Le
30 janvier 2008 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
Depuis trois mois, un conflit
social oppose l'USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et
des Exploités) à la direction de la société CARSUD (société de
transports, groupe Véolia) à Nouméa. Le conflit a démarré car le
patron de CARSUD refuse toute discussion et toute négociation avec
l'USTKE qui demande la réintégration d'un salarié, licencié pour
« faute grave », accusé à tord de vol. Ce salarié était aussi le
délégué STKE au sein de l'entreprise...
Nous avons affaire à un patron
borné, arrogant et provocateur, responsable du blocage et de la
dégradation de la situation.
Le piquet de grève, installé
sur un terrain de la Province Sud, aux abords de l'entreprise, ne
gênait en rien l'accès à celle-ci. La liberté de chacun de circuler
et de travailler était respectée.
Mais depuis le début, ce
conflit est politique et le patron de CARSUD est un mercenaire au
service de la Province Sud pour « casser du syndicaliste ». Il
éructe, il gesticule, il ment... et pendant ce temps là il ne
discute pas avec nous.
Les dirigeants de la
Province Sud ont envoyé un bulldozer pour dégager et détruire notre
piquet de grève, sous prétexte que nous étions sur leur
terrain.
Nous avions demandé l'autorisation aux autorités coutumières dont
dépend la terre. Nous avions fait le geste. Mais ces messieurs de la
Province ne l'entendent pas de cette oreille là, ils n'ont qu'une
approche administrative de la terre...
Et comme si cela ne suffisait pas, le Haut-commissaire a envoyé
les forces de l'ordre, ce jeudi 17 janvier 2008. Pendant plus
de dix heures, les affrontements furent d'une rare violence
entre les policiers et les manifestants venus soutenir les
grévistes. 50 camarades ont été arrêtés. A la fin de la journée, on
comptait 20 blessés dont 5 graves à cause des tirs tendus de
flashball et des centaines de grenades lacrymogènes. Parmi nos
camarades arrêtés, bon nombre ont été aussi passés à tabac au
commissariat.
Mardi 22 janvier, le tribunal correctionnel de Nouméa, siégeant en
comparution immédiate, a prononcé le report du procès au 22 février,
mais il a maintenu dix syndicalistes en prison jusqu'à au moins
cette date.
Depuis, chaque jour, les hommes du GIPN (armés et cagoulés) viennent
arrêtés des camarades à leurs domiciles, avec la brutalité et la
violence qu'ils affectionnent pour ce genre d'opération comme s'il
s'agissait de mettre la main sur de dangereux terroristes ou de
furieux forcenés... Ils en ont relâchés certains mais, à ce jour,
15 syndicalistes sont en prison.
Lundi 21 janvier, Veolia a envoyé, de Paris, un émissaire pour
ouvrir les négociations avec le syndicat, ce qui indique le peu de
crédit à accorder à la direction locale de l'entreprise.
Les négociations sont interrompues par les arrestations incessantes
de nos camarades, il n'y a pas de discussion possible. De plus, cet
émissaire a affirmé d'emblée son attachement à la France et son
ralliement aux méthodes des autorités locales qui ont décidé
clairement de casser l'USTKE.
L'USTKE réitère sa volonté de voir toutes les poursuites
judiciaires abandonnées à l'encontre de ses militants et en appelle
à la solidarité de tous pour que leur libération intervienne dans
les meilleurs délais.
L'USTKE rappelle que toutes les intimidations, les menaces et les
arrestations ne sauront la faire fléchir dans le combat juste
qu'elle mène à CARSUD et réaffirme que la seule issue à ce conflit
passe par la signature d'un protocole d'accord.
La revendication de l'USTKE est désormais la création d'une régie
autonome de transport dirigée et financée directement par la
collectivité provinciale. L'USTKE demande l'instauration d'un
service public au service du plus grand nombre, à des conditions
tarifaires à la portée de tous et dans le cadre d'un réseau
réorganisé géographiquement avec des moyens matériels et humains
conséquents.
Nous appelons toutes les organisations politiques et syndicales,
toutes les associations et les individus solidaires, à agir dans les
entreprises du groupe Véolia et aussi auprès des élus, et du
ministère de l'Intérieur, du ministère des DOM-TOM, du Premier
Ministre et du Président de la République pour que cessent ces
méthodes répressives d'une justice coloniale française en Kanaky
visant à criminaliser un mouvement social.
Source photo :
USTKE.org, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
USTKE.org Unità Naziunale
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