Le
27 novembre 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
une descente de police dans un lycée du Gers…
Le témoignage a été diffusé sur France inter. (source
article 1)
Je fais cours quand, tout à coup, sans prévenir, font
irruption dans le lieu clos de mon travail quatre gendarmes décidés,
accompagnés d’un maître-chien affublé de son animal. Personne ne dit
bonjour, personne ne se présente. Sans préambule, le chien est lancé
à travers la classe. Les élèves sont extrêmement surpris. Je pose
des questions aux intrus, demande comment une telle démarche en ce
lieu est possible. On ne me répond pas, j’insiste, on me fait
comprendre qu’il vaut mieux que je me taise. Les jeunes sont
choqués, l’ambiance est lourde, menaçante, j’ouvre une fenêtre qu’un
gendarme, sans rien dire, referme immédiatement, péremptoirement. Le
chien court partout, mord le sac d’un jeune à qui l’on demande de
sortir, le chien bave sur les jambes d’un autre terrorisé, sur des
casquettes, sur des vêtements. La bête semble détecter un produit
suspect dans une poche, et là encore on demande à l’élève de sortir.
Je veux intervenir une nouvelle fois, on m’impose le silence. Des
sacs sont vidés dans le couloir, on fait ouvrir les portefeuilles,
des allusions d’une ironie douteuse fusent. Ces intrusions auront
lieu dans plus de dix classes et dureront plus d’une heure. Une
trentaine d’élèves suspects sont envoyés dans une salle pour
compléter la fouille. Certains sont obligés de se déchausser et
d’enlever leurs chaussettes, l’un d’eux se retrouve en caleçon.
Parmi les jeunes, il y a des mineurs. Dans une classe de BTS, le
chien fait voler un sac, l’élève en ressort un ordinateur endommagé,
on lui dit en riant qu’il peut toujours porter plainte. Ailleurs
(atelier de menuiserie-charpente), on aligne les élèves devant le
tableau. Aux dires des jeunes et du prof, le maître-chien lance : « Si
vous bougez, il vous bouffe une artère et vous vous retrouvez à
l’hosto ! » Il y a des allées et venues incessantes dans les
couloirs, une grande agitation, je vois un gendarme en poste devant
les classes. J’apprendrais par la suite qu’aucun événement
particulier dans l’établissement ne justifiait une telle descente.
La stupeur, l’effroi ont gagné les élèves. On leur dira le
lendemain, dans les jours qui suivent qu’ils dramatisent.
Ils m’interrogent une
fois la troupe partie, je ne sais que dire, je reste sans voix.
Aucune explication de la direction pour le moins très complaisante.
Je comprends comment des gens ont pu jadis se laisser rafler et
conduire à l’abattoir sans réagir : l’effet surprise laisse sans
voix, l’effet surprise, indispensable pour mener à bien une action
efficace, scie les jambes. Ensuite, dans la journée, je m’étonne de
ne lire l’indignation que sur le visage de quelques collègues. On se
sent un peu seul au bout du compte. Certains ont même trouvé
l’intervention normale, d’autres souhaitable. Je me dis qu’en
cinquante ans (dont vingt comme prof), je n’ai jamais vu ça. Que les
choses empirent ces derniers temps, que des territoires jusque là
protégés subissent l’assaut d’une idéologie dure. Ce qui m’a frappé,
au-delà de l’aspect légal ou illégal de la démarche, c’est
l’attitude des gendarmes : impolis, désagréables, menaçants,
ironiques, agressifs, méprisants, sortant d’une classe de BTS
froid-climatisation en disant : « Salut les filles ! »
alors que, bien sûr il n’y a que des garçons, les félicitant d’avoir
bien « caché leur came et abusé leur chien ». A
vrai dire des marlous, de vrais durs n’auraient pas agi autrement.
C’est en France, dans une école, en 2008. Je me dis que ces gens-là,
les gendarmes, devraient accompagner les gens, les soutenir, qu’ils
devraient être des guides lucides et conscients. Au lieu de ça,
investis d’un drôle de pouvoir, ils débarquent, on dirait des
cow-boys, et terrorisent les jeunes.
Un professeur qui ne
manque jamais de faire contre la drogue une prévention qu’il juge
intelligente.
Après vérification,
cette descente s’est bel et bien produite, comme le
confirme La dépêche du Midi.
L’enseignant qui témoigne ci-dessus juge-t-il la direction "très
complaisante" ? Et pour cause : "Bernard Vilotte,
le directeur du CFA, avoue sans détour être à l’origine de cette
initiative à portée pédagogique", précise l’article. La
pédagogie est la science de l’éducation... Est-ce ainsi que l’on
éduque, avec une telle brutalité ? On retrouve bien là les
conceptions rétrogrades des adeptes du tout-répressif, qui ne règle
rien mais fait de la mousse, dont se régalent les populistes au
front bas. Les seize gendarmes ayant participé à l’opération ont
trouvé ce qu’ils venaient chercher : de la drogue. 39 grammes de
haschich, dont 32 sur un seul élève, les 7 autres grammes se
répartissant entre trois autres. Pour résumer, outre trois petits
consommateurs, les autorités ont réussi à pincer un dealer de
haschich. Au prix du contrôle traumatisant de 274 élèves, perpétré
en plein coeur de leur établissement scolaire.
Nous avons retrouvé
une partie du témoignage publié ci-dessus dans un article de
L’Expresso, désormais dissimulé
dans le cache de Google. Il
nous enseigne la position sur cette affaire du syndicat d’enseignant
FSU, dénonçant "la volonté d’humilier de jeunes gens",
"le manque de professionnalisme" des gendarmes
et interrogeant : "Où est la vertu d’une telle
intervention ?" Nous ne pouvons que nous associer à leur
préoccupation. D’autant que ce type d’opération se déroule également
dans les collèges - établissements scolaires fréquentés par des
élèves plus jeunes encore. Nous en trouvons la trace par exemple à
Limoux en mars 2006,
où "aucune saisie d’un quelconque produit stupéfiant
n’a été réalisée", ou encore
le 7 octobre dernier,
toujours à Limoux. Bilan de cette dernière intervention : "Une
très faible quantité de cannabis sera saisie". Ter repetita au
collège de Marciac (dans le département du Gers, comme pour Auch) la
semaine dernière : "Ma fille (13 ans) inscrite en
quatrième m’a dit que des gendarmes avaient fait irruption dans leur
cours demandant aux élèves de mettre leurs sacs bien en vue dans la
rangée sans toucher à quoi que ce soit dedans. Ils ont ensuite
demandé à chacun de poser leurs mains bien en vue sur les tables et
de ne surtout pas bouger à cause du chien qui pouvait être
dangereux. Le chien est ensuite passé dans les rangées pour renifler
les sacs. Seule chose amusante, c’est qu’il s’est excité sur le sac
d’une petite fille qui contenait des gâteaux et des bonbons. Mais
chose tracassante, la petite fille a été obligée de vider tout son
cartable devant la classe et s’est sentie fort humiliée, car la
démarche même de ses gendarmes l’ont faite se sentir coupable de
quelque chose. C’est minable et déplorable. Et ce qui l’est le plus
c’est que je pense que l’on va de plus en plus assister à ce genre
de pratiques dictatoriales", nous écrit une enseignante qui
signe Nanette. Nous avons alors joint le principal du collège de
Marciac, qui a voulu minorer l’affaire : "Nous
menons des actions de prévention avec différents partenaires et la
gendarmerie est l’un d’entre eux", nous a-t-il expliqué. Voilà
qui sonne comme une interprétation toute sarkoziste du mot "prévention",
alors qu’il s’agit en réalité de répression. "Ce
n’était pas une descente, le terme est impropre", a-t-il
poursuivi. Foin de ces pudeurs de vocabulaire, nous maintenons le
mot. "Certes, c’est quelque chose d’assez
impressionnant, je le reconnais, a-t-il admis. S’il y a des
dérapages, ils doivent être signalés. Mais il s’agit d’une procédure
normale qui existe dans les établissements scolaires. Je suis
surpris par les proportions que ça prend. Je ne vois pas pourquoi on
monterait en épingle ce qui n’a pas lieu de l’être".
En raccrochant, un
brin nauséeux, nous songions que le pire était peut-être justement
que ce principal ne voyait pas en quoi il faudrait s’insurger face à
ce genre de procédés. Dans les écoles de France aujourd’hui, quand
la police ne vient pas arrêter des enfants ou des parents
sans-papiers, ce sont les gendarmes qui se livrent à des opérations
coups de poing pour traquer les jeunes consommateurs de drogues
douces. Ne voit-on pas cette tendance de flicage généralisé à
outrance qu’impose à notre société les néo-conservateurs de l’UMP ?
Jusque dans les établissements scolaires, qui devraient rester des
sanctuaires, nous semble-t-il en conscience. Mais cette conscience,
que nous invoquions à l’instant, paraît dépassée au regard des
pratiques en vogue en Sarkozie. Et il semble bien que la répression
ne connaisse aujourd’hui plus aucune limite
Autre
témoignage d'une seconde descente de police dans un collège en
France : une fille, Zoé, 13 ans- de retour du collège de
Marciac. Elle raconte son mercredi au collège… Voici donc son
témoignage, avec ses mots à elle :
« Il
nous l’avait dit, le CPE, que des gendarmes allaient venir nous
faire une prévention pour les 4ème et les 3ème.
Ce mercredi là (19/11/2008), toutes les classes sont entrées en
cours comme à leur habitude, en suivant les profs.
A peine 10 minutes plus tard - nous étions assis-, deux gendarmes
faisaient déjà le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui
nous étions, les regardait en nous disant « Ils font leur ronde!?? »
. Elle n’était à priori au courant de rien bien sûr. Soudain , la
porte s’est ouverte, laissant entrer deux gendarmes… Enfin non, pas
exactement!!! Il y avait un monsieur chauve habillé en militaire (
le dresseur de chien en fait!) et un gendarme très gros.
Le chauve nous a dit: « Nous
allons faire entrer un chien! Mettez vos mains sur les tables,
restez droit, ne le regardez pas! Quand il mord, ça pique! »
Enfin il a dit ça, à peu près… Je me rappelle surtout du « Quand il
mord, ça pique! »
Après, il est sorti deux minutes
et est revenu avec deux autres gendarmes et le chien. Les gendarmes
se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le
dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien s’appelait
Bigo. Bigo s’est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant
tout ce qui dépassait. Quand à la prof, elle restait derrière son
bureau bouche bée.
Le chien s’est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le
dresseur a claqué des doigts en disant: « Sortez mademoiselle, avec
toutes vos affaires! » Elle a rangé son sac, s’est levée et s’est
apprêtée à sortir mais le dresseur l’a repris vite: « Et ton
manteau! » Elle a rougi et emporté aussi son blouson.
Plusieurs personnes de la classe
sont ainsi sorties. Le chien vient alors sentir mon sac. Voyant que
le chien ne scotchait pas, que rien ne le retenait là, le dresseur
lui a fait sentir mon corps avant de s’empresser de me faire sortir.
Dehors m’attendait une petite troupe de gendarmes… Enfin, non, pas
dehors: nous étions entre deux salles de classe.
Me voyant arriver, ils se dépêchèrent de finir de fouiller une autre
fille. Mon amie était déjà retournée dans la classe. Quand ils
eurent fini, ils s’emparèrent de mon sac et le vidèrent sur le sol.
Un gendarme me fit vider les poches du devant de mon sac. Il vérifia
après moi. Je n’étais pas la seule élève. Avec moi, il y avait une
autre fille qui se faisait fouiller les poches par une gendarme.
Ils étaient deux gendarmes hommes à la regarder faire. Le Gendarme
qui fouillait mon sac vida ma trousse, dévissa mes stylos, mes
surligneurs et cherchait dans mes doublures.
La fille qui était là fouillée elle aussi, se fit interroger sur les
personnes qui l’entouraient chez elle. Elle assurait que personne ne
fumait dans son entourage. Ils la firent rentrer en classe.
C’était à mon tour! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le
regards des deux autres gendarmes…..
Je décris: Un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le
surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait
et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste,
elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de
pantalon. Elle cherche dans mes chaussettes et mes chaussures. Le
gars qui nous regardait, dit à l’intention de l’autre gendarme: «
On dirait qu’elle n’a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très
bien vérifier! On ne sait jamais… » Ils ont souri et la fouilleuse
chercha de plus belle! Elle cherche dans les replis de mon pantalon,
dans les doublures de mon tee shirt sans bien sûr rien trouver. Elle
fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma
culotte! Les gendarmes n’exprimèrent aucune surprise face à ce geste
mais ce ne fut pas mon cas!!!!!!
Je dis à l’intention de tous «
C’est bon arrêtez, je n’ai rien!!!! »
La fouilleuse s’est arrêtée, j’ai remis mon sweat et mon fouilleur
de sac m’a dit: « tu peux ranger! ».
J’ai rebouché mes stylos et remis
le tout dans mon sac et suis repartie en classe après avoir donner
le nom du village où j’habite.
De retour en classe, la prof m’a demandé ce qu’ils ont fait. Je lui
ai répondu qu’ils nous avaient fouillé. Je me suis assise et j’ai eu
du mal à me consacrer au math!
Tout ça c’est ce que j’ai vécu
mais mon amie dans la classe à coté m’a aussi raconté.
Le chien s’est acharné sur son sac à elle et elle a eu le droit au
même traitement. Mais ses affaires sentaient, alors ils l’ont
carrément emmené à l’internat où nous dormons. Le chien s’est
acharné sur toutes ses affaires m’a t-elle dit. Le gendarme lui a
demandé si elle connaissait des fumeurs de hash, vue qu’ils ne
trouvaient rien. Elle leur a simplement répondu que le WE dernier
elle a assisté à un concert!
Le CPE l’a ramené ensuite au collège et elle m’a raconté.
Après les cours, le principal a
rassemblé tous les élèves et nous a dit que bientôt allait avoir
lieu une prévention pour tout le monde.
Une prévention? Avec des chiens?
Armés comme aujourd’hui?
Une élève de 4ème nous a dit que
le chien s’est jeté sur son sac car il y avait à manger dedans. Elle
a eu très peur.
Les profs ne nous en ont pas reparlé….Ils avaient l’air aussi
surpris que nous!
Tous les élèves de 3ème & 4ème ont du se poser la même question: Que
se passe t il?
Et tous les 6ème et 5ème aussi même si ils n’ont pas été directement
concernés! »
Zoé.D.R
“Quand ils sont
venus chercher les communistes,
je n’ai rien dit, je
n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus
chercher les syndicalistes,
je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus
chercher les juifs,
je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus
chercher les catholiques,
je n’ai rien dit, j’étais protestant.
Puis ils sont venus me
chercher.
Et il ne restait personne
pour protester…”
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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