MARCEL LORENZONI
Fresnes le 20 Juillet 1998
Lettre aux militants de "Per A
NAZIONE" (Culletivu per a nazione)
AUX MILITANTS DE «
PER A NAZIONE »
J’ai cru comprendre, sauf erreur, que le
collectif était traversé par des courants d’idées
différents. Il est question de « dissolution » pure et
simple d’un côté, de « fusion » de l’autre.
La première hypothèse m’amène à penser
que la création du Collectif n’aurait servi de fait qu’à
justifier une action policière contre des
indépendantistes, obstinés à s’exprimer de façon
cohérente malgré la déliquescence organisée du mouvement
national. Les buts étant atteints, le Collectif devient
inutile, voire encombrant. A chacun d’en tirer ses
propres conclusions.
La deuxième hypothèse, d’une fusion avec
« A manca naziunale » n’est pas de nature à
renforcer l’ensemble de la démarche pour le moment. Le
passé récent a fait que pour l’essentiel les militants
se sont regroupés sur des critères de confiance
mutuelle plutôt que sur des convergences idéologiques
notables. Les fusions politiques provoquées ne sont
jamais un facteur de renforcement, sauf dans la tête des
« apparatchik ». A la base, elles sont au
contraire facteur de rejet et de « débandade ».
Il faut prendre le temps, par des pratiques assainies,
de faire revenir la confiance.
Une fois levée l’hypothèque des liens
toujours problématiques avec la clandestinité, reste à
apprendre -car elle n’a jamais existé chez nous- la
transparence, dans les fonctionnements et les
finances en particulier, et l’équilibre dans les
choix de structures. Il faudra dans cet esprit,
redéfinir les raisonnements et les comportements. Ce qui
pose le problème de la formation des militants,
face à eux-mêmes, à l’Histoire, à la Culture corse, à la
répression, aux médias, à la communication etc.…
Dans l’état actuel des choses, et au vu
des résultats de la journée du couvent de Casabianca,
pourquoi ne pas lancer l’idée de la création d’un « Comité
provisoire d’organisation du Congrès de la Nation Corse »,
ouvert à toux ceux qui, organisés ou non, s’expriment
dans le cadre national. Ce Congrès, regroupant des
partis politiques, des individus, des associations, des
syndicats, pourrait être aujourd’hui la base de la
définition du corps electoral national, et de la
mise en place, après élections, du 1er
Parlement corse depuis Paoli.
Par le contact avec A Manca et
Corscica Viva, il est possible d’entraîner peut-être
le Comité pour la langue, les syndicats étudiants, une
partie du S.T.C. Seules la bêtise ou l’inféodation à la
police française peuvent empêcher les structures
actuelles d’adhérer. Il serait nécessaire, à partir des
structures présentes au couvent de Casabianca :
-
de lancer
une « Chjama » dans ce sens, plaçant les uns et
les autres devant leurs responsabilités ;
-
Essayer au
préalable d’accrocher l’U.P.C, en inscrivant notre
revendication d’Indépendance dans le temps.
A Cuncolta et Corsica Nazione, qui ne
semblent pas prêts à renoncer à leur prétention
d’hégémonie, sont mal placés car ils ne semblent pas
mesurer le peu de confiance qu’ils inspirent malgré le
résultat des territoriales, qui d’ailleurs me semblent
bien loin.
A prestu
Fresnes le 20 juillet 1998
J
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