Le
11 aout 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
Dominés et colonisés depuis des siècles par
les gouvernements français successifs, de Droite ou de Gauche, nous
sommes sur cette planète les presque derniers habitants à être ainsi
soumis aux lois d’une nation étrangère. Oui, j’ai bien dit
étrangère.
Dans notre région Caraïbe, qui fut jadis comme la
propriété privée (de liberté) des nations européennes :
Angleterre, France, Espagne, Hollande, la plupart des petites et
grandes îles sont, depuis des décennies, indépendantes… On ne va
pas vous faire l’injure de vous les citer.
Ainsi, Curaçao, parmi les dernières, s’est exprimée récemment
pour une plus grande autonomie. Montserrat reste encore attachée
à la couronne britannique. Porto Rico est «américaine» comme la
Guadeloupe et la Martinique sont «françaises». Mais jusqu’à
quand ?
Bien entendu, les Guadeloupéens les plus soumis et dont la
conscience a été, hélas, passée à la moulinette, rabotée par
plus de trois siècles de colonisation et d’aliénation
culturelles, se reconnaissent comme «français». Ils refusent
avec véhémence qu’on décrive la situation actuelle comme
coloniale. Le terme est honni. Le colonialisme n’existe pas,
croient-ils.
Pire, certains pensent même que, depuis mars 1946 et la loi dite
d’assimilation votée au parlement français, les colonisés, les
indigènes, tels que décrits dans les manuels d’histoire
français, sont devenus des français pur sucre. Lol !
Récemment, le gouvernement français, dans sa Constitution a,
d’un trait de plume, transformé les peuples des colonies en
«population». Re lol !
Comme si nous allions en rester là et à vie !
Mais l’histoire récente et ancienne de la Guadeloupe va a
contrario de ces conceptions beni-oui-ouiesques. La résistance
au système colonial a toujours été très vive ici. La résistance
à toutes les oppressions, dont notre peuple a été la victime,
s’est manifestée selon les époques, avec plus ou moins de
détermination. Certains Guadeloupéens refusent que nous
évoquions avec trop de détails, les pages le plus sombres de
notre histoire. On nous enseigne le pardon sans condition, sans
réparation, la modération, voire l’oubli. Mais enfin, faut-il
avoir honte de ce que nous fûmes ? Faut-il continuellement, se
flageller d’être les petits-fils et petites-filles de la nuit
coloniale? Faut-il absoudre ces crimes horribles qui ont jalonné
notre passé et ne plus rien dire ? Tout effacer ?
Comment se construire en éradiquant ses propres fondations ? Les
colons ont tenté jadis d’interdire le Gwo ka, la bamboula comme
ils disaient alors. Plus tard, l’école française a voulu nous
priver de notre langue créole et de notre «sentiment»
guadeloupéen.
Les luttes culturelles et politiques des patriotes
cari-guadeloupéens les plus déterminés ont permis de sauvegarder
ces pans d e notre personnalité et de notre héritage culturels.
Aujourd’hui, la question qui se pose est celle de notre devenir
politique. Même les plus borgnes de nos hommes politiques ont
déjà senti que le vent a tourné.
Mais, quelques-uns encore, les plus attardés, les plus rétifs,
cherchent à sauver les meubles, alors que la maison est déjà en
feu. Triste alléluia !
Le weekend dernier, LKP était, avec d’autres délégations de
peuples colonisés, invité aux Ghjurnate internaziunale 2009
organisées par Corsica Libera (organisation unitaire des Corses
en lutte). Avec eux, des Kanaks, des Basques, des Bretons, des
Sardes. On a même vu un commando du FLNC unifié venir
revendiquer un attentat contre une gendarmerie.
Ces «journées» sont, depuis 28 ans, une manifestation
essentiellement politique. Si LKP y a été invité, c’est parce
que les Corses ont bien compris que le combat engagé en janvier
2009 a dépassé le simple cadre syndical. Il est politique.
LKP, qu’on le veuille ou non, est devenu la principale
représentation politique du combat actuel du peuple
guadeloupéen. Un peuple et une nation opprimés, donc sans Etat,
comme les Palestiniens, les Corses, les Basques.
Les temps changent. Il faut l’admettre et préparer le futur. Il
est déjà bien plus proche qu’on ne le croit.
Source photo :
caribcreole1, Unità Naziunale, Archives du site.
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