Le
22 avril 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
Un rapport réalisé par un
groupe de médecins légistes à la demande de la Direction des Droits
de l'Homme du Gouvernement Basque vient de mettre en évidence que la
pratique de tortures et de mauvais traitements à l'encontre des
détenus en relation avec le conflit basque n'est pas du tout
sporadique. Des organismes internationaux tels que le Rapporteur de
l'Onu, Amnesty International ou le Comité pour la prévention de la
Torture avaient déjà dénoncé cette situation à plusieurs reprises,
critiquant par ailleurs l'absence de volonté de la part de l'Espagne
de mettre en place une véritable politique destinée à éviter ces
pratiques. Mais le rapport qui vient d'être rendu offre une nouvelle
perspective du problème, celle d'une étude scientifique-statistique.
L'objectif des enquêteurs a
été de vérifier si, comme le dit l'Etat espagnol, toutes les
plaintes par tortures sont fausses. L'hypothèse de l'étude est que,
comme le défendent les autorités espagnoles, les accusations de
tortures relèvent d'un mot d'ordre lancé par l'ETA à ses militants.
À l'appui des informations du
Ministère espagnol de l'Intérieur, les enquêteurs ont pu constater
que, sur 1231 personnes détenues dans des affaires liées à l'ETA
dans la période 2000-2008, 957 ont été mises en garde à vue isolée
suivant la procédure de la législation anti-terroriste. Parmi ces
personnes, 634 ont dénoncé avoir été l'objet de tortures ou de
mauvais traitements, dont 446 ont déposé plainte.
Pour cette étude, les
enquêteurs ont analysé 289 témoignages écrits, les filtrant à
travers une série de variables dont le sexe, le corps policier ayant
mené l'arrestation (Police Nationale, Garde Civile et Ertzaintza),
les différents types d'agressions physiques et psychologiques, etc
Le
croisement de tous les résultats révèle l'existence de beaucoup de
concordances parmi les témoignages de personnes ayant été détenues
par les mêmes corps policiers. C'est à dire que les mauvais
traitements ou les tortures infligées par la Police Nationale, la
Garde Civile et l'Ertzaintza diffèrent en méthode et en fréquence.
Par exemple, selon ce rapport, lors des interrogatoires l'Ertzaintza
emploierait notamment des agressions psychologiques, du bruit et des
positions gênantes pour faire pression sur le détenu, alors que les
deux autres corps emploieraient beaucoup plus les agressions
physiques, bien qu'avec des méthodes différentes. La Garde Civile
emploierait, toujours selon ce rapport, un « modèle (d'agissements)
plus sévère ». Ces différences dans la pratique des tortures
montrerait que l'hypothèse défendue par l'Etat espagnol ne tient
pas, car « si tout n'était qu'une fabulation et le résultat d'un mot
d'ordre de l'ETA, pourquoi alors les modèles et formes de torture
varient selon le corps policier ? » s'interrogent les enquêteurs.
Le rapport souligne par
ailleurs le fait que des personnes qui ont été mises en liberté sans
charges, « et donc qui ne sont pas des militants de l'ETA », ont
également dénoncé avoir été l'objet de mauvais traitements ou des
tortures pendant leur garde à vue isolée. Il faudrait ajouter à cela
un autre constat : l'existence de personnes détenues, jugées et
condamnées par leur appartenance à l'ETA, mais qui n'ont pas dénoncé
de tortures « alors qu'il y aurait un mot d'ordre exhortant les
militants à toujours dénoncer ces tortures ».
Isolement égal torture
L'une
des conclusions de ce rapport scientifique-statistique est la
relation existante entre les détentions en isolement et les
tortures. « La durée de l'isolement est un facteur de risque
essentiel pour l'existence de mauvais traitements ou de tortures.
Au-delà des trois jours d'isolement, le risque augmente fortement ».
Une deuxième conclusion
affirme que l'application de protocoles contre la torture permet
d'éviter ces pratiques. Depuis la mise en place d'un de ces
protocoles par le Ministère basque de l'Intérieur et jusqu'à 2008,
il n'y a pas eu de cas de torture dans les commissariats de la
Communauté Autonome Basque. De même, l'application de protocoles de
ce type par la 5e section de l'Audience Nationale espagnole confirme
cette thèse.
Sur la base de la globalité
des données analysées, les enquêteurs font un « bilan positif sur la
fiabilité de la globalité des témoignages ». C'est-à-dire que les
dénonciations de tortures ne sont pas des fabulations, bien au
contraire. Dans ce sens, les enquêteurs affirment que la levée de
l'isolement lors de la garde à vue serait la première des mesures à
prendre par les autorités espagnoles pour éviter ces pratiques
contraires aux droits fondamentaux. Pour l'instant, silence radio.
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