Le
2 mars 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
Emprisonné depuis
décembre 2003 Carlu Pieri, âgé de 58 ans, est jugé pour "financement
de terrorisme et recel d'abus de biens sociaux" avec onze autres
personnes, dont certains militants déjà condamnés avec lui et son
épouse Antonia Marty-Dessus. Condamné en appel à huit ans de prison
ferme en février 2006, il a déjà purgé plus de cinq ans, et
pourrait, en théorie, profiter d'une libération conditionnelle.
Mais cette libération pourrait
être retardée puisque Carlu Pieri est à nouveau devant la justice,
depuis lundi, pour un procès qui devrait durer trois semaines.
Carlu Pieri a été condamné à huit ans d'emprisonnement et
Charles-Philippe Paoli, à six ans de prison le 16 février 2006.
Incarcéré depuis décembre 2003, Charles Pieri est libérable en
décembre 2009 selon son avocat, Me Eric Barbolosi, qui a déposé une
demande de libération conditionnelle le 26 février.
En novembre 2008 : Carlu
Pieri, incarcéré à Toulon (Var), souffrait de violents maux de tête:
les médecins ont détecté les prémices d'un accident vasculaire
cérébral.
Charles Pieri, 58 ans, a été
hospitalisé en urgence, le 18 novembre dernier, à Marseille
(Bouches-du-Rhône). Il était sujet à de violents maux de tête dans
sa cellule de la prison de Toulon (Var) où il était incarcéré. Sa
famille a donné l'alerte. Pieri a été conduit à l'hôpital pour des
examens. Les signes d'un accident vasculaire cérébral ont été
décelés.
Carlu Pieri ne souffrirait
d'aucune séquelles à ce jour mais il reste en observation.
Lors de son premier procès, il
a lu une déclaration politique à ses juges : (source U Ribombu)
"Monsieur
le président, mesdames et messieurs, je n'aurai rien à ajouter à ma
défense, tout a été dit par mes avocats qui ont fait la
démonstration de l'absence de preuves dans la machination
machiavélique de l'instruction, cependant, je m'exprimerai devant
vous car la parole n'est, Monsieur le procureur, ni d'or ni
d'argent, elle n'est pas monnayable, elle n'est pas confisquée non
plus, elle reste libre tout simplement, vous pouvez certes
emprisonner les hommes, vous n'embastillerez jamais les idées.
D'abord sur ce procès, je saurai gré à la cour d'avoir respecté la
dignité humaine et de n'avoir pas suivi l'accusation sur les chemins
trop faciles de l'injure.
Injure, oui, je le dis sans
grandiloquence et sans excès car c'est faire injure à tout un peuple
que de vouloir le frapper, par verdict interposé, du sceau de
l'ignominie. L'accusation " a fait son travail ", selon un de ses
bons mots, je n'aborderai pas la question de la qualité des femmes
et des hommes à qui je marque mon respect.
Mais il reste une réalité
incontournable, l'accusation était mandatée, elle est le hochet
prédictatorial d'un prétendu ou prétendant homme d'Etat, d'un
arriviste politique qui annonçait en septembre 2003, à grand renfort
de publicité, de sa publicité, ce qui devait être réalisé en
décembre sans respect de l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Tout un chacun a suivi les épisodes de cette dérive médiatico-juridicopolitique
où les actes de justice étaient dressés par avance dans les colonnes
d'un quotidien du soir avant même que de nous être communiqués, où
votre ministre de tutelle, et vous ne pouvez le nier, était, comme
dans les pays où sévissent les dictatures, le ministre de
l'intérieur.
Les médias, d'ailleurs tant accusés et parfois à tort, ne s'y
trompent pas aujourd'hui lorsqu'ils affirment que Mr Sarkozy a
obtenu ce qu'il voulait, s'agit-il de nos possibles condamnations
par votre cour, non hélas, il s'agit en réalité de la mise à mort
par " parquet interposé " de cette indépendance que les citoyens
vous ont confiée, de ce mur de la République qui a été, en toute
conscience, sapé. Et ce n'est pas par hasard si, premier lapsus, Mr
le Procureur s'est empressé d'affirmer, fait rarissime, sa totale
indépendance.
Plus grave cependant est l'atteinte à la dignité humaine dans son
propos, il est édifiant de comprendre qu'être " corse, nationaliste
et borgne doit fait peur " un peu comme le disait Sammy Davis Junior
lui-même : " noir, juif et borgne " c'est là l'expression première
du racisme.
D'un racisme anticorse qui a suinté tout au long de cette audience.
Madame le procureur ne fit pas mieux dans le lapsus inquisitorial,
c'est vrai Madame, l'éloignement géographique qui est pourtant
contraire à vos propres textes de lois et qui a été contredit par
les déclarations les plus récentes du garde des sceaux, cet
éloignement géographique ne suffit pas à tuer les idées. C'est vrai
que vous n'avez pas encore trouvé la qualification juridique adaptée
pour désigner la mort judiciaire.
L'accusation continua dans le lapsus, oui Madame le procureur, la
hiérarchie fut sauve, non pas celle, fantasmée, du FLNC, mais celle
qui avilit en soumettant aux instructions de hauts magistrats
carriéristes totalement inféodés à des clans politiques. Ces mêmes
hauts magistrats qui trahissent en permanence dans votre dos les
règles même de la déontologie dont ils devraient être les garants.
Ceux qui négocient réellement avec la clandestinité, avec toutes les
formes de clandestinité.
Monsieur le Président, je reviens à mon propos initial à savoir le
procès fait à un peuple car ce procès, nul ne l'ignore, a été voulu
et décidé dans sa course au pouvoir par un seul homme.
Il avait alors à se faire pardonner son premier échec référendaire
et il lui fallait un coupable par substitution, un bouc émissaire.
Je fus donc choisi. Mais très vite, on a fait le choix d'en faire le
procès d'un peuple, celui d'une société, non pas une société à
responsabilité limitée, mais une société à durée de vie limitée, un
peuple qu'on veut froidement mettre à mort. D'ailleurs on vous a
amené ici un panel représentatif et soigneusement choisi des femmes
et des hommes, des nationalistes et des non nationalistes, des élus
et de prétendus clandestins, des hommes d'affaires et de simples
employés, un club de football et un journal, des Corses et encore
des Corses.
On vous dit de les condamner non pas seulement pour de prétendus
délits financiers, un tribunal bastiais composé de magistrats
français, précisons- le, l'aurait fait sans problème aucun, mais
parce qu'ils appartiennent à un peuple que le pouvoir politique ne
réussit pas à soumettre et qu'il pense pouvoir compter sur la
servilité du pouvoir judiciaire pour marquer du rouge de son sceau,
sceau dont un homme politique a la garde, non pas uniquement 23
personnes mais 260 000 citoyens de ce peuple.
L'arrogance n'est pas de notre fait, elle est présente dans la
démarche qui consiste à imposer des postulats préétablis sans le
moindre commencement de preuves, sans même se soucier du concept de
preuve. Elle est présente par la mise en demeure faite aux membres
de l'institution judiciaire de devenir les supplétifs des basses
oeuvres du politique.
Alors, mesdames et messieurs, je vous le dis : " prenez garde de ne
pas fermer les portes de l'espoir car on ne vous demande pas
seulement de juger, on vous demande d'apporter une pierre à cette
dérive fatale où le juridique prend fait et cause pour le politique,
où on veut faire de vous les militants du parti pris contre les
droits d'un peuple, contre les droits de l'homme. Sachez lire et
voir au-delà des mots et des tomes qui vous sont présentés, sachez
regarder la Corse et son peuple car c'est lui qui est face à vous ".
Sachez qu'il est un peuple dont la vie bat en terre de Corse, sachez
que ce peuple ne fut jamais votre ennemi mais qu'il ne comprit
jamais vos conquêtes. Il est des blessures dont les plaies béantes
ne sont pas cicatrisées, ni les prébendes ni l'argent versé à flot
n'ont pu les guérir et encore moins le recours à toutes les formes
de répression.
Ces plaies continuent à saigner malgré le temps passé car elles ont
besoin d'abord de reconnaissance et de dignité. C'est ce peuple
qu'on vous demande, à travers nous, de juger et de condamner car il
persiste à dire haut et fort qu'il a une historie, une culture, une
langue et un territoire qui lui sont propres, qu'il a été une Nation
de l'Europe et que son combat pour la reconquête de ses droits
nationaux est légitime.
Vous
appréciez les citations de Nietzsche, Monsieur le procureur,
réfléchissez sur celle-ci, en titre aussi d'un de mes éditoriaux : "
Ce n'est pas tant ton mensonge qui me bouleverse, mais c'est de ne
plus te croire. " Nous, nous ne vous croyons plus crédibles.
" Le droit d'une nation à l'existence est certainement antérieur à
tous ses droits : personne, ni un Etat, ni une autre nation, ni une
organisation internationale, n'est jamais fondée à considérer qu'une
Nation déterminée ne serait pas digne d'exister ". Ce sont les mots
et le message de Jean Paul II devant l'ONU en 1995.
Ce combat est le nôtre, nous l'assumons pleinement, nous avons
depuis longtemps fait le choix définitif de lutter publiquement, à
visage découvert sans masques. Oui, nous revendiquons le droit à
l'indépendance pour notre peuple, respectez ce droit car il
s'inscrit dans l'exercice démocratique des Nations, oui, nous
revendiquons le droit pour notre Nation de retrouver la place qui a
été la sienne dans l'Histoire, ce n'est pas une utopie mais un juste
retour des choses, sachez le comprendre, oui, nous revendiquons le
droit à une démocratie réelle et non plus truquée ou tronquée par
les seigneurs de la fraude, participez à cet effort. Soyez vigilants
car c'est pour cela que l'on vous demande de nous condamner. Ce
combat n'est pas contraire à tout ce qui peut nous rapprocher des
autres peuples et du votre en particulier, bien au contraire, notre
lutte est respectueuse de tout ce que nous partageons ou pourrons
partager encore.
Je revendique l'enseignement de ma langue et de ma culture mais je
ne renie en rien ce que je porte de la langue et de la culture
française. Mesdames et messieurs, je vous ai suggéré de regarder la
Corse mais sachez aussi que la Corse vous regarde, qu'elle attend de
savoir si vous rendez justice au nom du peuple français ou au nom
des intérêts partisans de ceux qui prétendent avoir les moyens, à
travers vous, de juger les idées en même temps que les hommes. Le
sentiment d'impunité existe mais il n'est pas, Madame le procureur,
de notre côté, il est du côté des assassins des peuples et du droit,
du côté de ceux qui attendent de vous un blanc seing pour continuer
leur oeuvre de mort, aujourd'hui c'est notre tour, nul ne sait de
quoi demain sera fait."
Carlu Pieri (devant le tribunal correctionnel de Paris)
www.ribombu.com
Dossier
:
Répression/Rapprochement
Source photo :
CAR, SIPA, AFP, Unità Naziunale, Archives du site.
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