Le
8 juillet 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
Vue de la Guadeloupe, la réponse est un
«bof»… Le Honduras, petit état de l’Amérique centrale, paraît
tellement lointain que nos médias de «grande» diffusion appliquent,
avec la plus extrême rigueur, la loi (journalistique) de la
proximité. Il est vrai que les journalistes qui ont fréquenté une
école ou un centre de formation de journalistes savent tous que
l’opinion d’un pays est plus sensible, plus intéressée, en terme
d’infos par ce qui se passe au plus près de son territoire
géographique ou affectif.
Les exemples ne manquent pas pour expliquer cette
notion de «proximité». Les Cari Guadeloupéens se sont
sentis plus concernés plus «sensibilisés» par
l’élection d’Obama, l’Américain que par celle d’Amajenidad,
l’Iranien. Le tour cycliste de la Martinique, où une délégation
de cyclistes cari-guadeloupéens est présente, suscite plus
d’intérêt à Pointe-à-Pitre et Basse-Terre, que le Tour de
France, etc. Voilà très sommairement résumé ce qu’est cette loi
dite de la proximité journalistique où le kilomètre-intérêt le
dispute à l’éloignement-affectif.
Revenons donc au traitement de l’info dans notre Guadeloupe, île
de la Caraïbe, dominée et dirigée par un état ouest –européen.
Parfois, pour aller vite et faire court, on dit simplement que
la Guadeloupe est, depuis 1635, colonisée par la France. Le
dire, comme ça, ne fait pas que des heureux, mais c’est une
réalité. Allons plus loin !
La Guadeloupe, qui possède un territoire géographique défini,
aussi vaste que ceux de la Barbade, de la Dominique, de
Sainte-Lucie, de la Grenade ou le Liechtenstein, n’est pas un
état. La Guadeloupe, malgré sa langue, son peuple, est
considérée comme faisant partie de la France. Comment, en 2009,
peut-on encore accepter cette situation ?
A 8 000 km de Basse-Terre ou de Pointe-à-Pitre, il se trouve que
des Franceuropéens ont décrété, depuis des temps immémoriaux,
que nous devrions rester sous tutelle française. Avons-nous le
droit de refuser cet état de fait qui n’est pas «naturel» ?
D’ailleurs, récemment encore, un type qui a été démocratiquement
élu président de la France, est venu en Guadeloupe rappeler
qu’il n’était pas question que la Guadeloupe accède à
l’indépendance. Il a pensé et décidé pour nous. C’est lui le
boss. Silence dans les rangs ou au pire, applaudissez ! Eh bien,
des gens ont applaudi. N’est-ce pas beau la démocratie ?
Mais je ne m’égare pas. Je referme rapidement cette parenthèse
et je reviens au Honduras. Question proximité, bonjour. Pour se
rendre de Pointe-à-Pitre à Tegucigalpa, grosso modo 1000 km, il
faut 21h de vol par avion, deux escales et débourser un peu plus
de 1200 euros ! Rien d’anormal, n’est-ce pas ? Pour se rendre à
Paris à 8000km, on paie parfois 458 euros, pour «seulement»
8h de vol. Cherchez l’erreur !
Du coup, on comprend alors, il y a de cela une dizaine de jours,
que les médias occidentaux ouest-européens et leur relais et
succursales en Guadeloupe, nous «terbolizaient» avec
les élections en Iran. Téhéran, c’est bien la porte à côté,
juste après Fort-de-France et Port-au-Prince ? On nous gonflait
avec la répression qui s’abat sur les partisans de Mousavi, sur
la presse muselée, sur le rôle des téléphones portables dans la
lutte contre la dictature d’Ahmadinehjad, etc.
Et voilà que pour le Honduras, pays de l’Amérique centrale, à
deux pas de chez nous, c’est quasiment silence radio. Personne
ne vient à RCI ou RFO vous expliquer que le président Zélaya,
destitué, a été empêché de revenir dans son pays lundi soir. Que
l’OEA a exclu le Honduras de ses rangs, que le nouveau régime
issu du coup d’état n’a pas été reconnu par la communauté
internationale.
Personne ne vous dit que les cadres de l’armée et la police du
Honduras sont formés depuis des décennies par le Pentagone.
Personne n’explique que dans ce pays, les grandes
multinationales bananières sont aux mains de capitalistes
américains.
Honduras, c’est loin, loin de nous. Silence, car il ne s’y passe
rien.
En tout cas, nous ne devrons pas être concernés. Regardons avec
plus d’attention les évènements de Chine, d’Iran. Car en fait,
et vous l’avez compris, l’info qu’on nous sert ici, elle est
fabriquée en Occident, par des Occidentaux, et ne sert que les
intérêts économiques et géo politiques des Occidentaux. Point
trait. Ah oui ! Il me faut répondre à la question titre. «Sommes-nous
concernés ?»
Le Honduras est le deuxième grand producteur de bananes de la
région. Là-bas, ce sont les Américains qui font la loi. Chiquita
et Dole, deux multinationales américaines contrôlent la
production bananière du Honduras. Ils sont maîtres et seigneurs.
Ce sont des concurrents sérieux de «notre» banane, car comme
nous, ils visent le marché des 370 millions de consommateurs
européens de bananes, à la différence près qu’aux Honduras, les
capitalistes américains de la banane, sont sans foi ni loi. Les
travailleurs honduriens sont sous la botte de ces
multinationales.
Obama le sait, alors il condamne mollement, du bout des lèvres,
le coup d’état, car les intérêts économiques américains sont en
jeu. Or, une simple pression diplomatique des Etats Unis
suffirait à remettre les choses en place. Personne n’a non plus
dit que le Honduras est, à 70 %, le principal client des USA.
Quand l’ex-président Zelaya se rapproche de Chavez, rétablit ses
relations diplomatiques avec Cuba, à la Maison Blanche, on
n’aime pas trop car, après le Salvador, le Nicaragua, les
Etas-Unis ne peuvent pas accepter que le Honduras bascule lui
aussi à Gauche. On ne vous le dira pas sur RCI, RFO ou France
Antilles. Vous comprenez maintenant pourquoi le Honduras, si
proche, vous semble si loin
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caribcreole1, Unità Naziunale, Archives du site.
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