Le
23 janvier 2008 :
(Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte Internation,ale)
Pour commencer, nous voudrions rappeler brièvement
la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons: à ce
jour 712 prisonniers politiques basques dont 170 sont dispersés dans
35 prisons de l'État français. Et dans l'État français aussi, comme
de l'autre côté des Pyrénées, les prisonniers subissent des
conditions inacceptables, dues à la politique de vengeance menée par
le gouvernement.
À titre d'exemple, 15 d'entre
eux sont isolés; Cédric Garai, Pantxo Flores et Xabier Susperregi,
incarcérés sans charge valable, n'ont toujours pas, quatre mois
après leur incarcération, le droit de voir leur compagne; Mizel
Barnetxe a fait dix jours de grève de la faim pour dénoncer le
montage policier dont ils font l'objet, et nous avons tous à
l'esprit à quelles extrémités a été poussé le jeune Joan Bidart; de
nombreux prisonniers sont depuis plus de 6 ans en préventive, en
attente de leur procès; et ils subissent tous la politique
criminelle de dispersion, double peine puisqu'elle frappe aussi les
familles. Nous ne pouvons oublier Nati, 17ème proche d'un prisonnier
basque tuée sur les routes des visites. Et comme si tout cela ne
suffisait pas, les condamnations ont été considérablement endurcies.
Tout ceci n'est pas du au hasard. C'est au contraire le fruit d'une
politique bien calculée. C'est un régime d'exception. Il est
indéniable que le gouvernement français mène une politique dirigée
contre la société basque, et qu'elle a une influence sur nous tous.
Pour ne citer qu'un seul exemple, nous avons le résultat de la
dernière réunion entre Sarkozy et Zapatero: les tortionnaires
espagnols ont maintenant le droit d'agir sur le territoire français,
dans l'impunité la plus totale.
Mais ne nous y trompons pas, le gouvernement n'est pas le seul
responsable de cette situation: il ne pourrait mener cette politique
sans le silence complice de ses relais locaux, nos propres élus.
Cela fait déjà longtemps que la population d'Ipar Euskal Herria se
prononce massivement contre la politique de dispersion. Celle-ci ne
fait pourtant que s'intensifier. La voix du peuple n'a-t-elle donc
aucune valeur? La campagne pour les prochaines élections est sur le
point de commencer, et sera pleine de promesses, comme toujours.
Pour cette raison, nous avons décidé de nous adresser à tous les
candidats aux cantonales et municipales afin de les inviter à
prendre des engagements fermes pour le respect des droits des
prisonniers politiques basques et contre la répression, à passer des
paroles aux actes.
Nous ne demandons rien d'extraordinaire, nous ne demandons pas de
faveur. Nous demandons un engagement actif dans la défense des
droits des prisonniers et des citoyens basques, dans la défense de
leur dignité, et ce des façons suivantes:
• en dénonçant publiquement la politique de dispersion et
d'éloignement;
• dans les villages des prisonniers:
o en demandant des nouvelles de leur situation au comité ou à la
famille, ou en demandant le droit de visite.
o en demandant des conditions dignes à l'administration
pénitentiaire
o en demandant au ministre de la Justice de faire respecter tous les
droits de ces prisonniers; en demandant le regroupement des
prisonniers basques; en demandant que tous les prisonniers malades
et ayant fini leur peine soient libérés immédiatement;
o en s'engageant à soutenir financièrement les familles qui se
trouvent dans cette situation;
• dans les villages où il y a des comités, en s'assurant que la
population soit informée de la situation;
• en demandant l'abandon des lois et des tribunaux spéciaux,
principale garantie de tous ces abus indignes d'une démocratie.
Bien que présentée à la veille de la campagne électorale, cette
dynamique n'a rien de ponctuel, et ne disparaîtra pas après les
élections. Elle ne disparaîtra que quand cette politique de
vengeance disparaîtra.
Si notre objectif est d'obtenir l'engagement des élus locaux, vous
aussi, médias et journalistes, avez une responsabilité, celle de
faire connaître la situation des prisonniers politiques basques et
celle d'interroger les candidats que vous rencontrerez lors de cette
campagne sur ces sujets.
Comme nous l'avons dit, nous avons l'intention de rencontrer tous
les candidats aux municipales et aux cantonales. Nous leur avons
fait parvenir une lettre accompagnée d'un dossier sur la situation
du Collectif leur demandant de s'engager sur les cinq points que
nous venons de citer. Nous leur avons également fait savoir que nous
rendrions publique leur réponse ou leur absence de réponse.
Nous pouvons, et c'est notre responsablité, tous donner quelque
chose pour le respect des droits des prisonniers, de leurs familles,
de tous les citoyens basques, d'Euskal Herria.
Besterik gabe, jaso ezazue agur bero bat.
Euskal Herria, le 23 janvier 2008
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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