Le
3 novembre 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) Ce
matin, quelques minutes après la libération de Jo Peraldi, les
organisations de défense des prisonniers politiques ont tenu une
conférence de presse pour répondre aux communications du Procureur
général de Bastia. Ce dernier, dans une énième tentative de
manipulation de l'opinion publique a tenté de faire croire que le
problème du retour des prisonnier politiques était résolu car le CD
de Borgu est plein.
Les organisations de défense des prisonniers
politiques se sont élevés contre les propos du procureur général et
ont fait de nombreuses propositions pour dégager la place nécessaire
dans les prisons corses pour faire revenir l'ensemble des
prisonniers politiques sans changer aucune loi et sans aucune
nouvelle construction.
De plus, face à ces problèmes de manipulations du
peuple corse, les organisations présentes ont demandé aux médias
corses d'organiser un débat entre un représentant des organisations
de défense des prisonniers politiques et le procureur général de
Bastia.
Nous attendons avec impatience sa réponse...
Voici le texte de la conférence de presse
Jeudi
dernier, alors que nous tenions une conférence de presse devant le
commissariat de Bastia pour dénoncer l’acharnement policier contre
l’un de nos militants, le Procureur Général de Bastia communiquait
sur le rapprochement des détenus corses. Le Parquet communique
beaucoup depuis que l’opinion publique corse s’est clairement
exprimée en faveur du retour des prisonniers, notamment à travers
les Conseils municipaux qui en grande majorité ont délibéré en ce
sens. Ces communications du Parquet n’ont qu’un but, celui de
manipuler l’opinion publique et lui faire croire que l’Etat français
fait tout ce qu’il peut pour appliquer ces propres lois et
rapprocher les prisonniers, alors qu’on utilise tout les systèmes
possibles et imaginables pour ne pas faire rentrer en Corse les
prisonniers qui en ont le plus besoin, les longues peines ou les
prisonniers qui ont des problèmes de santé. Nous notons que cette
dernière communication du parquet intervient trois semaines après
les derniers transfèrements de prisonniers, et opportunément
quelques minutes après une de nos conférences de presse, comme si
l’on cherchait à nous empêcher de communiquer sur le sujet.
La
réalité est simple. On nous annonce à chaque communiqué, chiffre à
l’appui que l’on a fait le maximum, mais que maintenant, on ne peut
plus rien faire car le Centre de Détention de Borgu est plein. Les
chiffres sont impressionnants. Mais derrière ces chiffres se cache
une triste réalité : les seuls prisonniers politiques qui rentrent
sont conditionnables ou pratiquement, et dans tous les cas, on fait
rentrer systématiquement le prisonnier le plus proche de la fin de
sa peine. Nous avons même un prisonnier politique qui est rentré en
Corse après 8 années de détention en France, pour passer 3 semaines
à Borgu ! Bien évidemment, ce prisonnier entre dans les statistiques
de l’Etat français sur le rapprochement.
Et
pendant ce temps, on ne transfert jamais les longues peines, jamais
les « perpétuités », les « 28 ans » ou les « 25 ans », qui pourtant
sont ceux qui en ont le plus besoin. On remplit également le CD en y
mettant des détenus de droit commun qui n’ont qu’un lointain rapport
avec la Corse. Alors que le rapprochement s’opère au titre de la
proximité avec la famille, il y a actuellement des détenus qui n’ont
pas de parloir, tout simplement parce que leur famille proche
n’habite pas en Corse, de même qu’eux n’habitaient pas sur l’île
avant leur incarcération. Mais cela permet de remplir le CD et de
dire qu’on ne peut plus transférer nos prisonniers.
S’il
est vrai qu’à l’heure actuelle, il n’y a qu’une cellule de vide au
CD de Borgu, nous avons des propositions pour remédier à cela, sans
changer aucune loi et sans construction nouvelle.
Nos propositions
Ø
Nous
proposons d’utiliser le « pénitencier » de Casabianda (dans
lequel de nombreuses cellules sont vides), non pas pour y transférer
des longues peines, mais pour gagner des places au CD de Borgu. Il
faut tout d’abord savoir que le pénitencier de Casabianda est un CD
officiellement comme les autres. Et ce n’est pas un CD uniquement
réservé aux délinquants sexuels, contrairement à ce que l’on
pourrait croire, même s’ils y sont majoritaires. Il n’y a, d’après
le procureur général de Bastia lui-même, « que » 80 % de délinquants
sexuels et donc 20 % de condamnés pour d’autres raisons. On pourrait
envisager de transférer par exemple (avec leur accord) les détenus
de droit commun et les prisonniers politiques du CD de Borgu qui
bénéficient déjà de permissions de sortir et qui n’ont plus intérêt
à s’évader. Rien dans les textes de loi en vigueur ne s’y oppose.
D’ailleurs, dans de très rares cas, cela s’est déjà produit, preuve
s’il en était besoin que cette proposition n’entre pas en
contradiction avec les lois existantes.
Ø
Nous
proposons également de transférer immédiatement les prisonniers
politiques incarcérés en France vers la maison d’arrêt de Borgu
(dont de nombreuses cellules sont vides à quelques mètres du CD de
Borgu qui est plein) en attendant que des places se libèrent au CD
de Borgu. C’est techniquement possible et rien dans la loi ne
s’oppose à ce que ces prisonniers soient en maison d’arrêt à titre
transitoire en attendant que des places se libèrent en CD, ou même
pour ce qui concerne les prisonniers politiques en détention
préventive. Nous avons actuellement des prisonniers qui attendent
leur transfèrement dans les maisons d’arrêt de la région parisienne.
Ø
Il
existe au CD de Borgu une unité de semi-liberté d’une
capacité de 10 cellules. Nous proposons que cette unité soit
transférée à Casabianda, en accord avec le Juge d’Application des
Peines pour qu’il laisse le temps aux détenus de faire le trajet
jusqu’à Aleria après leur journée de travail. Rien ne s’y oppose
dans les lois actuellement en vigueur et cette mesure est applicable
immédiatement sans aucun aménagement.
Ø
Pour
mettre en place une réelle politique de retour des prisonniers
politiques, pour que l’on applique enfin les lois communes pour les
nôtres, pour répondre à une revendication partagée par l’immense
majorité des Corses, et pour tenir enfin les promesses
ministérielles et présidentielles faites depuis 2002, nous
renouvelons notre demande de rencontre avec une personne
chargée de ce problème au ministère de la Justice ou à l’Elysée
comme le préfet Corbin de Mangou qui avait lui-même pris contact
téléphonique avec le CAR au mois de novembre de l’année dernière.
Ø
Aujourd’hui, à notre grande joie, un prisonnier politique vient
sortir de Borgu en liberté conditionnelle, après 8 ans et demi
d’incarcération, c'est-à-dire qu’il a pu sortir de prison depuis un
an si on lui avait appliqué les lois communes, mais non seulement
cela n’a pas été le cas, mais en plus le Parquet avait fait appel de
sa libération prononcée par le Juge de l’Application des Peines.
Nous exigeons que sa cellule soit attribuée à un autre
prisonnier politique. Si tel ne devait pas être le cas, nous
considérerions cela comme un outrage fait aux familles de nos
prisonniers, et nous mènerions alors des actions publiques en
conséquence.
Le débat
Nous
tenons également à faire une autre proposition qui s’adresse
directement à chacun des médias corses :
Afin
que l’opinion publique puisse juger d’elle-même la situation
actuelle, nous vous proposons d’organiser un débat sur le
rapprochement des prisonniers, en direct sur vos ondes, entre le
Procureur général de Bastia et l’un des représentants des
organisations de défense des prisonniers politiques. Ce débat
pourrait être organisé soit par chacun des médias, soit pour tous
les médias (RCFM, Alta Frequenza et France 3 Corse) en même temps.
Ainsi, le peuple corse pourra de lui-même se faire une idée plus
précise de la situation.
Pour
notre part, nous acceptons bien évidemment de relever le défi. Nous
vous invitons à aller poser directement la question au Procureur
général de Bastia, et à médiatiser sa réponse. Si le Procureur
général devait refuser le débat, cela serait de sa part un aveu de
culpabilité et une manière de reconnaître officiellement aux yeux de
l’opinion publique que les communications à outrance du Parquet sur
la question ne sont que des tentatives de manipulation de l’opinion
publique.
Dans
ce cas, nous vous demanderions de programmer des émissions sur ce
sujet afin que nous puissions expliquer la situation actuelle à
notre peuple.
Conclusion
Il y a
actuellement 67 prisonniers politiques dont 22 sont condamnés
définitivement et 45 sont en détention préventive. Sur ces 67
prisonniers, seulement 7 sont incarcérés en Corse…
Alors
que nous venons de le démontrer, il y a largement la place pour
faire revenir en Corse TOUS nos prisonniers politiques qui sont
actuellement incarcérés en France. Il ne manque que la volonté
politique de l’Etat français. Et tant que le retour des prisonniers
politiques ne sera pas mis en place, nous serons dans la rue pour
faire savoir à l’opinion publique corse qu’on la trompe !
Aiutu Patriottu
Cuscenza Viva
Cumitatu contr’à A Ripressione
Dossier
:
Répression/Rapprochement
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