Le
25 juin 2008 :
(12:59 Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
L’hebdomadaire « l’Express », dans son numéro
2969 et à sa rubrique « Economie », développe un long dossier
intitulé : « Le palmarès des villes qui recrutent ».
Il
y est présenté un « classement national des 348 zones répertoriées
par l’INSEE. Cette hiérarchie reflète la vitalité des cités et des
territoires, leurs atouts, leurs efforts pour séduire les
investisseurs ».
Sur le podium, Roissy en France, Draguignan, et
Porto-Vecchio, avec une hausse de leurs pourcentages d’emplois entre
1999 et 2006, respectivement de 31, 30, 5 et 25.
Cependant, si on examine avec réalisme la situation
de trois cités, le rapprochement de leurs économies ne peut relever
que de l’abus ou de la désinformation.
En effet,
·
Les atouts
de Roissy en France sont connus : l’un des plus grands
aéroports au monde (60 millions de passagers, 2 240 000 tonnes de
fret par an) avec ses retombées économiques et ses emplois, la
proximité de Paris, ses moyens de communication, de transports etc.…
·
Draguignan, c’est plus de 10 000 petites
entreprises qui assurent des emplois stables (41 168 en 2006),
En outre, c’est aussi sa situation de base arrière de
la côte d’azur qui attire des résidents, alimente le BTP avec une
réserve de 633 ha de foncier,
En prime, la lucidité des responsables :
« Nous avons une forte volonté politique de maîtrise
du foncier », « On ne peut pas miser à long terme sur la
construction de maison. Quand on aura mité tout le territoire, la
croissance s’arrêtera », « Il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas
une économie saine, nos jeunes s’en vont ».
Entendons-nous cela en Corse ?
·
A
Porto-Vecchio, écrit Michel FELTIN,
« la croissance est au beau fixe. Dans une région réputée pour son
art de la sieste, cela surprend ».
Le cliché
est tellement éculé que nous en ferons table rase tout en constatant
que certains ignorent l’origine du mot français « travail » qui
vient d’un instrument de torture.
Mais
Porto-vecchio c’est surtout :
1
Un secteur
primaire
(agriculture, forêt, pêche et aquaculture) pratiquement
inexistant de par une volonté politique justement fondée sur le
tout-tourisme.
Un secteur programmé à la mort par le PLU, à grands
coups de complexes de construction sur les surfaces agricoles
utilisées ou utilisables. Et les tracasseries faites aux
agriculteurs, retraits de location de terres agricoles pour
alimenter la spéculation foncière, le resserrement de crédits à
l’investissement etc.….à l’heure ou chacun sait que posséder une
agriculture performante ou avoir la possibilité de la développer
d’une manière durable est une fortune et un besoin vital.
2
Un secteur
secondaire
(transformation des productions du secteur primaire)
constitué presque essentiellement par le BTP étroitement dépendant
du tourisme (constructions de marines, de résidences secondaires
à but locatif etc.…) au taux de croissance de 100% dit-on contre
18% en moyenne nationale. Un secteur pourvoyeur d’emplois à temps
partiel, précaires pour la plupart et destinés à des personnels non
qualifiés. (emplois dévolus de plus en plus
aux travailleurs émigrés venus de l’est qui acceptent les salaires
(bien souvent non déclarés) dont les maghrébins eux-mêmes utilisés
en ce sens ne veulent désormais plus).
Par contre, les potentialités des productions
naturelles exprimées plus haut, qui pourraient être transformées par
ce secteur qui deviendrait une autre source d’emplois qualifiés, ne
sont pas préconisées dans les PLU proposés par les responsables
territoriaux de la classe politique « traditionnelle ».
3
Un secteur
tertiaire
(mise en valeur et commercialisation des produits développés dans
les deux premiers secteurs) évidemment lui aussi est
surdimensionné jusqu’à l’absurde. On voudrait nous faire croire que
les revenus fondés sur la fréquentation touristique alimenteraient
le commerce local, alors que :
- Les résidences secondaires sont louées (bien souvent
illégalement) par ceux qui les possèdent, donc différentes Jet-set
peu scrupuleuses faisant jouer leurs carnets d’adresses plusieurs
mois de l’année,
- Les marchandises vendues aux touristes sont des
marchandises importées par la grande distribution,
- Les marchandises locales (lorsqu’elles ne sont pas
trafiquées par des réseaux étrangers à la Corse) sont achetées en
petite quantité et à des prix dérisoire par ces épiciers nouveaux,
Nous
pouvons affirmer que les bénéfices ainsi engendrés échappent
totalement à l’économie corse !
Par
ailleurs, ces secteurs ainsi gérés, génèrent des emplois saisonniers
avec une main d’œuvre venue d’ailleurs, la main d’œuvre locale
devenant insuffisante sur la saison.
Enfin, le
phénomène de précarité qui s’ensuit le reste de l’année, provoque le
départ des jeunes corses au bénéfice de cette main d’œuvre bon
marché qui se contente de bénéficier du soleil et des atouts de
l’aide publique (Restos du cœur, épiceries
sociales, HLM prioritaires etc.…)
Les
perspectives d’avenir sont les horizons les plus sombres pour
Porto-Vecchio:
-
Que
fera-t-on lorsque le tout tourisme aura
saccagé ce qui attire encore le touriste tel que beauté des espaces
avec leurs libres accès ?
-
Que
fera-ton quand la hausse des prix aura
fait réviser à la baisse les budgets loisirs de la majorité des
européens ?
-
Que
fera-t-on lorsque les effets des nouvelles
destinations touristiques se feront sentir et que seront grevés les
espoirs d’un étalement de la saison en Corse ?
-
Le principe
qui consiste à placer tous ses œufs dans le même panier inquiète les
Porto-Vecchiais comme tout le reste de la corse lorsque l’on sait
que l’agrégation de tous les PLU sur le modèle du PLU de
Porto-Vecchio débouchera sur le PADDUC.
Celui-ci
deviendra irrémédiablement fixé comme modèle de développement.
En substance
il apparaît nettement que Porto-Vecchio se dote d’une économie
fragile, déséquilibrée dont les retombées profitent, certes, à
quelques-uns. Il ne s’agit pas d’un système économique performant et
profitable au plus grand nombre s’inscrivant dans la durabilité.
Il
est étonnant que ces aspects de la question ne soient pas apparus
aux rédacteurs de l’express sauf à penser qu’il s’agit coûte que
coûte de valoriser un projet choisi pour la corse dans les méandres
d’un ailleurs politico-économique dont les intérêts sont loin d’être
ceux de la Corse et des Corses.
« Comme
quoi la Corse, de temps à autre, sait adresser au continent de
bonnes nouvelles » écrit en substance
Michel FELTIN.
Propagande,
action psychologique ? Nos pères ou certains d’entre nous ont pu
lire le genre de slogan suivant, à l’entrée des villages en 1960 en
Algérie : « La France c’est le travail ! Ici nous sommes français
nous travaillons ! ». En Corse aujourd’hui c’est plutôt : « Nous
travaillons selon le modèle choisi par la France : celui de
l’assujettissement et de l’échec ! ».
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