Le
12 aout 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
En début d'après midi, lors d'un
point-presse, les organisations composantes de la démarche de
refondation annoncent qu'elle tiendra son calendrier et mènera ses
débats de fond. Elles passent la parole aux différents représentants
des peuples basques (batasuna), catalan (ERC) et kanak (USTKE) qui
exposent la situation des luttes respectives.
Soulignons que dans le cadre de ces contacts internationaux, Rinnovu
s'est joint à l'appel des organisations représentantes de peuples
sous la domination française qui avaient fait une déclaration
commune sur leur autodétermination aux
journées de 2006 cliquez ici pour l'article de
rinnovu.com.
Le débat sur la refondation
commence devant une foule très nombreuse et attentive.
>Pierre Poggioli
le présente, il débute par la question de la définition du peuple
corse. C'est une communauté historique et culturelle vivante de plus
en plus menacée. Face aux arrivants, sans reconnaissance, il perd sa
capacité intégrative et devient minorisé sur sa terre.
De nombreuses inquiétudes se font jour dans la salle. Les critères
de définition d'une nationalité corse ont été élaborés par la
cunsulta naziunale, rappellent des animateurs de celle-ci. Ils
posent la question de l'élection de l'ANP en novembre et de son lien
avec la refondation. Paul félix Benedetti rappelle la participation
constante du Rinnovu à la CUNSULTA, un nombre plus conséquent
d'adhésions doit être atteint. Paul Quastana manifeste son
inquiétude face à une interprétation trop naïve de la notion de
communauté de destin.
>Puis viendra la question
du projet politique.
Il est temps de le faire
avancer, mais nous ne partons pas de rien. Jean Guy Talamoni
le présente comme un projet en deux temps : des mesures transitoires
(citoyenneté corse, corps électoral, protection du foncier,...)
avant l'indépendance nationale, solution tout à fait valable dans
l'intérêt des Corses.
Pour Paul Félix Benedetti,
la France ne peut rejeter la solution d'une citoyenneté transitoire
débouchant sur une nationalité car elle l'a accépté pour la Kanaky.
L'indépendance doit s'inscrire dans l'Europe avec des dispositifs
adaptés.
>Concernant la refondation
elle-même, un intervenant résume : nous avons fait de graves
erreurs, nous avons fait n'importe quoi, il faut tout reprendre et
repartir sur des bases saines.
François Sargentini
développe la vision de refondation basée sur une analyse du passé,
elle permet une projection dans l'avenir.
résumé de rinnovu.com, et non
compte rendu exhaustif du débat.
le meeting
Il est très attendu par une foule
de plus en plus compacte, au moment où la lumière se fait moins vive
sur Corti.
Paul félix Benedetti, au nom du Rinnovu fait le premier discours :
cliquez ici pour l'entendre dans son intégralité sur la diffusion
vidéo assurée par le ribombu
EN VOICI L'ESSENTIEL
(transcription rinnovu.com) :
">Pour l'ensemble des
nationalistes corses ça restera, et vous le verrez, une journée
historique, historique dans sa dimension politique, parce qu'enfin
nous allons trouver les voies de l'apaisement définitif et une mise
en synergie de tous nos moyens. Avant de vous exposer la vision du
Rinnovu pour un espace nationaliste refondé, je vais revenir sur
le passé contemporain du nationalisme pour que les jeunes
militants, ceux qui ont aujourd'hui 20 ans comprennent ce qui s'est
passé lorsque nous nous avions 20 ans.
Alors le nationalisme contemporain
est héritier de cette logique corse de résistance contre
l'oppression et surtout de l'héritage magnifique légué par Pascal
Paoli qui a fait il y a 2 siècles la première nation libre du monde;
cependant il nous a fallu 2 siècles pour reprendre conscience de nos
véritables valeurs et de nos véritables droits. Il a fallu attendre
dans les années 60, la première invasion en grande masse, l'invasion
des pieds- noirs, pour qu'il y ait la prise en compte d'une identité
nationale et que germe dans nos esprits la volonté de résister.
(...) Au début, on l'a dit lors des débats préliminaires, ça a été
ce que a appelé u riaquistu
culturale tout ce qu'on a voulu, mais a germé une idée
régionaliste : que la Corse pouvait être elle-même, adossée à la
nation française ; et il est né le courant régionalo-autonomiste qui
a progressé et qui a développé le sentiment national jusqu'au milieu
des années 70. Ce courant a, à un moment donné, montré ses limites
et il y a eu dès 1976, dâte historique, la création du FLNC par la
volonté de la jeunesse corse de trouver les voies et moyens de
perpétuer le combat séculaire qui avait été abandonné momentanément.
Et le FLNC s'est imposé sur le plan politique sur le plan militaire,
il a coexisté avec le courant régionaliste de manière conflictuel au
niveau des idées, mais de manière très amicale pour ce qui concerne
les rapports politiques. (...) Pendant très longtemps le FLNC a
imposé la ligne directrice. Le nationalisme a continué à ce moment
là à susciter un intérêt international, un intérêt local, et une
progression permanente jusqu'en 1992 où il a atteint le maximum de
ses scores électoraux (...). A ce moment là, il y a eu déja les
germes de la division, les germes de la manipulation et de
l'affrontement. (...)
Mais malgré tout on était en crise
de croissance et le score électoral a été au rendez vous, il a été
sur un rendez-vous électoral, mais il n'a pas été sur un rendez-vous
politique majeur car dès le lendemain, les divisions ont pris le
dessus, elles ont pris le dessus parce qu'à ce moment là, le défaut
majeur d'avoir une direction politico-militaire, c'est d'avoir une
direction occulte. C'est d'avoir des chefs qui sont inconnus du
grand public mais qui sont connus des cadres dirigeants politiques
et surtout c'est de permettre les manipulations. Et à ce jeu là
l'Etat français est le meilleur du monde, un des plus aguerri, dans
ce qui s'appelle la manipulation mentale, globale, les manipulations
d'opinion et les retournements d'individus. De l'argent a été donné,
et surtout il y a eu un message clair qui a été donné par l'Etat à
tous les Flnc : soyez le premier nous discuterons avec vous ! Le
message était implicite, à défaut d'être explicite, il suffisait que
l'un ou l'autre des Flnc l'emporte pour qu'il devienne
l'interlocuteur final. (...) Et ça a été le début du déclin, le
début du déclin parce qu'au lieu d'engranger les fruits de 20 années
de lutte politique, de conscientisation de la Corse, on s'est
évertuer, à partir de là, à travailler en contre les uns les autres.
Et on est arrivé au pire. On a tué des hommes, des militants
brillants, des militants courageux. Les uns par les autres, sans
savoir pourquoi. Ou du moins en se laissant volontairement manipulé
pour les uns, inconsciemment pour les autres mais de manière néfaste
dans la globalité. Ça c'est la triste réalité du nationalisme des
années 90.(...)
Il a fallu qu'il y ait un acte
politique et militaire majeur, qui peut être répréhensible sur le
fond mais qui dans l'action est né de la volonté de certains hommes
de faire cessez cette guerre. Et cet acte, ça a été l'assassinat du
préfet Erignac. A partir de 1997 sans que les nationalistes en
guerre discutent entre eux, ils se sont naturellement arrêtés, les
hostilités ont cessé, sans qu'aucune trêve ou paix ait été déclarée,
et c'est ce qui a permis à ce moment là des rapprochements, et ce
qui a permis plus tard les accords de Migliaccariu.(...) On a essayé
à partir de 98, pour ce qui concerne le Rinnovu, de porter un
message, un message de refondation, un message de création d'un
parti pluriel à tendances. On a été peut-être à ce moment là trop
naïf, trop idéaliste (...) Il y a un an, nous avons été invités aux
Journées, nous sommes revenus pour la première fois depuis 15 ans
pour porter ce message en expliquant qu'on ne faisait pas de blocage
qu'on ne faisait pas un refus, qu'on n'était pas là pour aller en
contre. On était là pour tout donner justement, mais pour tout
donner, il nous manquait encore quelque chose, ce quelque chose
c'est la confiance les uns les autres. Et c'est la garantie que le
projet en construction sera un projet politique alternatif au
service exclusif du peuple corse et qu'il ne soit pas au service des
hommes, des egos, et qu'il soit projetable dans les générations
futures. En clair, on l'a dit, on le réaffirme ce soir, on était
partant pour un mouvement fusionnel, pour que les organisations
issues des fractures du passé fassent leur autocritique, fassent
leur mea culpa et qu'elles soient prêtes à se dissoudre pour se
refonder dans un espace populaire qui soit à la dimension de l'enjeu
et du chemin qu'il nous reste à accomplir. (...)
> La société corse aujourd'hui
c'est une société qui est en pleine déliquescence et il y a
l'Etat, un Etat omniprésent qui favorise les divisions, qui organise
la Corse avec une sur administration volontaire et qui répartit des
mini-parcelles de pouvoirs à une multitude de relais et de vassaux
locaux. (...) ça c'est la volonté étatique, mais surtout il y a les
Corses compromis, il y a ces Corses compromis qui font en permanence
allégeance; là aussi ils le font avec vice, avec recherche de
profit, ou avec naïveté ; mais ils le font envers et contre tout ,
ils le font contre leurs intérêts , ils le font contre les intérêts
des Corses, ils le font contre les intérêts de la nation Corse.(...)
Donc il est important aujourd'hui
de savoir ce que l'on veut faire. Donc ne nous trompons pas
d'adversaires.(...) Restons sereins, redevenons nous-mêmes,
redevenons nous-mêmes car les enjeux sont très importants. Il y a
aujourd'hui en Corse une situation qui n'a jamais été aussi
négative.(...) La réalité économique c'est que les Corses deviennent
de plus en plus pauvres en Corse, il arrive des étrangers riches qui
s'accaparent toutes nos richesses, que les Corses cèdent souvent à
la tentation de la spéculation. (...) Nous sommes dans une situation
qui est dramatique, on est, je pense, la dernière force vive
consciente de son destin et il nous appartient de le gérer avec une
efficacité politique que nous n'avons jamais eu dans le passé.
C'est pour cela qu'il devient obligatoire de constituer une force
politique alternative qui soit une force exemplaire. On ne peut plus
se contenter d'incantations creuses : parler d'indépendance, parler
d'autodétermination, parler d'autonomie, de souveraineté, de la
lutte contre la colonisation. On doit donner un contenu. Les
contenus ça va être l'organisation du mouvement que l'on va faire,
ça va être un contenu sur deux axes : il va y avoir le message, le
discours ; le programme pour l'indépendance, pour la souveraineté.
Celui-ci sera clair, on va annoncer un but final, une souveraineté
pleine et entière, on va donner un axe à la lutte. Surtout on va
expliquer à nos partenaires potentiels du courant “modéré” que nous
sommes le progrès et qu'ils sont eux dans l'archaïsme. Car
aujourd'hui réclamer un régionalisme avancé ou une autonomie, c'est
de la déraison. La lucidité aujourd'hui c'est de comprendre que
l'Europe de demain sera une Europe fédérale. Des pays entiers sont
en train de se démembrer, l'Espagne, l'Angleterre, (...) Il ne va
plus rester que la France, et la France ne pourra rester dans
l'Europe de demain une entité souveraine de 70 millions d'habitants
face à des régions fédérales dont la plus grande ne dépassera pas 15
millions d'habitants. Dans ce contexte, il est évident que l'Europe
sera fédérale et qu'à ce titre la Corse a toute sa place : car elle
a le droit historique, elle a des frontières, elle a un peuple, elle
a une histoire, et elle a un destin à accomplir. La Corse a autant
de droit que Malte, autant de droit que Chypre, autant de droit que
le Kosovo, ou que la Macédoine. (...)
Dans ce contexte, on ne doit avoir aucun complexe, je pense qu'on
est l'incarnation d'un peuple vaillant, d'un peuple dynamique, d'un
peuple combattant qui se projette dans l'avenir. Se projeter c'est
être persuadé que la Corse de demain, du jour au lendemain, sera
plus riche que la Corse avec la France. La France n'a rien fait
d'autre que nous anéantir, de nous oppresser, les institutions
françaises en Corse sont le poids économique qui nous empêche le
développement.(...)
Dans ces conditions là, il faut se dire que l'heure elle est à
lutte, elle n'est pas à la figuration, elle n'est pas à des discours
soft, elle n'est pas à l'asservissement, elle n'est pas à la
complaisance. Notre objectif c'est de créer une force politique qui
soit non seulement une force alternative au système en place, mais
ça doit être une force qui sera une force de gouvernement, le
prochain mouvement doit avoir une ossature politique qui permette à
la fois aux Corses et à nos interlocuteurs internationaux de
comprendre que nous avons les capacités humaines, politiques,
physiques d'imposer un rapport de force et de faire comprendre à
notre propre peuple qu'il fera mieux vivre à nos cotés avec nos
propositions qu'avec la France , avec son système colonial, et avec
la déchéance à laquelle elle nous conduit chaque jour.(...)
> Dans ce contexte, il ne faudra pas qu'on se trompe, il ne
faudra pas penser que les militants dans une assemblée comme
aujourd'hui pourront déléguer à un exécutif, fut-il collégial et
pluriel. Non. Il faudra une pratique au quotidien,
démocratique, une expression des minorités, un croisement des idées,
des discussions pour qu'on trouve les voies d'un consensus global, a
minima, sur le projet politique. (...) Dans ce contexte, il n' y
aura pas de place au doute, chaque militant devra comprendre qu'il
devra retrouver une place active, il ne pourra plus être un
spectateur, on aura besoin de tout le monde. On ne pourra pas se
contenter d'une délégation et de critiquer derrière. Il faudra
redevenir des militants de sections, des militants de région. On
aura besoin d'une masse énorme, car le chantier d'un projet de
gouvernement a besoin de tout le monde. A tous les étages, dans
toutes les compétences, dans toutes les classes sociales, toutes les
couches de la société, tous les horizons: ça c'est un projet que
malheureusement on fait peut-être avec 10 ans de retard, mais on
sera obligé de le faire sans rien oublier et en ne sacrifiant aucun
principe. Tout ceci pourquoi ? Parce qu'on est dans une lutte
révolutionnaire et qu'aujourd'hui il y a 70 prisonniers, il y a
plusieurs personnes qui sont condamnés à de longues peines et si
l'on se projette sur la situation unique d'aujourd'hui, ils sont
condamnés à mourir en prison car ne sommes en Corse sur une
dynamique de victoire.
Pour ces militants, pour tous ceux qui font le sacrifice suprême,
nous sommes condamnés à avoir une solution politique qui soit
efficace qui fasse fi de toutes les erreurs, qui oblige les
militants qui ont commis ces fautes à prendre leur responsabilité et
à ne pas hypothéqué la lutte de demain. Ça c'est un gage, ça ne sera
écrit nulle part, mais ça sera dans la conscience de chacun : on ne
doit plus faire les erreurs d'hier. (...) Il faut que chacun ait la
conscience de ce qu'il a fait de bien, de ce qu'il a fait de mal et
surtout de ce qu'il lui reste à faire. Pour notre part on prend
l'engagement solennel de se mettre exclusivement au service de la
refondation et de faire fi de notre personne, d'être prêt à tous les
sacrifices, à une condition qu'on soit tous les uns derrière les
autres qu'il n'y ait pas d'un coté ceux qui regardent et de l'autre
coté ceux qui font.
Alors aujourd'hui je crois que notre route est tracée, ce sera une
route sans aucune compromission, avec des objectifs clairs. La
première étape qu'on doit annoncer dans une feuille de route de
reconquête de l'indépendance, ça va être dans l'immédiat des mesures
protectionnistes pour que cesse la spéculation en Corse. (...) Pour
cela il faudra très rapidement, une avancée institutionnelle qui
définisse une citoyenneté territoriale qui débouchera rapidement sur
une nationalité. La France l'a déja fait pour la Nouvelle Calédonie,
il n'y a pas de raisons qu'elle ne le fasse pas pour la Corse, ça
sera la seule solution, il faut règlementer les échanges en Corse,
nous n'avons pas les moyens de lutter contre le grand capital. Nos
seuls moyens, ce sont ceux qui choisi la voie du sacrifice, ce sont
des moyens qui sont difficiles, on salue le courage de ces militants
qui essayent, par ce que l'on appelle la voire de la violence, de
s'opposer à ces dérives. Mais seuls ils n'y arriveront pas. Parce
qu'ils seront, s'ils restent seuls, dans la voie de la
marginalisation, ils seront arrêtés, châtiés, punis, déportés.
Lorsque vous regardez l'amplitude des peines de prison sur ces
militants sincères et dévoués, lorsque vous regardez les peine de 15
pour des attentats symboliques, vous prenez la mesure de la
séparation qu'il y a entre les incantations verbeuses d'un
nationalisme soft et la réalité du sacrifice des combattants
nationalistes.
Dans ce contexte, je vous renvoie la balle à vous les militants, je
vous demande de vous investir, de prendre la chemin de la militance,
de revenir. Il est certain qu'il y a du scepticisme. Les
nationalistes, le nationalisme a commis tellement de fautes à vos
yeux, aux yeux de l'opinion, qu'on peut-être sceptique. Mais le
nationalisme a permis tellement d'avancées, qui sont tellement
fortes par rapport à ces dérives qu'il faut redonner une chance. Une
chance pour qu'il y ait l'organisation d'un espace politique qui
soit à la hauteur de l'enjeu. Il faut obliger ceux qui prendront le
mauvais chemin à revenir, il faudra leur laisser toute la latitude
pour qu'il prennent conscience qu'il n'y a qu'une voie.
C'est la voie de la lutte, la voie de la sincérité, la voie de
l'honnêteté.
C'est probablement la voie du sacrifice, mais à une condition, c'est
qu'il y ait une finalité : la souveraineté pleine et entière d'une
Corse qui reprenne toute sa place.
EVIVA A LOTTA ! EVIVA A RESISTENZA ! "
Dossier
:
GHJURNATE DI CORTI DI U
2008
Source photo :
www.rinnovu.com, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
www.rinnovu.com, Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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