Le
3 avril 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
Sur le blog des peuples en lutte,
un article aborde le développement des Energies Renouvelable que la
CTC se propose d'aider lors d'une session à l'Assemblée.
20 % d’énergies renouvelables, c’est ce que nous
promet la CTC dans les années qui viennent.
Ces énergies dites propres constituent une chance
pour notre île, car si elles sont correctement encadrées elles
pourraient vraisemblablement contribuer à améliorer notre
indépendance énergétique.
Pour cela il
faut définir un cadre, une vision politique du développement
énergétique de manière durable et raisonné. Nous allons voir ici, à
travers l’exemple des centrales photovoltaïques que ce n’est pas
encore le cas. Pire encore, ce marché connait une spéculation
inquiétante.
Vous avez
dit photovoltaïque ?
Les centrales
photovoltaïques produisent de l’énergie par la captation de photons
présents dans la lumière. Ce sont les fameux panneaux solaires. Ces
derniers peuvent être intégrés à une construction (habitations,
bâtiments publics…) ou implantés au sol.
Leur
implantation au sol ne nécessite pas de permis de construire tant
que l’installation ne dépasse pas 12 m de hauteur (ce qui n’est
jamais le cas).Aucune étude d’impact sur la faune et la flore n’est
nécessaire, et aucun cadre ne régit leur implantation, elles peuvent
donc être implantées n’importe où (en haut du Cintu, devant chez
vous, ou au bord de mer, au bord de la route c’est pareil).
La Corse un
nouvel Eldorado ?
EDF a
obligation de racheter l’énergie produite en France a un tarif
indexé sur les tarifs des modes de production plus traditionnels
(nucléaire, thermique, hydraulique...).
En tant que SEI
(systèmes électrique insulaire) la corse a un tarif de rachat
supérieur à la « France continentale ».En effet 1 Kw/h est racheté
0,40 euros en corse contre 0,30 euros
sur le continent français. On parle ici de structure non intégrée au
bâti. Si la structure est intégrée le tarif de rachat est unique :
0,55 euros le Kw/h.
Ce tarif est
révisé tous les ans, mais n’est pas modifiable rétroactivement.
La différence
entre les SEI et le « continent » ne s’arrête pas là, le rachat de
ces kwh est soumis à un plafond annuel, il est de 1800
heures pour les SEI contre 1500 heures
pour la France hexagonale.
Au final
une centrale photovoltaïque installée en Corse est 33% plus rentable
pour son investisseur que la même centrale installée à Marseille.
Ce simple
constat appel deux conséquences directes :
- l’implantation
de structures photovoltaïques sur bâtiment est rendue plus
attractive.
- Les
conditions de rachat créent un engouement particulier pour les
implantations hors structures dans les SEI (Corse, Réunion, Mayotte,
Antilles)
Quelles
conséquences pour la Corse ?
Au premier
abord, cette tarification au profit des SEI peut apparaître comme
une aubaine.
Vous voyez déjà
votre petit morceau de terre au village, avec deux ou trois unités
photovoltaïques dessus et des fins de mois plus rondes…sachez que
ces installations nécessitent un investissement conséquent (de
l’ordre de 2,5 millions d’euros à l’hectare).
Les
implantations au sol se font sur des terrains non constructibles, le
plus souvent sur des terrains agricoles. La raison est simple, le
rendement à l’hectare d’un terrain constructible est supérieur au
rendement à l’hectare d’une structure photovoltaïque. Le
propriétaire d’un terrain constructible préfère donc y créer une
construction plutôt que d’y produire de l’énergie.
Par contre
le rendement des structures photovoltaïque est très
largement supérieur au rendement agricole.
Le tarif de
rachat corse attise les appétits spéculatifs de bons nombres
d’investisseurs français et européens. Car, bien que de plus en plus
inaccessible pour l’autochtone, le foncier corse reste en deçà des
tarifs continentaux.... Résultat, une véritable course au
foncier s’est engagée !
Promesse
de bail ou le verrouillage foncier
Pour
pouvoir établir une structure au sol, il faut un terrain, ce terrain
n’est pas obligatoirement acheté, il peut être loué. Cette location
se fait en deux temps ;
Dans un premier
temps une promesse de bail d’une durée de 3 à 5 ans est signée.
Durant cette période le propriétaire doit laissé un accès total à
son terrain, afin que le bénéficiaire puisse y faire ses études.
Aucune installation n’est mise en place, et aucun loyer n’est versé.
Si le terrain
convient au ,bénéficiaire, celui-ci peut proposer un bail de longue
durée (20 à 30 ans). Le propriétaire cède alors tous ses droits sur
le terrain à son bénéficiaire en contre parti d’un loyer .Le loyer
étant supérieur au rendement d’une exploitation agricole.
Il ne reste alors qu’un seul droit au propriétaire du terrain, celui
de vendre, mais en cas de vente, l’acheteur achète également le
bail.
Aujourd’hui en
Corse, le nombre de promesses de bail dépasse le nombre de projet
réalisable. Un fort pourcentage des personnes ayant signées une
promesse de bail va donc avoir une réponse négative dans les années
qui viennent.
Cette technique
constitue un véritable verrouillage du foncier corse, car celui qui
est maître du foncier sera d’autant plus à même de développer son
activité.
Ces promesses de
bail, permettent aux investisseurs de constituer un dossier et de
demander leur inscription sur les listes de raccordements au réseau
électrique. Ces listes sont dressées selon l’ordre d’arriver et son
définies pour un territoire donné. D’où l’intérêt d’être le plus
rapide possible sur un maximum de liste.
A la lumière
de ces informations, la production d’énergie photovoltaïque ne
risque t elle pas de se faire au détriment de l’agriculture corse?
Nos terres agricoles ne vont-elles plus produire que des champs de
panneaux solaires ?
Quel impact sur
la faune et la flore ? Et quel impact pour le paysage ?
Projet
de Rapale (Nebbiu)
Dans le Nebbiu
c’est une centrale photovoltaïque de 40 hectares (Société allemande
JUWI), soit environ 80 stades de football, qui va voir le jour. Il
s’agira de la plus grande unité photovoltaïque de France.
Le projet va
être soumis au vote de l’assemblée de Corse…vote consultatif
uniquement car, c’est le représentant de l’état en Corse, le préfet,
qui aura le dernier mot.
Dans le Nebbiu,
tout le monde semble satisfait du projet, mais le vote de ce jeudi 3
avril est important, car il risque d’ouvrir la porte à tous les
projets,y compris aux plus douteux.
Il serait temps
que les élus insulaires réfléchissent à une politique énergétique
s’inscrivant dans la durée. Les énergies renouvelables oui, mais pas
à n’importe quel prix.
Il faut en faire
un enjeu d’aménagement du territoire, concevoir les énergies
renouvelables comme un des piliers d’un système de production
d’énergie massivement décentralisé dont certains éléments sont
encore à construire.
Afin d’éviter
les dérives ne faut il pas réglementer l’implantation des centrales
photovoltaïques ? Ne faut il pas réglementer leurs superficies ?
Afin d’éviter de se retrouver avec des dizaines d’hectares de
panneaux solaire disgracieux. Ne faut il pas privilégier une
répartition équitable sur tout le territoire Corse de petites
structures .Evitant ainsi le transport et permettant à chaque
microrégion d’avoir sa propre production.
Ne faut il pas
réglementer le type de terrain, afin que seul les terrains
inutilisés et sans enjeu soient valorisés. Evitant ainsi la perte de
terre agricole nécessaire à notre économie et intrinsèquement lié à
notre culture.
Ne faut il pas
instaurer des gardes fous afin de limiter la spéculation foncière ?
Afin que l’on n’assiste pas, comme dans l’immobilier, à une flambée
des prix des terres non constructibles.
Face à la venue
de spéculateurs étrangers, ne faut il pas privilégier les
entreprises corses, qui à travers une démarche éthique,feront
respecter un cahier des charges correspondant aux attentes et aux
intérêts corses.
Ces entreprises
corses existent, les spéculateurs aussi, il ne manque plus qu’une
volonté politique…
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