Le
17 avril 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte
Internationale) Ce soir, au Centre
international de culture populaire, à Paris, une rencontre a réunie
plus d'une centaine de personnes dans le cadre de la Journée
internationale de solidarité avec les prisonniers politiques.
Pendant plus de quatre heures, les personnes présentes ont pu
entendre les témoignages de plusieurs représentants d'organisations
(Palestiniens, Basques, Corses, Mapuches, Turcs, militants
anti-impérialistes, etc.) luttant contre la répression et pour la
libération de tous les prisonniers politiques. Le CAR était présent
à cette initiative, par le biais de sa section à Paris, et a pu
présenter à la tribune la situation de nos prisonniers politiques,
la demande de rapprochement de ces derniers, la répression
quotidienne de l'état français dans notre pays et le déni de justice
dans les cours spéciales françaises, notamment dans l'affaire d'Yvan
Colonna. L'intervention du CAR s'est terminée par une salutation à
tous les peuples en lutte et à tous les prisonniers en résistance de
part de monde.
Intervention commune pour la soirée du 17 avril -
Journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques
- au CICP - Paris
Il y a 4 ans, à Donostia (Saint Sébastien), au Pays
basque, les représentants de différents mouvements de libération et
des membres d’associations de lutte contre la répression se sont
réunis pour parler ensemble de la
question
des prisons, et pour initier des actions communes destinées à
favoriser l’information et la solidarité avec les prisonniers
politiques. Parmi ces actions, l'institution d'une Journée
internationale de solidarité avec les prisonniers politiques, le 17
avril de chaque année. Si cette date a été choisie, c'est parce
qu'elle est depuis 1975 celle de la Journée du prisonnier politique
palestinien, et que la lutte palestinienne est particulièrement
emblématique. Mais, bien sûr, d'autres dates auraient pu être
choisies, comme le 18 juin, en hommage aux grèves de prisonniers
politiques péruviens réprimées de façon particulièrement horrible en
1986, ou d'autres commémorations de luttes de prisonniers ailleurs
dans le monde.
Par delà les distances géographiques, les situations
historiques diverses, les conditions de lutte et les objectifs
différents, les mouvements de libération constatent en effet qu’ils
font face à des ennemis communs, partageant les mêmes méthodes de
répression contre l’expression des aspirations populaires. Parmi ces
méthodes, et au cœur de la violence exercée par les États
impérialistes et leurs représentants régionaux, se trouve l’usage
massif de l’emprisonnement à l’encontre non seulement de
combattants, mais de toutes les formes de lutte et de résistance.
Loin d’être un outil de régulation sociale, un mal
nécessaire, comme elle est communément présentée, la prison est
avant tout, d’une manière générale, un instrument politique de
contrôle et d’asservissement d’une société.
L’évolution récente du nombre de personnes incarcérées en France en
est une illustration : de 2001 à 2007, on est passé de 47 800 à plus
de 61 000, soit plus de 20 % d’augmentation, et ceci sans compter
les milliers de prisonniers dans les « centres de rétention » créés
ou agrandis ces derniers temps dans le cadre des politiques
d’expulsions à l’encontre des immigrés. Cette augmentation, qui ne
suit aucunement celle de la délinquance ou de la criminalité,
résulte directement de l’évolution des politiques pénales, avec
l’application de peines de prison beaucoup plus fréquentes et de
plus longue durée.
Derrière cette évolution, un message destiné à
l’ensemble de la société : toute difficulté, tout conflit, tout
problème social doit se résoudre par la contrainte, la menace, la
violence et la privation de liberté. Aussi, plus qu’un instrument
politique parmi d’autres, la prison est l’outil principal à la
disposition des classes dirigeantes pour façonner les sociétés
modernes, et faire qu’elles soient fondées sur la peur,
l’individualisme et l’isolement plutôt que sur la solidarité, les
projets collectifs et la recherche du bien commun.
Dirigée contre l’ensemble de la société, et
particulièrement contre les plus pauvres, la prison l’est donc tout
naturellement en priorité contre ceux qui, au sein de cette société,
résistent et s’opposent à l’injustice. L’emprisonnement politique,
partout dans le monde, progresse lorsque progressent la lutte
populaire et la remise en cause des dominations. Il s’accompagne de
diverses formes de persécution : la torture, l’éloignement, la
répression physique ou économique à l’encontre des familles ou des
proches, jusqu’à la simple élimination des prisonniers. Lorsqu’il
s’intègre à une politique de colonisation et d’occupation, il
constitue le moyen d’asphyxier un peuple, de détruire ses forces
vives pour tenter d’obtenir sa soumission. L’exemple de la
Palestine, où le nombre de personnes passées depuis 40 ans dans les
prisons israéliennes représente plus de 25 % de la population sous
occupation, est particulièrement significatif. Les situations au
Pérou, en Argentine et au Chili à l’encontre du peuple mapuche, au
Kurdistan, mais également tout près de nous au Pays basque ou en
Corse, sont là pour le confirmer.
Aujourd’hui, quatre ans après la Conférence de
Donostia, force est de constater que, particulièrement en Europe, la
situation des prisonniers politiques a encore fortement empiré. Les
États européens, si prompts à donner des leçons de démocratie aux
pays du monde avec lesquels ils entretiennent des relations de
domination et d’exploitation, prêts même parfois à prendre du bout
des lèvres leurs distances avec le « grand frère » états-unien
lorsque celui-ci foule ouvertement aux pieds les droits humains les
plus élémentaires et l’habeas corpus en Irak ou à Guantanamo,
sont pourtant engagés clairement dans un même mouvement policier,
judiciaire et législatif de réduction des libertés et de
renforcement de l’arbitraire.
L’extension
juridique de la notion d’ « association de malfaiteurs » permettant
l’arrestation et la condamnation de militants sur la seule base de
leur participation à des réunions ou de l’expression de leurs
opinions, l’institution de nouvelles lois permettant de décider
rétroactivement l’augmentation de la durée de la peine d’un
prisonnier déjà condamné ou la prolongation indéterminée d’une
détention, l’interdiction de mouvements politiques sur la seule base
de leurs objectifs et l’emprisonnement de leurs dirigeants et
militants… : autant d’exemples qui, en Espagne, en Italie, en
France, montrent une évolution identique. A cela s’ajoute un
acharnement judiciaire renforcé à l’encontre des militants
anti-impérialistes : ex-militants de la Faction armée rouge ou
militants turques en Allemagne, militants d’Action directe, Georges
Ibrahim Abdallah ou réfugiés italiens en France, etc.
Face à cette situation, que faire ?
D’abord, ce pour quoi nous sommes là ce soir : nous
informer, et diffuser ensuite largement l’information autour de
nous, afin de briser le mur de silence, d’indifférence ou de peur
sur lequel comptent les dominants pour poursuivre et amplifier leur
politique de répression et de criminalisation.
Ensuite, le faire ensemble, dans notre diversité.
Affirmer ensemble notre fraternité avec les luttes des prisonniers
dans le monde. Affirmer ensemble que la répression n’est jamais une
solution et ne pourra jamais annihiler la lutte d’un peuple ni les
aspirations internationales à plus de justice. Affirmer ensemble que
la prison, au même titre que l’esclavage ou la torture, fait partie
des atteintes à la dignité de la personne dont l’humanité doit se
libérer pour construire son avenir. La réunion de ce soir est un
modeste pas dans ce sens. Elle peut constituer le point de départ
d’autres initiatives, rassemblant d’autres associations et
mouvements de lutte, afin de faire mieux entendre notre voix à tous.
Enfin, chacun à notre niveau et selon nos
possibilités, apporter concrètement notre solidarité et notre aide
aux prisonniers et à leurs familles, et lutter ainsi contre
l’isolement dans lequel ils sont maintenus.
Vive la lutte des prisonniers politiques, en Europe et dans le
monde !
Signatures:
A.G.E.N., Campagne “Palestine 60 ans de
résistance”, Cumitatu contr'à a ripressione (CAR-Corsica), Collectif
pour la libération de Georges Ibrahim Abdhallah, Comité Perou,
Comité de solidarité avec le peuple basque-Paris, Comité Tayad, Ka
Kiñe, Ne Laissons Pas Faire, Secours Rouge.
Journée
internationale des prisonniers politiques
:
Dossier Unità
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
Vos
réactions sur cet article ici :http://forucorsu.unita-naziunale.org/portal.php |