lundi 20 février 2006 : Une action symbolique a été mené ce matin
par Corsica Nazione Indipindente au Rectorat D'Aiacciu en soutien
aux deux professeurs injustement incarcérés dont le procès se
déroule en ce moment même à Paris. Une cinquantaine de militants,
sympathisants et amis ont déployé deux banderoles de 6 mètres de
hauteur ou l'acquittement est clairement demandé. Voici le texte de
la Conférence de presse de Corsica Nazione Indipendente :
"La
section Corsica Nazione Indipendente d’Aiacciu vient aujourd’hui
délivrer pacifiquement un message aux Corses.
Depuis trois
semaines se déroule à Paris le procès en appel de Jean Castela et de
Vincent Andriuzzi. Nous tenons à rappeler que Jean et Vincent
étaient tous les deux enseignants au moment de leur interpellation
en 1998. Vincent enseignait les mathématiques au collège de
Lucciana, et Jean l’Histoire Géographie au lycée de Bastia, ainsi
que l’Histoire de la Corse à l’Université et il était également
chargé de cours à la préparation au CAPES de Géographie.
Cette
interpellation a eu lieu il y a 7 ans et demi, et depuis, Jean et
Vincent attendent d’être fixés sur leur sort, c’est-à-dire qu’ils
sont en toujours en détention préventive…
Face au vide
abyssal du dossier de l’accusation qui voulaient faire croire que
Jean Castela et Vincent Andriuzzi étaient les commanditaires de
l’assassinat du préfet, la chambre d’accusation a répondu en les
libérant tous les deux pour manque de preuves après une année
d’incarcération dans cette affaire.
Malgré cette
libération et l’absence de preuves matérielles, de mises en cause ou
même d’indices, lors du procès en première instance, Jean Castela et
Vincent Andriuzzi ont été condamnés à 30 ans de réclusion
criminelle, eux qui avaient comparu libres dans l’affaire du préfet…
Corsica Nazione
Indipendente s’interroge sur la raison pour laquelle Jean et Vincent
ont été condamnés en première instance. Cette condamnation ne peut
se comprendre que comme une vendetta d’Etat, à l’encontre de deux
enseignants Corses, une volonté de concrétiser cette fameuse piste
enseignante qui avait succédé à la piste agricole.
Nous soumettons à
l’appréciation générale l’extrait d’un article de presse publié à
l’ouverture du procès. Contrairement à ce que l’on pourrait croire,
ce n’est pas un journal nationaliste qui le publie, mais bien un
quotidien national français, plus connu pour ses idées de droite et
son soutien à la présidence de la République qu’aux idées
nationalistes corses ! Voici ce que nous pouvions lire dans Le
Figaro du mercredi 1er février 2006, sous la plume de
Stéphane Durand-Souffland :
« Le verdict, attendu d’ici à la fin du mois, devra établir une logique
qui faisait défaut à l’issue des premiers débats, décousus,
orientés, pollués par un référendum sur la Corse et l’arrestation
d’Yvan Colonna. Soit les accusés ont ourdi l’assassinat du préfet,
et la sévérité est de mise. Soit ils ont orchestré, entre 1994 et
1997, une campagne d’attentats non mortels, et le quantum doit être
revu à la baisse. Soit il est impossible de prouver leur culpabilité
et le doute doit leur profiter : la cour d’assises a beau être
"spéciale", le droit reste commun à tous. »
Une nouvelle
fois, nous le répétons, devant un dossier d’accusation vide, une
seule voie est possible, l’acquittement. CNI ne laissera pas Jean
Castela et Vincent Andriuzzi devenir les nouveaux Sacco et Vanzetti.
Aujourd’hui,
après trois semaines de débats, il apparaît de manière claire que ni
Jean ni Vincent n’ont été impliqués de près ou de loin dans
l’assassinat du préfet.
Et ce ne sont pas
les affirmations d’inspecteurs d’une DNAT qui a perdu toute
crédibilité à la suite de la publication du livre des journalistes
du Point, Place Beauvau, la face cachée de la police aux
éditions Robert Laffont qui a changé quelque chose. On apprend entre
autres dans ce livre que les inspecteurs de la DNAT ont pratiqué des
tortures aux cours de certaines garde-à-vue, qu’ils ont négocié avec
certaines personnes pour fabriquer de fausses preuves dans l’affaire
Erignac pour envoyer en prison Matteu Finidori ou encore que
certains inspecteurs ont utilisé leur service (en faisant de faux
PV) pour obtenir des renseignements sur leur ancienne compagne !
Malgré
cela, les inspecteurs de la DNAT qui sont venus témoigner à la barre
lors du procès Castela Andriuzzi ont continué à asséner leurs
contre-vérité, en se contentant de lancer quelques affirmations
gratuites, sans aucune preuve, et ils ont été discrédités par le
président lui-même : des faux PV jusqu’aux déductions douteuses, les
responsables de la DNAT ont été incapables d’apporter le début d’une
preuve de l’implication des deux enseignants dans l’affaire Erignac.
Les témoignages
des membres du commando qui a perpétré cet assassinat ont été
également clairs à ce sujet, et ce ne sont pas des revirements de
dernière minute, mais bien la confirmation de leurs déclarations en
garde-à-vue : c’est eux, et eux seuls, qui ont pris la décision
d’abattre le préfet, ils n’ont reçu d’ordre de personne, ils
n’avaient pas de « commanditaire ». Dans ces conditions il serait
scandaleux que des personnes autres puissent être condamnées à ce
titre.
Dans quelques
jours nous saurons si la cour d’assises spécialement composée de
Paris aura créé un nouvel Outreau, ou bien si, pour une fois, un
verdict juste et apaisant aura été prononcé.
Corsica Nazione Indipendente
Source photo : Unità Naziunale
2006