Le
23 avril 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Sulidarità) Dans un
article, Corse Matin du 23 avril 2008 reviens sur le douloureux
problème des familles de prisonniers corses incarcérés en France.
Ils sont 50 connus
mais pas reconnus comme prisonniers « politiques » : ils sont
agriculteur, éleveur, employé, commerçant, comptable, gérant de
société, cuisiner, plombier, antiquaire, sapeur pompier... Tous
derrière les barreaux, le regard fixé sur les rivages de Corse,
la plupart d'entre eux dans l'attente de leur jugement. De
l'autre côté de la mer, des familles tiennent comptabilité des
demandes de mise en liberté ou de rapprochement restées lettre
morte. Se serrent les coudes. Se serrent la vis. Tentent de
gérer le traumatisme. La prison a aussi verrouillé leur vie. «
S'il avait pu être transféré à Borgo, il aurait eu des visites
plus fréquentes », explique Nathalie Sallei, la sœur de Martin
Ottaviani, condamné à 20 ans et incarcéré depuis 9 ans dans le
cadre de l'affaire Erignac, à Moulins, puis à Villepinte et
enfin Lannemezan. Pour raisons de santé, elle a raréfié ses
déplacements depuis quelque temps.
« Un choc foudroyant »
Ses parents, artisans retraités, ne peuvent pas non plus se
rendre autant qu'ils le souhaiteraient aux parloirs. « Ils
vivent cette situation comme ils peuvent, confie-t-elle. Ils
n'ont jamais fait de politique, cette condamnation a été un choc
foudroyant pour eux, mais il y a eu aussi des suites
douloureuses sur le plan familial. » Chaque voyage relève de
l'expédition explique Nathalie Sallei : « Prendre très tôt
l'avion de Marseille, attendre le train pour un trajet de 5 à 6
heures qui nous fait arriver la nuit. Il faut donc aller à
l'hôtel. Le lendemain, on marche à pied jusqu'à la centrale
distante d'1 km environ, car il n'y a pas de bus. Puis il y a
l'attente à l'entrée, les fouilles. A midi, il faut quitter la
prison. On y retourne à 14 heures, avec, de nouveau, les files
d'attente et les fouilles. Avec des enfants ou des personnes un
peu âgées, c'est un véritable parcours du combattant. »
« Il ne se plaint pas »
Tout en espérant un retour en Corse, Martin Ottaviani a demandé
un transfert à Poissy « pour avoir plus de parloirs ». Il lit,
écrit, fait du sport et aimerait surtout faire de l'ébénisterie
et de la sculpture comme à Moulins. Ce qui lui permettait de
percevoir un petit salaire. Il attend aussi l'autorisation de
travailler en cuisines. « Il est très silencieux, ne se plaint
pas. Il nous préserve de la souffrance et de la misère de la
prison. Mais nous le savons malheureux de ne pas voir grandir
ses enfants. Il leur parle au téléphone mais il ne les voit
qu'une fois par an. La plus jeune de ses filles avait 9 mois
quand il a été incarcéré. Il a dû la serrer dans ses bras une
dizaine de fois au mieux depuis. » Pour améliorer le quotidien,
la famille alimente son compte bancaire dans la mesure de ses
possibilités : « En prison tout est question d'argent. Tout se
paie et tout est cher. Les cigarettes sont vendues à l'unité au
prix fort. Les communications téléphoniques sont débitées
directement. Il faut avoir les moyens pour y vivre décemment. »
Hélène Romani
Source photo :
Corse Matin, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Corse Matin,
Unità Naziunale
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