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Comité Anti Répression

Conférence de presse

Lundi 27 Juin 2005

 

Contre la répression, pour les droits de l’homme et pour la liberté, le Comité Anti Répression appelle à manifester à Bastia le jeudi 14 juillet à partir de 18 heures au palais de justice.

 

Le CAR lance un appel à la mobilisation populaire pour le 14 juillet, dans les rues de Bastia, afin de faire remonter jusqu’à Paris, en passant par le cours Grandval, le message que des milliers de Corses ont envoyé le 30 avril dernier, dans les rues d’Aiacciu.

Aujourd’hui, plus d’une soixantaine de prisonniers politiques sont toujours exilés, emprisonnés et éparpillés dans les différentes prisons de France. Bien loin d’une solution politique, l’Etat français continue à lancer de la poudre aux yeux en rapatriant un prisonnier politique par an en Corse, pour faire croire qu’il applique ses propres lois ou les directives européennes. Et pendant ce temps, la répression toujours plus forte, toujours plus lâche, s’abat froidement sur des patriotes sincères. Les années de prison distribuées se comptent désormais en siècles, et chaque mois la liste des prisonniers politiques s’agrandit.

L’Etat français tente depuis plus de deux siècles de nous priver de notre culture et de notre Histoire, mais il est un fait que chaque corse sait. Si la Corse a été souvent conquise, elle n’a jamais été soumise, et le peuple corse n’est pas peuple à baisser la tête devant l’adversité ou encore moins, sous les coups de bâton !

Nous avons choisi symboliquement la date du 14 juillet pour manifester notre colère dans les rues de Bastia car c’est l’occasion pour nous de rendre hommage aux Nationaux corses qui ont accompli il y a 250 ans, un véritable exploit, réussir à organiser un Etat indépendant et démocratique, à une époque où les Français se prosternaient devant un roi de droit divin, et les autres européens devant des empereurs ou des monarques.

Le 14 juillet 1755, à la cunsulta du couvent Sant’Antone di a Casabianca, Pasquale de’ Paoli est élu général (unique) de la Nation Corse.

Le lendemain, Paoli est accueilli en triomphe par la cunsulta. L’indépendance est proclamée, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Celui qui deviendra u babbu di a patria est chargé de rédiger une constitution pour la Corse qui en fera la première démocratie de type moderne en Europe. Une démocratie qui fera l’admiration des philosophes français, et une constitution qui inspirera celle des Etat Unis d’Amérique de 1787.

Lors de cette cunsulta qui se terminera le 15 juillet 1755, il est décidé que « si des troupes de quelque puissance que ce soit, sans exception », venaient en Corse pour combattre, il y serait opposé « la force à la force », même au prix du sacrifice de toute la nation. De plus, la cunsulta décrète également « une guerre perpétuelle » à la République de Gênes et « à toute puissance qui l’assurerait de sa protection », c'est-à-dire à la France entre autre. 

Cette déclaration est de toute première importance, et ce n’est pas un hasard si à l’image du reste de cette période, cette partie importante de notre Histoire est passée sous silence. En effet, cette cunsulta légitime tout simplement tout ceux, qui encore aujourd’hui, combattent pour la liberté de la nation corse, ils ne font que continuer à mettre en application les décrets de cette cunsulta ! Ce n’est pas une guerre de 10 ans, de 20 ans ou de 100 ans qui a été décrété, mais bien une guerre perpétuelle ! Elle cessera quand la Corse sera de nouveau libre.

Dans une lettre à son père le lendemain de cette cunsulta, Pasquale de’ Paoli dira que son premier soucis est de « punir les délits, empêcher les ligues et de maintenir l’union ». Une leçon à retenir pour tous, l’union avant tout et une preuve de plus de l’attachement des Corses à la Justice.

C’est donc bien ce 14 juillet 1755 qui mériterait d’être fêté en Corse bien plus que le 14 juillet 1789. Mais, aujourd’hui, en 2005, notre Histoire est toujours passée sous silence par le système scolaire qui est devenu un outil de propagande de l’Etat français et de francisation à outrance de notre jeunesse. De Napoléon, on en entend parler à l’école, mais de Paoli et de l’indépendance, que nenni ! « Cacher cette indépendance que je ne saurais voir » pourrait-on presque entendre…

Depuis des temps immémoriaux, le peuple corse est épris de liberté et de justice. Mais malheureusement, à part lorsque la Corse était gouvernée par des Corses au XVIIIème siècle, nous n’avons jamais eu droit ni à la Justice ni à la liberté. Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, ce n’est pas la révolution française de 1789 qui a changé cet état de fait, au contraire, elle l’a institutionnalisé…  Et ce n’est pas un hasard si dès 1793 la Corse se détournait de cette révolution alors qu’elle y avait adhéré de manière enthousiaste croyant voir enfin triompher les idées que Paoli et les nationaux avaient mis en pratique quelques décennies plus tôt.

La Corse a été dépouillée de sa langue, de sa culture, de son code familial et terrien, de son organisation politique multimillénaire, de ses liaisons méditerranéennes, de ses statuts, de ses coutumes, en un mot de son Histoire dont le pouvoir français exigea qu’elle commençât en 1789.

La Corse, nation libre et ouverte au monde au siècle des Lumières, a été plongée et maintenue, délibérément maintenue, dans l’ère du sous-développement.

La Corse n’a jamais connu d’autre état de droit que celui imposé par la violence.

L’Etat français est fidèle en cela, depuis plus de deux siècles, à sa désormais trop habituelle attitude répressive envers le peuple corse.

Chaque procès est le combat toujours recommencé des rapports conflictuels et inégaux, de colonisateurs à colonisés, entre la France et la Corse. C’est l’histoire en raccourci de plus de deux cents ans d’occupation de notre terre, avec son cortège de malheurs et de désespoir.

Paris saura-t-il s’extraire de son traditionnel centralisme jacobin ? Rien n’est moins sûr. Les rodomontades ministérielles qui ponctuent l’actualité insulaire ne présagent rien de bon.

Elles justifient les mises en garde prodiguées par les nationalistes contre la mise en coupe réglée de l’île par une mafia claniste formée de notables intronisés par le pouvoir central et foulant les tapis rouges des palais officiels.

On invoque la démocratie pour affirmer que chacun peut exposer ou faire valoir ses opinions autrement que par la violence politique. En théorie certes ! Mais dans la réalité ! Faut-il rappeler qu’en Corse la démocratie n’a jamais eu droit de cité ? Que les Corses n’ont jamais été appelés à ratifier l’annexion de leur pays par la France ? Ce furent les fusils des armées royales puis républicaines qui de Ponte Novu à Aleria votèrent à leur place.

D’ores et déjà, sans attendre, l’Etat peut administrer la preuve de sa bonne volonté en prenant en compte la demande de rapprochement des détenus politiques. De tous les détenus politiques. Pareille décision n’aurait rien d’un geste de clémence. Elle ne serait que l’application des conventions européennes qui stipulent que les détenus doivent être placés dans les établissements les plus proches du lieu de résidence de leurs familles. Les raisons humanitaires de ces conventions sont évidentes. Ou, en tout cas, devraient l’être pour un Etat se proclamant patrie des droits de l’homme.

L’éloignement, la dispersion correspondent à une politique délibérée visant à briser le moral et la santé des prisonniers. Le maintien de cette politique n’aurait d’autre effet que de renvoyer aux calendes grecques la solution politique sans laquelle rien n’est durable, ni la paix ni le développement.

L’Etat peut dire et surtout montrer qu’il n’entend pas s’enliser plus longtemps dans le passé. Dans le vieux et le déraisonnable. Dans la violence. Mais au contraire qu’il est disposé à s’engager sans délai superflu sur la voie du neuf. La voie de l’avenir, de la paix, des relations amicales entre les peuples de France et le peuple de Corse.

Des relations d’autant plus fécondes qu’elles seront fondées sur l’égalité de droits, le respect mutuel, les intérêts réciproques.

Depuis plus de vingt ans, des centaines de militants ont comparu devant des cours spéciales, témoignant à chaque fois - par la diversité de leurs origines tant sociales que culturelles - que leurs aspirations multiples n’ont toujours eu et n’auront toujours qu’un seul objectif : garantir au peuple corse son droit légitime à être lui-même.

A la surdité et à l’iniquité des juges a toujours répondu le patriotisme et la force d’âme de militants. L’intégrité et la droiture sont de leur côté. Ces hommes courageux ont toujours assumé leurs idéaux et leurs actions, faisant preuve d’une grande morale politique et de convictions inébranlables. Leur dignité et leur désintéressement sont des valeurs qui rendent hommage aux milliers de Corses qui depuis des siècles se battent pour leur liberté.

 

Incù elli, accant’à elli, dimu di nò à l’inghjustizia culuniale !

        Eviva u populu corsu !

        Libertà per i patriotti !