Le
25 novembre 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
"Hunger" revisite le martyr carcéral de Bobby Sands.
Le dernier film du réalisateur britannique Steve McQueen, qui sort
le 26 novembre en France, retrace la résistance politique d'un
membre de l'IRA dans la terrible prison de Maze en 1981. Un théâtre
brutal et nauséabond, où des prisonniers consentent à tous les
sacrifices pour se faire entendre, raconte The Observer
La
scène qui prend le plus aux tripes dans Hunger [La faim], le film
austère que Steve McQueen a réalisé sur le martyr de l'IRA Bobby
Sands, montre un groupe de prisonniers nus obligés de passer au
milieu d'un groupe de gardiens de prison en tenue antiémeute qui
leur tapent dessus à coups de matraque. Quand McQueen parle de cette
scène, il se passe quelque chose chez lui. Il devient tout d'un coup
volubile, agité au point de bafouiller. "On a dû faire cinq prises",
raconte-t-il en secouant furieusement la tête comme pour extirper ce
souvenir de sa conscience. "Et, à chaque fois, les acteurs prenaient
vraiment des coups de matraque parce que, ben, il n'y avait vraiment
pas d'autre moyen pour que ça ait l'air convaincant. A un moment,
j'ai regardé l'écran de contrôle, ce que je fais rarement, et ce que
j'ai vu est tout d'un coup devenu la réalité. C'était la réalité.
C'était pas du cinéma. Pas du faux. La réalité. J'ai bondi et je me
suis mis crier : 'Non ! Non ! Coupez ! Faut qu'on arrête. Coupez,
mais coupez ! Arrêtez-moi ça tout de suite !'" Pourquoi cette scène
l'a-t-elle tellement affecté ? "Vous ne comprenez pas ? C'était la
réalité. Et c'était affreux. On pouvait sentir la brutalité de ce
que les prisonniers devaient subir. C'était un aperçu de l'horrible
réalité des H Blocks [surnom du secteur de la prison de Maze où
étaient détenus les membres de l'IRA]. C'était comme si on avait
franchi une ligne et qu'on se retrouvait tout d'un coup à danser
avec des fantômes."
Hunger, en dépit ou peut-être à cause de sa pureté formelle, est un
film dérangeant et danse effectivement avec des fantômes. Il vous
emmène à l'intérieur de l'un des tristement célèbres blocs H de la
prison de Maze. Et on y reste tout le temps, quelques brefs
intermèdes mis à part. Le film fait appel à la structure en trois
actes de la tragédie grecque. La première partie évoque l'atmosphère
claustrale et violente qui règne dans le bloc pendant la grève de la
propreté qui a mené à la grève de la faim. Le deuxième acte est un
long espace de respiration qui prend la forme d'une discussion de
vingt-deux minutes entre Sands et un prêtre sur la moralité du refus
de s'alimenter. Le troisième acte décrit les soixante-six jours de
déchéance physique puis la mort de Sands.
Certains
pourraient avancer que Hunger n'aborde jamais le contexte plus large
des Troubles [nom donné au conflit qui a opposé nationalistes
catholiques et unionistes protestants en Irlande du Nord de 1969 à
la fin des années 1990], ni les assassinats et les atrocités
commises au nom de l'indépendance. Il présume de la part du public
un niveau de connaissance que le cinéma contemporain ose rarement
exiger – ce qui est à la fois une force et une limite. "Je suis un
artiste. Je n'ai pas de réponse aux grands problèmes politiques",
déclare McQueen. Le contexte historique, qui n'est jamais exposé,
est la grève de la faim menée par les détenus de l'IRA en 1981 et la
grève de l'hygiène qui l'a précédée dans le but d'obtenir un statut
spécial. L'IRA exigeait, entre autres, que ses membres condamnés
soient autorisés à porter leurs vêtements au lieu de l'uniforme de
prisonnier et à ne pas travailler.
Les
"hommes couvertures", comme on finit par les appeler, menèrent une
longue campagne de résistance passive : ils refusèrent de porter
l'uniforme des prisonniers, de se laver, de vider les tinettes et
étalèrent leurs excréments sur les murs et la porte de leur cellule.
Leurs revendications ne furent pas entendues par Margaret Thatcher.
"Ce qui m'a amené à ce sujet, c'est l'idée de ce qu'un individu est
capable de faire uniquement pour être entendu", confie McQueen. "Je
me souviens, quand j'étais petit, avoir vu la photo de Bobby Sands
tous les soirs aux informations avec un numéro en dessous. J'ai
appris plus tard que c'était le nombre de jours qu'il avait passés
sans manger. Ça m'est resté, quelque part. Les gens disent : 'Ah,
c'est un film politique', mais pour moi c'est surtout un film sur ce
dont nous, les humains, sommes capables moralement, physiquement,
psychologiquement. Ce que nous sommes prêts à infliger et ce que
nous pouvons subir."
(source mail/info http://www.liberez-les.info/)
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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