Le
4 octobre 2008 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
A Manca Naziunale a tenue sa conférence de
presse de rentrée, samedi à Bastia.
Voici
l'intégralité du texte :
Actuellement,
les Corses ont à subir une politique générale d’agression sociale
d’une violence jusqu’alors inégalée. La crise qui frappe l’ensemble
de la planète, produisant de ce fait de graves retombées dans notre
pays, est la crise de tout un système, la crise d’une économie
spéculative et financière coupée de tout rapport à la réalité
productive, celle d’un capitalisme débridé des grands groupes et
multinationales. Ce capitalisme hostile au monde du travail, celui
dont Sarkosy et l’UMP se sont fait les partisans les plus fidèles.
En Corse cela se traduit :
- Par un Plan
d’Aménagement et de Développement dit « Durable » que l’on tente de
nous imposer sans aucune consultation démocratique. La perspective
d’un choix de développement catastrophique est
imposée à la Corse et aux Corses par une majorité qui n’a de cesse
de défendre les intérêts d’une poignée de fortunés.
Non content de consacrer
comme objectif prioritaire la pratique du « totali-tourisme
» et de ses méfaits induits, le PADDUC opère une
privatisation massive au profit des intérêts directs d’une
partie de ses promoteurs, comme l’a révélé preuve à l’appui le
journaliste Enrico Porsia de la rédaction d’Amnistia.net.
Ce PADDUC procède aussi au déclassement massif des terres
agricoles qui constituent pourtant la richesse de notre
terre, dépossédant le peuple corse d’un outil de production
stratégique.
Dans ce PADDUC que nous
rejetons avec la plus grande fermeté ( comme l’immense majorité des
corses ), la spéculation s’impose à tous les
secteurs d’activité : nos espaces naturels collectifs (mer,
montagne), nos ressources (eau, énergie..), nos moyens de transports
et de communication font l’objet d’une véritable mise en coupe
réglée réalisée par la coalition d’intérêts privés.
Les
représentants de l’Etat à toutes les échelles et les grandes
entreprises dont ils défendent les intérêts objectifs, poursuivent
leur politique de démantèlement organisé des services
publics socialement utiles, que ce soit dans le secteur de
la Poste, de la santé, des transports ou dans l’Education. Au nom de
la rentabilité, ce sont de dramatiques restrictions
budgétaires qui permettent de réaliser des coupes claires
dans les domaines d’activités essentiels à la vie. Quelques exemples
:
- Dans le secteur
stratégique de la santé, s’opère actuellement une diminution imposée
du volume des évacuations sanitaires pour des questions de
basse gestion comptable.
- A l’heure où les
déclassements des bureaux de poste de plein exercice frappent une
vingtaine de localités dans l’intérieur, comme le prévoit le projet
TERRAIN mis en œuvre depuis 2005, la Direction de la Poste ne cesse
de distiller mensonges et désinformation
s’auto-satisfaisant publiquement de ses 194 points de contact,
cache-misère d’une privatisation programmée.
- Dans le même temps, la
privatisation des transports publics s’accélère,
faisant peser de réelles menaces sur la compagnie aérienne régionale
et la perspective de réduire le service public des transports à un
service minimum en dehors de la saison touristique. Ainsi, par
exemple, le positionnement de la compagnie low cost « Easy Jet » en
Corse participe à la dégradation des conditions de vie et de
travail puisque l’exacerbation de la concurrence qu’il
implique constitue une menace pour le maintien en place des
personnels de la CCM, premières victimes des politiques de
réductions des coûts salariaux et autres restructurations
prévisibles.
- A l’heure où quarante postes
d’enseignants se voient supprimés dans l’Académie de Corse, le
Recteur, à travers sa communication de rentrée, ignore la
dégradation des conditions de travail au sein du système éducatif.
Dans la réalité , les enseignants sont confrontés dans bien des
localités à des classes surchargées, à des
personnels d’encadrement et autres assistants d’éducation précaires
ou en voie de précarisation, à des programmes
remodelés et rognant toujours davantage sur la culture.
- A L’heure où la cherté
de la vie et les écarts de richesses atteignent des records
en Corse, on assiste à des alliances contre nature entre le
patronat de la grande distribution et une minorité de commerçants
individualistes. Ces intérêts privés tentent de s’opposer aux
réponses concrètes du monde du travail, qui a commencé à s’auto
organiser (cf. Marché des producteurs sur Aiacciu ).
Quelle alternative
construire pour le Peuple corse ?
Dans un tel
contexte de régression, à l’heure où se creusent dramatiquement les
écarts sociaux, une politique alternative de rupture
doit être mise en œuvre. On ne peut se contenter de miser comme
d’aucuns sur des transferts de compétences à la collectivité
territoriale qui ne s’accompagnent évidemment pas de l’octroi des
moyens financiers adaptés.
La véritable opposition idéologique réside dans les choix de
société : soit le maintien d’un système basé sur les
inégalités, soit un système ou les solidarités s’opèrent en plaçant
l’homme au centre des préoccupations.
La Corse que nous voulons, c’est une Corse plurielle et
démocratique, débarrassée des mécanismes d’exploitation, où
la production et les services publics socialement utiles
composeraient les deux facettes d’une économie solidaire.
A Manca Naziunale se prononce clairement pour la levée des
tutelles de toute nature en vue de la mise en œuvre d’un
droit à l’autodétermination. Ce droit démocratique
universel qui s’impose, car il n’y a pas d’autres choix possible
pour notre survie collective. En effet, seule la maîtrise d’un
pouvoir législatif régional peut rendre possible
des politiques conformes aux intérêts de l’immense majorité du
Peuple corse, le monde du travail.
Investis d’un véritable pouvoir politique qui ne serait plus un
hochet offert à des clanistes, les représentants du peuple corse
doivent pouvoir rejeter dans l’enceinte même de l’assemblée une
politique économique désintégrant l’unité du territoire et faisant
voler en éclat la complémentarité entre littoral et intérieur,
caractéristique fondamentale de notre terre. Une politique
conforme aux intérêts du monde du travail se doit tout
d’abord de valoriser une économie productive, dans
le cadre d’une valorisation de l’agriculture et des savoir-faire
corses, que ce soit au niveau de l’artisanat ou de petites
industries non polluantes.
Concrètement, il s’agit de réduire par exemple le nombre des
intermédiaires entre producteurs et consommateurs, intermédiaires
qui s’enrichissent aux dépens de ces deux catégories. La stratégie
de développement doit aussi favoriser le domaine agricole, en
plaçant au cœur du projet de société corse, la maîtrise par
les producteurs de leurs outils de travail ainsi que de
leurs choix de productions économiques. C’est là une priorité à la
fois économique et culturelle, au nom des valeurs que nous
défendons.
Mener une politique de radicalité au service du peuple corse
et du monde du travail, c’est aussi concrètement réaliser
l’indexation des salaires sur le coût réel de la
vie. Selon la même logique, les profits importants accumulés par les
grands groupes de l’agroalimentaire par exemple, doivent faire
l’objet d’une taxation en vue de permettre une
distribution plus équitable des richesses. Une politique conforme
aux intérêts stratégiques et aux droits démocratiques du peuple
corse doit pouvoir permette de défendre les services publics
socialement utiles (Santé, Education, Eau, Energie, Transports), y
compris à travers des systèmes d’économie mixte
placés sous contrôle démocratique.
La Corse doit également affirmer son identité sur la scène
internationale en préservant sa culture de la normalisation
française d’essence réactionnaire et en mettant en place une
véritable diplomatie méditerranéenne et internationale.
Nous sommes parfaitement conscients que la mise en œuvre de tels
facteurs de disparitions des inégalités sociales ne peut se faire
sans lutte préalable, comme l’ont démontré les luttes de ces
derniers mois ( Géant Casino, Kyrnolia,etc…).
Une autre Corse verrait alors le jour, une Corse où après la
conquête des leviers démocratiques d’un véritable pouvoir par les
mobilisations populaires se réaliserait dans les faits un projet
politique de rupture avec les mécanismes d’exploitations et de
dominations. A Manca Naziunale entend tout faire pour
chasser la droite du pouvoir. A ce titre les prochaines
élections européennes permettrons au monde du travail et aux peuples
sans droits de se mobiliser afin de donner une traduction aux lutte
en cours pour une Europe socialiste des peuples et des
travailleurs. C’est en oeuvrant à son renforcement que l’on
donnera des moyens d’existence à un mouvement politique dynamique
ancré à 100 % à gauche.
Manca Naziunale
Source photo :
Manca Naziunale, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Manca Naziunale, Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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