Contrairement
aux affirmations de la préfecture, de la présidence et de l’exécutif
territorial ( ce qui
revient au même ! ) les Corses constatent dans leur vie quotidienne
que leur pays connaît une situation de crise sans précédent.
Dans toutes
les filières économiques, l’absence de stratégie de développement
au bénéfice des Corses crée aujourd’hui une conjoncture
catastrophique qui va encore être aggravée par la sortie de
l’objectif numéro 1, la fin de la zone franche, l’harmonisation en
matière de TVA., etc. Cette faillite généralisée à des conséquences
terribles pour de très nombreuses familles corses plongées dans le
chômage et la précarité.
Cela
démontre clairement que les tenants de l’immobilisme, aux affaires
depuis des décennies et se prévalant des résultats du référendum
Sarkozy, n’ont réglé aucun problème et n’ont rien à proposer pour
sortir de la situation désastreuse que l’immense majorité des Corses
subit actuellement.
Pour notre
part, nous ne céderons pas au fatalisme ambiant.
C’est pourquoi nous
proposons une rupture totale, radicale, avec la situation actuelle.
Les
propositions qui suivent s’inscrivent dans cette perceptive.
PROPOSITIONS EN CINQ POINTS POUR
UNE SORTIE DE CRISE
Corsica Nazione Indipendente travaille actuellement à son projet de
société pour une république corse indépendante. Certains
volets ont déjà été publiquement présentés.
D’autres le seront dans les semaines et les mois à venir. Ce sont
« E nostre pruposte per dumane ». Leur adoption pleine
et entière par le peuple corse suppose un processus
d’autodétermination, processus dont nous revendiquons la mise en
œuvre dans les prochaines années. A cet égard, nous voulons être
parfaitement clair en réaffirmant que notre objectif reste -et
restera- l’indépendance nationale.
Toutefois, nous avons décidé de prendre dès aujourd’hui une
initiative majeure en présentant un programme de sortie de crise
en cinq points, qui pourrait être mis en œuvre immédiatement.
Ce
sont « E nostre proposte per oghje ». Elles supposent
simplement un certain nombre d’adaptations juridiques, comme la
simplifications des institutions, l’élaboration d’un statut pour la
langue corse et la création d’une « citoyenneté corse » constituant
un « statut de résident » fondé sur dix ans de présence effective
dans l’île, durée démontrant une réelle volonté de participer au
destin du peuple corse.
Nous
soumettons ces propositions en cinq points à l’analyse de
toutes les composantes de la société corse. Elles tentent de
répondre, de façon pragmatique, aux vrais problèmes que rencontre
aujourd’hui notre peuple, qui se reconnaît, semble t-il, de
moins en moins dans les discours de ses élus aux affaires, à la CTC
et ailleurs.
« E NOSTRE PRUPOSTE
PER OGHJE », IN CINQUE PUNTI :
1.
Foncier : permettre aux Corses d’accéder à la propriété.
Force est de constater que les Corses sont en
train de perdre totalement la maîtrise de leur terre et de leurs
maisons. Le marché de l’immobilier s’envole, du fait de la
spéculation immobilière et des sommes fabuleuses offertes par des
acheteurs étrangers. Les Corses ne peuvent plus accéder à la
propriété, que ce soit en ville ou dans leurs villages. Jusqu’à il y
a quelques années, seul le littoral était convoité. Aujourd’hui,
beaucoup de villages de l’intérieur font l’objet d’une forte
pression de la part des acheteurs. Ces derniers vont parfois jusqu’à
demander aux conseils municipaux de leur céder des chapelles ! Cette
situation est totalement catastrophique et va encore être aggravée
par la suppression de l’arrêté Miot. En effet, nombre de familles
corses ne pouvant pas acquitter les droits d’enregistrement vont
devoir se défaire de leurs biens familiaux.
Par ailleurs, la création d’une « agence
foncière » ne peut avoir d’effet positif sans que soient prévus
des garde-fous quant à la destination finale des terres concernées
afin de garantir aux Corses la maîtrise de leur foncier.
Devant cette situation, la position
de Corsica Nazione Indipendente est claire : pour les années à
venir, il convient de rendre impossible la cession de biens
immobiliers (terres ou maisons) à des acheteurs ne justifiant pas de
dix ans de résidence dans l’île, et ne pouvant donc accéder au
« statut de résident » ou « citoyenneté » corse. Par ailleurs, le
dispositif de l’arrêté Miot doit être rétabli.
Nous estimons, pour notre part, que seules ces
mesures peuvent permettre de juguler l’hémorragie actuelle.
2.
Emplois et économie : lutter réellement contre le chômage et
la précarité, par une stratégie de développement au bénéfice des
Corses.
N’en
déplaise à un fonctionnaire français venu récemment parader devant
l’Assemblée de Corse, la Corse ne va pas mieux. Les chômeurs et les
nombreux précaires sont là pour démentir les propos préfectoraux.
Aujourd’hui, la faillite du système français de traitement social du
chômage est patente. Par ailleurs, le cantonnement de la Corse en
zone de consommation de productions extérieures a généré le
non-développement. Pourtant, chacun s’accorde à reconnaître le
potentiel productif de nombreux secteurs d’activités (agriculture,
pêche, artisanat, tourisme, énergie...). Il convient donc de mettre
en oeuvre une stratégie de développement, de mobiliser les
ressources corses (humaines, environnementales, patrimoniales,
financières) au service de cette stratégie et de s’assurer qu’elle
bénéficie réellement aux Corses et non à des acteurs économiques
extérieurs à notre communauté. En ce qui concerne les années qui
viennent, nous proposons de réserver aux « résidents » ou
« citoyens » corses l’accès à l’emploi et à la création d’entreprise,
comme cela se fait par exemple aux îles Åland, qui font partie de
l’Europe. Nous proposons également de rechercher, dans chaque
secteur, les moyens de faire prévaloir les intérêts corses,
notamment en matière de maîtrise des transports ou d’énergie.
3.
Langue : pour assurer à tous les droits linguistiques et
culturels.
La langue corse continue à reculer. Malgré la
prise de conscience de ces dernières décennies, la tendance n’est
pas inversée. Nous proposons de mettre en œuvre les mesures qui ont
permis de sauver le Catalan en Catalogne sud ou le français au
Québec :
-
Enseignement dans les mêmes conditions que les autres
matières principales, le corse devant être non seulement une langue
enseignée, mais également une langue d’enseignement.
-
Officialisation.
-
Utilisation massive dans les organes audiovisuels.
Nous
estimons que le droit à la langue doit être assuré pour tous,
non seulement pour les Corses de souche, mais aussi pour ceux que
nous accueillons, et à qui nous devons permettre de participer à la
société corse dans les mêmes conditions que nous.
4.
Organisation institutionnelle et corps électoral: instaurer
une réelle démocratie
Il a été démontré depuis longtemps que le
système institutionnel actuel (trois Assemblées délibérantes pour
deux cent soixante dix mille habitants), conduisant à une totale
opacité et inefficacité des décisions politiques, était totalement
incompatible avec, d’une part, une gestion sérieuse et, d’autre
part, l’exercice de la démocratie la plus élémentaire.
Nous
proposons une réforme instituant une Assemblée unique pourvue du
pouvoir législatif.
S’agissant du corps électoral, il
convient de créer les conditions pour que la communauté corse puisse
s’exprimer dans le cadre d’une incontestable sincérité des scrutins.
Nous proposons de refondre les listes électorales qui sont
aujourd’hui encore plus polluées qu’avant la dernière refonte.
Nous proposons d’ajouter le critère des dix ans de résidence pour
l’inscription sur les listes électorales, car il ne nous paraît pas
raisonnable que des personnes de passage en Corse pour quelques
mois, ou même deux ou trois ans, puissent contribuer à déterminer
l’avenir de la Corse.
5.
Prisonniers : obtenir le respect des engagements
Ces
propositions visant à établir une paix juste et durable, il est
inenvisageable que leur mise en œuvre ne soit pas accompagnée d’un
processus en faveur des prisonniers politiques. La première phase
de ce processus est le rapprochement immédiat en Corse,
conformément au vœu déjà exprimé unanimement par l’Assemblée de
Corse et aux engagements – non tenus – du gouvernement français.
L’aboutissement du processus sera évidemment la libération des
prisonniers, conséquence logique de l’établissement de la paix.
______________________________
Comme on peut le voir, il n’y a pas
dans ces « propositions en cinq points » d’éléments se heurtant à
des obstacles juridiques - ou même idéologiques - insurmontables,
sauf à vouloir laisser la Corse s’enfoncer irrémédiablement dans la
crise, en s’accrochant à un statu quo relevant d’une obstination
inepte et forcenée. S’agissant de propositions pour un règlement
transactionnel de la question corse, nous n’avons pas voulu « placer
la barre haut », comme cela se fait souvent dans la perspective de
futures négociations. Nous disons simplement ce qui nous paraît
indispensable et nous prenons les Corses directement à témoin. Nous
leur posons simplement deux questions :
1)
Nos propositions vont-elles dans le sens de vos intérêts ?
2)
Nos propositions sont-elles raisonnables ?
Si
la réponse à ces deux questions est « oui », et si nous parvenons à
faire entendre raison à Paris, alors rien ne saurait s’opposer à une
solution politique porteuse de paix.
CORSICA
NAZIONE INDIPENDENTE
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