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Le 5 janvier 2000 Jean-Guy Talamoni : " La paix est à portée de main "Dans une interview accordée aujourd'hui à " Corse-Matin ", Jean-Guy Talamoni, le chef de file du groupe nationaliste Corsica nazione à l'assemblée de Corse, avoue que " la paix est désormais à portée de main " et que " toutes les conditions d'une évolution sont enfin réunies ". Il annonce qu'il a remis au Premier ministre Lionel Jospin un dossier réclamant " une amnistie générale pour tous les prisonniers politiques corses ". Selon lui " les cinq dossiers prioritaires devant être pris en compte par le gouvernement sont la reconnaissance du peuple corse, l'évolution institutionnelle de l'Ile, la définition d'un nouveau corps électoral, l'enseignement obligatoire de la langue corse et les moyens d'un développement économique maîtrisé par les Corses, notamment en matière fiscale ". Etant favorable à un référendum sur l'autonomie interne, Jean-Guy Talamoni souhaite la création au sein de la collectivité territoriale de Corse d'un organisme de contrôle des fonds public. Il annonce aussi qu'il " pourrait passer, à brève échéance, des accords avec des hommes politiques corses, non nationalistes, comme José Rossi (DL) Paul Giacobbi (PRG), Laurent Croce (PS), ainsi que Toussaint Lucciani et Philippe Ceccaldi
Dans une interview à " Corse Matin "Jean-Guy Talamoni : " Les conditions de l'évolution sont enfin réunies "Jean-Guy Talamoni demande une amnistie générale pour tous les " prisonniers politiques corses ", indique quels sont les hommes politiques corses avec qui il compte passer des accords, se prononce pour un référendum sur l'autonomie interne et précise ses cinq revendications prioritaires. " Corse - Matin " - A la sortie de la réunion de Matignon, de nombreux Corses se sont demandés comment vous pouviez être si sûr qu'il y aurait une trêve des clandestins ? Jean-Guy Talamoni - "Les clandestins n'habitent pas sur la planète Mars et font partie de la société corse. Par conséquent, ils partagent les sentiments et les espoirs de l'ensemble des Corses. L'ouverture d'un dialogue pouvant conduire à une paix définitive a constitué un espoir pour tous les Corses. Il était dès lors évident que les clandestins qui rêvent eux aussi de paix pour leurs enfants allaient en tirer les conséquences et apporter leur pierre à la construction de cette paix. CM :Demandez-vous donc aux mouvements clandestins n'ayant pas encore décrété la trêve, comme "Armata Corsa", de le faire ? JGT :Il ne m'appartient pas de donner des conseils à ces organisations qui doivent savoir ce qu'il faut faire pour le bien de la Corse. Six d'entre elles ont à ce jour décrété un cessez-le-feu. Nous attendons donc avec intérêt la suite des événements. CM :On dit que vous êtes manipulé par les clandestins. Qu'en est-il exactement ? JGT : D'autres disent au contraire que les clandestins sont le bras armé du mouvement public. Ces deux thèses sont fausses car les démarches sont indépendantes. Les élus de Corsica Nazione dont je fais partie déterminent avec les autres militants publics leurs positions politiques. Ils ne sont pas les "porte-parole" d'une organisation clandestine. Il leur est d'ailleurs arrivé de prendre quelques distances avec certaines déclarations ou actions des clandestins. Pour ma part je ne cautionnerai jamais une démarche politique inadmissible au plan moral ou desservant les intérêts de la Corse. Cela étant précisé, j'estime que les clandestins sont des patriotes Corses qui poursuivent, avec d'autres moyens, les mêmes objectifs que les nôtres. Ils font partie de ma famille politique. Je ne les renierai donc jamais. CM : Comment allez-vous vous organiser pour faire vos propositions au gouvernement ? JGT : Dans un premier temps, nous allons discuter de nos propositions avec les autres groupes de l'assemblée de Corse. Rappelons à cet égard que nous sommes les seuls à avoir d'ores et déjà un projet détaillé d'évolution statutaire. Il y a d'ailleurs à cet effet une importante réunion de concertation ce vendredi. Nous avons bon espoir d'aboutir à des positions majoritaires concernant cinq dossiers essentiels, à savoir : la reconnaissance du peuple Corse, la définition d'un nouveau corps électoral, l'évolution institutionnelle, les moyens d'un développement économique maîtrisé par les Corses, notamment en matière de fiscalité, et l'enseignement obligatoire de la langue corse. CM :Etes-vous favorable à un référendum sur l'autonomie interne ? JGT :Une telle initiative est tout à fait envisageable pour soumettre au peuple corse les termes de l'accord passé entre une majorité d'élus territoriaux. Comme cela a été le cas en Irlande, il est probable que l'accord de paix recevrait un aval populaire très fort lors d'un tel référendum. CM :Ce référendum ne serait-il pas un premier pas vers l'indépendance que vous réclamez depuis des années ? JGT :Nous demeurons indépendantistes et considérons que le transfert de souveraineté à Bruxelles et le renforcement du pouvoir corse doivent conduire à un dépérissement de la tutelle française. Mais nous ne chercherons jamais à imposer aux Corses une indépendance dont ils ne voudraient pas. Il nous faudra donc continuer à les convaincre. CM :Avec quels hommes politiques corses, non nationalistes, comptez-vous passer des accords à brève échéance ? JGT :Avec tous ceux qui nous semblent défendre des positions allant dans le sens des intérêts de la Corse. A ce propos, à l'heure où les conditions du succès sont enfin réunies et où la paix est à portée de main, nous avons observé avec satisfaction que certains élus de la classe politique dite traditionnelle ont repris à leur compte nos revendications. Je pense tout particulièrement à Paul Giacobbi, José Rossi, Laurent Croce et les groupes de Toussaint Lucciani et de Philippe Ceccaldi. Propos recueillis par Jean-Baptiste CROCE. |