Le
23 avril 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
L’Union syndicale des
travailleurs kanaks et des exploités (USTKE) organisait un meeting
le 21 avril à Paris en soutien à 23 de ses militants condamnés par
le tribunal correctionnel de Nouméa à des peines de prison.
L’organisation kanak a pu compter sur la présence d’éminents
syndicalistes comme José Bové ou Alain Mosconi (STC).
Les
militants de gauche sont venus en masse hier soir à la Bourse du
travail à Paris pour soutenir les syndicalistes calédoniens de
l’USTKE. Hier matin 23 d’entre eux ont été condamnés par le tribunal
correctionnel de Nouméa à des peines de prison allant de 6 mois à 1
ans avec, pour certains, de la prison ferme. Quant au président,
Gérard Jodar, il a écopé de douze mois de prison dont six mois
ferme. Ces condamnations font suite à douze heures d’affrontements
qui avaient opposé à Nouméa le 17 janvier dernier, les forces de
l’ordre aux adhérents de l’USTKE, dans le cadre d’un long conflit à
la société de transport urbain, Carsud, filiale de Véolia.
Manifestations lors desquelles Gérard Jodar n’était pas présent.
Entre la diffusion sur grand écran
de petits films amateurs sur les affrontements du 17 janvier et la
mobilisation des militants contre la répression, se sont succédés à
la tribune des syndicalistes et des politiques, assurant leur plein
soutien. Jacky Foureau de la CGT a, dans un premier temps, exposé
l’histoire du syndicalisme radical sur le Caillou et expliqué
ensuite quelle était sa ligne. Le syndicaliste a également évoqué la
situation actuelle : « Avec l’élection de Nicolas Sarkozy, la droite
coloniale a été très décomplexée et la répression s’abat. Et elle
n’est pas nouvelle (...) La violence a toujours été du côté du
pouvoir colonial et du patronat local ». Plus tard Raphaël Mapou du
Rheebu Nuu a longuement rappelé les enjeux économiques, sociaux et
syndicaux du pays : « Combat autochtone et combat syndical, il
s’agit d’abord de former les nouvelles générations car les partis
politiques traditionnels n’ont pas eu ce souci de former et de
l’impliquer sur un combat, une pratique militante de tous les jours.
» Il a aussi expliqué au public l’importance du nickel sur le
territoire et comment le précieux minerai se trouvait au centre
d’intérêts divergents
Dans
un discours bref et concis, Olivier Besancenot le porte parole de la
Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a déclaré : « Les camarades
de Kanaky ont besoin de cette solidarité qu’on avait pu faire
entendre il y a pas mal d’années (...) Dès qu’on touche aux intérêts
de la mondialisation, ce qu’ont fait les camarades de l’USTKE, et
bien ça réprime et ça réprime dur (...) Tout le symbole de la
journée d’hier où la classe politique à l’unisson, avec monsieur
Sarkozy en tête, s’est rassemblée pour célébrer la mémoire d’Aimé
Césaire. Et le même jour on a cette peine inacceptable, révoltante,
avec des peines de prison ferme. L’Etat colonial sévit et sévit dur.
»
Ce fut ensuite au tour d’Alain
Mosconi, secrétaire national pour la section « Marins » du Syndicat
des travailleurs corses (STC), de prendre la parole pour expliquer :
« La diversité, la diversité culturelle, la diversité ethnique,
c’est autant de richesses qui appartiennent à l’Universel, qui
appartiennent à l’Humanité. » Comparant la situation de la Kanaky et
celle de la Corse, il a évoqué les liens unissant les deux îles
« C’est eux et nous, au-delà de nos pigmentations respectives, dans
un même combat. Hier, ils peuvent en témoigner, aujourd’hui, de par
ma présence, et demain, tant que nos peuples n’auront pas reconquis
le droit à vivre libres sur leur terre, à définir eux-mêmes un
schéma économique et social en tenant compte de leur culture, de
leur environnement, de leur démographie et bien nous serons
contraints de nous inscrire dans un schéma de résistance pour que
nos enfants n’aient pas à le faire à notre place ! ».
Après des applaudissements
nourris, ce fut à José Bové de monter à la tribune. Ce dernier, qui
avait soutenu le syndicat lors de la campagne présidentielle de
2007, a déploré la « justice à deux vitesses » en Nouvelle-Calédonie
puis a dénoncé le non respect des accords Oudinot par la droite
locale. « L’USTKE sont les seuls fidèles à la parole qui a été
donnée. Il y a eu un accord, une négociation, l’Etat français ne le
respecte pas mais la droite colonialiste à Nouméa le respecte encore
moins ! (...) La solidarité en Kanaky s’organise au delà des
différentes branches et à partir de là, les gens sont forts parce
qu’ils peuvent aller jusqu’au bout. C’est ça le message de l’USTKE !
».
Corinne Perron, représentante du
syndicat en France, a conclut la rencontre en remerciant les
intervenants pour cette mobilisation et en appelant de nouvelles
actions le 7 mai face à l’entrée de l’Assemblée générale des
actionnaires de VEOLIA à la Grande Arche de la Défense pour "exiger
des négociations et l’arrêt des poursuites contre les
syndicalistes".
Timothy Mirthil
rfo.fr
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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