Lors de son intervention dans
l'hémicycle, Gaston Flosse a interrogé le président du Pays pour lui
demander "de lever immédiatement le doute" et de dire "sans
ambiguïté (…) si, oui ou non, l'objectif de ces États généraux est
la préparation de l'indépendance". Oscar Temaru avait en effet
expliqué, à l'ouverture de la manifestation, que le "cap"
qu'il s'était fixé était celui là.
Pour le sénateur polynésien, ces
propos ont "perturbé gravement les milieux économiques"
alors que le "but essentiel de ces États-Généraux" était de
voir "comment, avec l'aide de l'État", le pays peut
"sortir de la crise".
"Quand je vous écoute monsieur
le sénateur, c'est presque de l'atteinte à la liberté d'expression.
De plus, au niveau de l'État, il n'y a pas de tabou (…) C'est mon
cap. C'est notre cap", lui a lancé Oscar
Temaru. Et celui-ci d'ajouter, cinglant : "Nous voulons
continuer à vivre (…) sous perfusions ? Ce n'est pas ma philosophie
(…) et vous, vous continuez à intimider cette population".
Il
utilise ses fonctions pour parler de l'indépendance"
Gaston Flosse a alors souhaité
reprendre la parole, ce que lui a refusé le président de
l'assemblée, Philip Schyle, qualifié dans la foulée de "dictateur"
par le président du Tahoera'a.
En marge de la séance, Gaston
Flosse a indiqué être "navré par la tournure de ces questions au
gouvernement" : "Il -Ndlr: Oscar Temaru- utilise
ses fonctions pour parler de l'indépendance et fixer le cap des
États généraux", a estimé le sénateur pour qui le président de
la Polynésie n'a de surcroît "pas répondu" à ses
interrogations.
"La situation du Pays est en
pleine crise, les entreprises sont en faillite (…) Il y a un déficit
de 8 milliards de Fcfp -Ndlr: environ 67 millions d'euros- dans nos
recettes fiscales (…) Au moment où nous avons besoin de la France
(…) on va dire 'nous voulons l'indépendance et foutez le camp'",
a-t-il ajouté.
"La France aura comme rôle
d'aider ce petit oiseau"
Interrogé par la presse au moment
de son départ de l'assemblée, Oscar Temaru a réaffirmé que pour lui,
le cap était bel et bien l'indépendance, mais que le statut
d'autonomie dont disposait le Pays devait être amélioré
progressivement pour permettre à la Polynésie de vivre au mieux la
transition.
"Il faut préparer cet
avènement. Oui, allons-y ! Cela fait 30 ans d'autonomie. S'il faut
encore 20 ans, allons-y, mais qu'on soit clair",
a expliqué le chef de l'exécutif, tout en précisant que
"la France aura comme rôle d'aider ce petit oiseau à
voler de ses propres ailes"
Quant à un éventuel référendum
d'autodétermination, Oscar Temaru a déclaré en séance qu'il allait
"peut être falloir" y penser pour savoir ce que désire
"la majorité de la population". Il a en outre précisé, au
sortir de l'hémicycle, qu'avant un tel scrutin, il était nécessaire
de "mettre en place les règles du jeu", à savoir un gel du
corps électoral polynésien à l'image de ce qui a été fait en
Nouvelle-Calédonie.
JBC