Le
6 mars 2008 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte Internationale)
En 1974, le n° 2 du journal di a Cunsulta di i
Studienti Corsi U RIBOMBU dont je vous présente ici un des
originaux, publiait une tribune libre signée d’un collectif de
patriotes. Dans cet article ces personnes attiraient l’attention des
Corses sur le fait que notre peuple était en passe d’être
minoritaire sur sa propre terre et par la même occasion ils
appelaient notre peuple au sursaut et à la résistance.
Depuis cette période, plus de trente années de lutte se sont
écoulées. Force est de constater que l’ensemble des revendications
et les constats formulés dans ce texte sont toujours d’actualité.
Pourtant, bien des avancées ont été arrachées par le sacrifice des
patriotes et ce dans tous les domaines de la vie politique,
culturelle et sociale de notre île.
Doit-on ici rappeler la création de l’Università di Corti tant
décriée par ceux-là même qui aujourd’hui auraient presque le culot
d’en revendiquer la paternité alors qu’en son temps ils ont
farouchement combattu le principe même de son existence.
Doit-on rappeler ici les timides avancées
institutionnelles consenties par la décentralisation, arrachées de
haute lutte par les nationalistes là aussi à l’époque rejetées par
les clans et les partis traditionnels.
Doit-on ici rappeler le travail incommensurable des
acteurs du Riaquistu pour tenter de sauver notre langue, notre
histoire, notre culture et l’acharnement à les nier à les dénigrer
qu’ont développé ceux qui continuent encore aujourd’hui de nier très
officiellement l’existence et les droits de notre peuple.
Doit-on ici rappeler la défense de notre patrimoine
foncier et environnemental, sanctionnée par une terrible répression
et des centaines d’années de prisons envers ceux qui refusent
l’aliénation économique de notre terre et résistent à sa spoliation.
Aujourd’hui notre devoir est de souligner la
servile complicité des politiciens du parti français qui, devant
l’honneur, le courage et l’abnégation des militants de la Lutte de
Libération Nationale à défendre leur pays, en appellent à toujours
plus de répression dès qu’ils ont l’occasion de s’adresser à Paris.
Nous n’admettons pas que notre cité
ait été le théâtre d’une occupation militaire sans précédant et que
sa population ait été prise en otage pour la venue du président des
Français.
Ce
jour là,
à
l’assemblée de Corse, un affligeant spectacle, une véritable
mascarade politico-médiatique était donnée devant un parterre d’élus
qui pour l’occasion se pressaient dans les travées de l’hémicycle et
attendaient du Deus ex machina du moment des signes forts pour une
nouvelle politique pour la Corse. Devant l’indigence des
propositions énoncées et les provocations racistes et insultantes de
ses propos, un certain malaise se faisait sentir parmi les
conseillés présents, y compris chez les membres de sa propre
majorité.
Pendant que certains d’entre eux se préparaient à rebondir
opportunément devant l’effet négatif de ce non événement qu’ils ont
cautionné et auquel ils avaient participé, d’autres (et nous ne
nommerons personnes) essayaient de rejoindre la mairie où Tonton
Simon avait convié tous ce beau monde à entendre, entre deux verres
de muscat et autres fritelle, tout le bien qu’il pensait de la
politique de ce gouvernement.
En l’occurrence le premier magistrat de la ville a
déjà personnellement apporté son concour à cette politique du tout
répressif en faisant installer un système de vidéo surveillance
payé par le contribuable ajaccien et portant atteinte aux libertés
individuelles et à leur vie privée. D’ailleurs à ce sujet, mais ce
ne peut être qu’une coïncidence, quoi que, la dernière camera
installée est celle qui se trouve au-dessus de notre permanence
électorale.
Simon Renucci confirma un peu plus tard les bonnes
disposition à l’egard de la politique de Nicolas Sarkosy en recevant
Madame Fadela AMARA, et en affichant un réel satisfécit de sa
politique des banlieues, qui selon lui, pourrait trouver dans la
cité impériale un prolongement et une efficacité politique.
Pendant
ce temps, ce jour-là, le CAR et les élus de Corsica Nazione
Indipendente avaient lancé un appel à manifester. Nous étions dans
la rue, aux côtés des familles des prisonniers politiques et des
patriotes, face à face avec un service d’ordre pléthorique et
agressif pour revendiquer et faire entendre les droits de nos frères
incarcérés et dénoncer les agressions quotidiennes que subissent les
Corses devant le développement d’une répression outrageante,
touchant tous les secteurs de notre société.
Cari Fratelli, vous le savez, les exemples d’actions
que nous menons depuis de nombreuses années peuvent se multiplier à
l’infini.
Aujourd’hui si nous avons choisi d’être présents, avec nos valeurs
et nos convictions, dans ce débat municipal aux côtés de la liste
Aiacciu Cità Viva, Aiacciu Cità Corsa,
portée par notre ami Lucien Felli, c’est parce que nous
savons que, plus que jamais, les hommes et les femmes présents dans
cette démarche sont conscients des enjeux majeurs, des enjeux vitaux
qui attendent dans un avenir très proche notre peuple.
Nous vous demandons de faire en sorte, à travers vous qui êtes
présents ce soir mais aussi à travers tous les Ajacciens, qui se
doivent d’entendre l’urgence de notre appel, de sanctionner cette
politique catastrophique pour notre peuple, et de sanctionner tous
ceux qui la cautionnent ou qui d’une manière ou d’une autre ne s’y
opposeraient pas clairement.
Nous
vous demandons, vous qui êtes les habitants du bassin de population
le plus important de Corse, de voter pour vous car vous seuls êtes
les garants de la survie de votre destin de corse, d’agir pour que
le message que nous voulons tous ensemble envoyer à l’Etat soit à la
hauteur du sacrifice de ceux qui luttent au prix de leur liberté et
parfois de leur vie pour assurer à nos enfants un digne avenir
sur leur terre.
Nous vous demandons de dire dans les urnes que vous
n’acceptez pas les scandaleuses condamnations défiant toute raison
humaine dont ont été récemment victimes deux patriotes dans un
simulacre de procès, véritable insulte pour la communauté corse
toute entière.
Nous vous demandons, par votre vote, de faire valoir
les droits de notre peuple, car nous le redisons sereinement et de
maniere très claire, malgré une offensive médiatique et je ne sais
quel procès d’intention en sorcellerie, oui
la seule communauté de droit sur cette terre c’est le peuple corse.
Et son corps électoral doit être redéfini afin de correspondre au
mieux à la réalité démographique de sa véritable expression.
- Oui nous le réaffirmons tranquillement mais avec
force et sans ostracisme, notre peuple, communauté de destin, est
aujourd’hui menacé de disparition, car la communauté originelle,
creuset où doit s’opérer l’alchimie de l’intégration et de l’échange
culturel, n’est plus aussi bien nourrit du feu de notre âme, mais il
est en proie aux tempêtes de l’aliénation culturelle savamment
entretenue par la colonisation. Dans ces conditions, il est de plus
en plus difficile, voir impossible, de faire partager avec d’autres
ce que nous sommes ou d’imprégner d’autres peuples de nos valeurs.
Par le geste hautement symbolique que vous allez
faire dimanche, vous aurez aussi l’occasion de mettre devant leurs
responsabilités tous les hommes politiques qui, par leur silence
assourdissant, avalisent la répression que subit notre communauté,
et vous direz avec force aux dirigeants de la France qu’il est
grand temps de changer de politique.
Cari Fratelli, nous nous devons, au vu du péril qui nous menace, de
ne pas tergiverser en sémantique ou utiliser la confortable langue
de bois du politiquement correct.
Nous
vous devons le courage politique de vous dire les grandes
difficultés qui se profilent à l’horizon pour notre peuple.
Nous
vous devons aussi la clarification nécessaire que les situations
d’urgences imposent.
Non
nous ne sommes pas nourris d’intentions racistes et intolérantes.
Nous
ne sommes pas les adaptes du repli sur soi ou d’une fatale fermeture
à l’extérieur, dont certains humanistes à géométrie variable
voudraient nous affubler.
Oui, les seules fermetures que nous connaissons, sont celles des
serrures qui emprisonnent nos résistants et dont le bruit effroyable
s’entremêle malheureusement parfois avec les incantations à
condamner leurs actes de résistance, au nom du politiquement correct
imposé par Paris
Oui,
nous connaissons la fermeture du pouvoir central qui refuse toutes
avancées politiques pour la recherche d’une solution à une sortie de
crise.
Oui, nous dénonçons et nous dénoncerons toujours toutes les formes
odieuses de racisme, dont la manifestation première est de nier le
droit et le respect à la différence des peuples, y compris le nôtre.
Oui, nous sommes contre l’intolérance, parce-que tout au long de
son histoire notre peuple en a souffert, et qu’elle persiste encore
aujourd’hui dans le fait colonial qui nie son existence et
s’articule autour d’un racisme anti-corse maintes fois révélé.
Oui,
nous sommes pour la tolérance du droit et du devoir de résistance
des peuples opprimés à s’émanciper, à se libérer.
Oui
les responsables politiques n’ont pas tenu leurs promesses en
matière de rapprochement des prisonniers politiques.
De
Simon Renucci à Camille de Rocca Serra, en passant par François
Giacobbi et Sauveur Gandolfi-Schett, ils avaient pourtant donné leur
parole. Rien n’a été fait. Là aussi ils ont oublié un des
fondamentaux de notre culture, qui consiste à honorer la parole
donnée, ils ont préféré enterrer ce douloureux dossier et laisser
des familles, membres de leur propre communauté, dans le désarroi et
le désespoir. Là aussi ils ont oubliés
d’être Corses.
Quant à nous, soyez en sûrs, nous ne renoncerons jamais à notre
juste combat pour la liberté. Pour vous, avec vous, aujourd’hui dans
cette démarche il ne peut que se renforcer et s’amplifier,
parcequ’il va dans le sens de l’histoire.
1974, c’est la date que j’évoquais au début de mon intervention.
C’est aussi l’époque où je m’inscrivais à l’Union des Lycéens Corses
et rapidement j’en devenais un des secrétaires nationaux. A cette
époque, nous avions eu, pour la revendication de la création de l’Università
di Corti , notre deuxième contact, après l’affaire des boues rouges,
avec la répression coloniale et les effets nocifs des gaz
lacrymogènes. Je me souviens au cours de ces multiples poussées
revendicatrices avoir souvent rencontré Lucien, puis de l’avoir vu
se battre bec et ongles devant la cour de sûreté de l’Etat pour
défendre de nombreux militants dans le Procès d’Aléria, celui de
Bastelica Fesch, ou plus récemment devant la cour spéciale de Paris
pour l’affaire Erignac et bien d’autres encore.
Lucien, je sais et connais ta capacité et ton courage à défendre les
intérêts de ton peuple, je suis fier, au nom de tous ceux qui se
battent au quotidien avec moi, de résister à tes côtés, pour le bien
d’Aiacciu et de la Corse entière.
Cari Surelle e cari Fratelli, je ne sais si j’ai été assez
convainquant dans mes propos.
Néanmoins, vous connaissez tous, pour l’avoir accompagné depuis 10
longues années maintenant, le difficile combat du Comité Anti
Répression.
Aujourd’hui je vous demande encore une fois de participer à le
renforcer en votant massivement la liste Aiacciu Cità Viva, Aiacciu
Cità Corsa.
Je
vous demande de signifier clairement un vote sanction à l’encontre
des ennemis de notre peuple.
Je vous demande à travers cette liste d’exprimer sans faille votre
vote crucial d’existence.
Je vous demande a travers la démarche d’Aiacciu Cità Corsa
d’exprimer votre résistance.
Sur
la couverture du N°3 du Ribombu, on peut lire une très belle
citation patriotique de Pasquale Paoli.
Je
la dédie à vous tous et à l’ensemble de nos frères en exil carcéral
:
« Si l’issue nous
est favorable, nous serons appelés défenseurs de la liberté, si elle
nous est défavorable, nous serons appelés rebelles »
RESISTENZA
SOLA SPERENZA
LIBERTÀ PER I PATRIOTTI
A POPULU FATTU BISOGNA A MARCHJÀ.
Source photo :
GFCLIBERTA, CAR, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
CARCORSICA.COM, Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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