat, et il semblerait que ce type
d’avantage ne vous suffise pas. En prime, il
faut mater l’indigène !
Vous
n’ignorez pas que la langue corse est depuis
longtemps objet de débats passionnés et
qu’il s’agit là d’un sujet extrêmement
sensible.
Vous
n’ignorez pas que depuis les accords dits de
Matignon, elle est enseignée de la
maternelle à l’université.
Vous
n’ignorez pas que nos radios et notre
télévision ainsi que de nombreuses écoles
sont bilingues.
Vous
n’ignorez pas qu’il en va de même de la
signalétique routière, ainsi que celle de
nombre d’établissements publics, tels que
l’Assemblée de Corse et l’Université, ou
privés.
Vous
n’ignorez pas que tous les actes
administratifs et tous les débats de
l’Assemblée de Corse sont rapportés dans
cette langue.
Vous
ne pouvez pas ignorer que la même Assemblée
a récemment voté à l’unanimité un plan de
développement, d’enseignement et de
généralisation de la dite langue, etc. etc.
etc.
Il
paraît donc totalement incongru, et
évidemment inacceptable, que vous estimiez
bénéficier d’une quelconque
extra-territorialité et d’une supériorité
qui vous permettent de nier un peuple, sa
culture et sa langue et que vous et votre
état-major, totalement coupés des réalités
locales, et fonctionnant en circuit fermé,
vous vous permettiez d’essayer de dicter
votre loi, y compris dans notre mode
d’expression collective.
Il
faut que vous sachiez que nous ne sommes pas
disposés à accepter vos diktats !
En
conséquence de quoi :
Dans
un premier temps, nous exigeons, dès
réception de la présente, des excuses
publiques.
Si tel
n’était pas le cas, nous déposerons
immédiatement une plainte avec constitution
de partie civile, pour harcèlement moral à
l’égard d’un représentant syndical à
l’occasion de l’exercice de son mandat, et à
l’égard de salariés victimes de vos
comportements.
Nous
ferons, de plus, déposer une motion de
condamnation de votre attitude à l’Assemblée
de Corse.
Il
s’agit là, en effet, d’un problème qui
excède largement le cadre du fonctionnement
interne d’une entreprise.
Dans
un deuxième temps nous exigeons votre
départ, et celui de votre staff : votre
irrespect, votre arrogance, et votre mépris
à notre égard font que vous n’avez plus rien
à faire chez nous !
Pour
ce qui concerne vos successeurs nous
exigerons que la langue corse occupe toute
sa place dans l’entreprise ! À charge pour
eux d’en maîtriser la pratique !
Ont
signé :
Rinatu
Coti, Misincu U Taravu, Cismonte & Pumonti,
Paroli Sciolti, Cultura Viva.
Riferenza in l'archivii ADECEC: A -
LET 04.12.07 COTI