Le
17 avril 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
Il y a 4 ans, à Donostia (Saint Sébastien), au Pays
basque, les représentants de différents mouvements de libération et
des membres d’associations de lutte contre la répression se sont
réunis pour parler ensemble de la question des prisons, et pour
initier des actions communes destinées à favoriser l’information et
la solidarité avec les prisonniers politiques partout dans le monde.
Par delà les distances géographiques, les situations
historiques diverses, les conditions de lutte et les objectifs
différents, ces mouvements constataient en effet qu’ils faisaient
face à des ennemis communs, partageant les mêmes méthodes de
répression contre l’expression des aspirations populaires. Parmi ces
méthodes, et au cœur de la violence exercée par les États
impérialistes et leurs représentants régionaux, se trouve l’usage
massif de l’emprisonnement à l’encontre non seulement de
combattants, mais de toutes les formes de lutte et de résistance.
Loin
d’être un outil de régulation sociale, un mal nécessaire, comme elle
est communément présentée, la prison est avant tout, d’une manière
générale, un instrument politique de contrôle et d’asservissement
d’une société. L’évolution récente du nombre de personnes
incarcérées en France en est une illustration : de 2001 à 2007, on
est passé de 47 800 à plus de 61 000, soit plus de 20 %
d’augmentation, et ceci sans compter les milliers de prisonniers
dans les « centres de rétention » créés ou agrandis ces derniers
temps dans le cadre des politiques d’expulsions à l’encontre des
immigrés. Cette augmentation, qui ne suit aucunement celle de la
délinquance ou de la criminalité, résulte directement de l’évolution
des politiques pénales, avec l’application de peines de prison
beaucoup plus fréquentes et de plus longue durée.
Derrière cette évolution, un message destiné à
l’ensemble de la société : toute difficulté, tout conflit, tout
problème social doit se résoudre par la contrainte, la menace, la
violence et la privation de liberté. Aussi, plus qu’un instrument
politique parmi d’autres, la prison est l’outil principal à la
disposition des classes dirigeantes pour façonner les sociétés
modernes, et faire qu’elles soient fondées sur la peur,
l’individualisme et l’isolement plutôt que sur la solidarité, les
projets collectifs et la recherche du bien commun.
Dirigée
contre l’ensemble de la société, et particulièrement contre les plus
pauvres, la prison l’est donc tout naturellement en priorité contre
ceux qui, au sein de cette société, résistent et s’opposent à
l’injustice. L’emprisonnement politique, partout dans le monde,
progresse lorsque progressent la lutte populaire et la remise en
cause des dominations. Il s’accompagne de diverses formes de
persécution : la torture, l’éloignement, la répression physique ou
économique à l’encontre des familles ou des proches, jusqu’à la
simple élimination des prisonniers. Lorsqu’il s’intègre à une
politique de colonisation et d’occupation, il constitue le moyen
d’asphyxier un peuple, de détruire ses forces vives pour tenter
d’obtenir sa soumission. L’exemple de la
Palestine,
où le nombre de personnes passées depuis 40 ans dans les prisons
israéliennes représente plus de 25 % de la population sous
occupation, est particulièrement significatif. Les situations au
Pérou, en Argentine et au Chili à l’encontre du peuple mapuche, au
Kurdistan, mais également tout près de nous au Pays basque ou en
Corse, sont là pour le confirmer.
Aujourd’hui, quatre ans après la Conférence de
Donostia qui institua ce 17 avril Journée internationale de
solidarité avec les prisonniers politiques, force est de constater
que, particulièrement en Europe, la situation des prisonniers
politiques s’est dégradée. Les États européens, si prompts à donner
des leçons de démocratie aux pays du monde avec lesquels ils
entretiennent des relations de domination et d’exploitation, si
disposés même à prendre parfois leurs distances avec le « grand
frère » états-unien lorsque celui-ci foule ouvertement aux pieds les
droits humains les plus élémentaires et l’habeas corpus en
Irak ou à Guantanamo, sont pourtant engagés clairement dans un même
mouvement policier, judiciaire et législatif de réduction des
libertés et de renforcement de l’arbitraire.
L’extension juridique de la notion d’ « association
de malfaiteurs » permettant l’arrestation et la condamnation de
militants sur la seule base de leur participation à des réunions ou
de l’expression de leurs opinions, l’institution de nouvelles lois
permettant de décider rétroactivement l’augmentation de la durée de
la peine d’un prisonnier déjà condamné ou la prolongation
indéterminée d’une détention, l’interdiction de mouvements
politiques sur la seule base de leurs objectifs et l’emprisonnement
de leurs dirigeants et militants… : autant d’exemples qui, en
Espagne, en Italie, en France, montrent une évolution identique. A
cela s’ajoute un acharnement judiciaire renforcé à l’encontre des
militants anti-impérialistes : ex-militants de la Faction armée
rouge ou militants turques en Allemagne, militants d’Action directe
ou réfugiés italiens en France, etc.
Face à cette situation, que faire ?
D’abord,
ce pour quoi nous sommes là ce soir : nous informer, et diffuser
ensuite largement l’information autour de nous, afin de briser le
mur de silence, d’indifférence ou de peur sur lequel comptent les
dominants pour poursuivre et amplifier leur politique de répression
et de criminalisation.
Ensuite, le faire ensemble, dans notre diversité.
Affirmer ensemble notre fraternité avec les luttes des prisonniers
dans le monde. Affirmer ensemble que la répression n’est jamais une
solution et ne pourra jamais annihiler la lutte d’un peuple ni les
aspirations internationales à plus de justice. Affirmer ensemble que
la prison, au même titre que l’esclavage ou la torture, fait partie
des atteintes à la dignité de la personne dont l’humanité doit se
libérer pour construire son avenir. La réunion de ce soir est un
modeste pas dans ce sens. Elle peut constituer le point de départ
d’autres initiatives, rassemblant d’autres associations et
mouvements de lutte, afin de faire mieux entendre notre voix à tous.
Enfin, chacun à notre niveau et selon nos
possibilités, apporter concrètement notre solidarité et notre aide
aux prisonniers et à leurs familles, et lutter ainsi contre
l’isolement dans lequel ils sont maintenus.
Vive la lutte des prisonniers politiques, en
Europe et partout dans le monde !
Journée
internationale des prisonniers politiques
:
Dossier Unità
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
car paris mail, Unità Naziunale
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