La Lutte de Libération Nationale, c'est l'occupation constante de tous les terrains qui concernent la Lutte Institutionnelle, la lutte de masse et la lutte armée.
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DISCOURS JEAN GUY TALAMONI UNIONE NAZIUNALE GHJURNATE 2005

E Ghjurnate Internaziunale di Corti sont, depuis 24 ans, un moment important pour la Corse et tout particulièrement pour le mouvement national. Pour tous ceux qui, comme nous, se reconnaissent dans le peuple corse en lutte, c’est l’occasion de célébrer la nation, de faire le point sur  la situation politique et de manifester, quoi qu’il arrive, notre volonté de résister et d’arracher l’émancipation de notre communauté nationale.  C’est encore plus vrai aujourd’hui, alors que la situation politique est totalement bloquée par la volonté du gouvernement français actuel.

Pour nous, plus que jamais, l’heure est à la résistance nationale !

 

Alors que la Corse s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise dans laquelle l’a plongée  l’incurie de l’Etat français et de ses relais dans l’île, plus de 60 prisonniers politiques purgent de très lourdes peines dans les prisons françaises.

Après l’espoir suscité par le processus dit « de Matignon », notre peuple, privé de perspectives politiques, est contraint d’assister, médusé, à des visites ministérielles dont l’hyper médiatisation ne fait que souligner le caractère dérisoire. Pendant ce temps, la Corse demeure la région la plus affaiblie d’Europe ; elle est à la traîne dans tous les domaines qui concernent la vie économique et sociale d’un pays ; son économie – ou plutôt ce qui en tient lieu – s’enfonce dans un marasme inquiétant ; ses équipements de base datent du second empire ; elle est privée des structures élémentaires en matière énergétique ou de transports…

D’un pays aux potentialités réelles et si faciles à développer, on a fait une zone de non développement, et seule notre antique organisation communautaire et familiale préserve certains ménages de la misère, tandis que d’autres – trop nombreux - s’enfoncent dans la précarité. A tout cela, les visites ministérielles à répétition ne changent rien. Il apparaît à l’évidence qu’il ne peut y avoir de reconstruction de la société corse que par les Corses eux-mêmes. Nous sommes donc dans l’absolue nécessité de refuser la situation qui nous est faite, de résister et de proposer une alternative.

Certes, nous sommes parfaitement conscients des risques d’aggravation de la situation que peut entraîner le blocage actuel. Pour notre part, nous avons, depuis des années, fait tout ce qui était en notre pouvoir pour que s’instaure un dialogue porteur d’une paix durable.

Aussi, nous avons salué la décision politique prise en Irlande par les combattants de l’IRA. Elle prouve, si besoin était, qu’un tel conflit ne peut trouver d’issue que par une voie politique. Et c’est bien un processus politique de dialogue qui a permis l’heureux dénouement enregistré ces derniers jours dans la crise irlandaise. De la même façon, et nous avons eu l’occasion d’en discuter avec nos amis basques lors de ces journées internationales, l’espoir renaît actuellement en Euskadi : le premier ministre Zapatero s’est fait autoriser par le Parlement à négocier avec ETA. Nous nous en réjouissons car cette décision permettra certainement d’éviter de nouveaux drames sur une terre qui a déjà payé un lourd tribut, du fait, notamment, de l’intransigeance du gouvernement précédent.

En Corse, malheureusement, nous sommes aujourd’hui très loin d’un processus de dialogue comme celui qui se déroule en Irlande ou qui vient d’être amorcé en Euskadi. Il est vrai que les autorités politiques françaises n’ont jamais fait preuve de la même lucidité que celle des responsables britanniques face à la question irlandaise. Nous nous souvenons que lorsque Tony Blair a ouvert le dialogue avec le Sinn Féin, les conservateurs – qui sont ses opposants déterminés dans tous les autres domaines – se sont refusés à critiquer cette démarche de paix, considérant, à juste titre, que la question irlandaise, constituant un véritable drame, ne permettait pas de faire de la politique politicienne. Ils ont donc soutenu Tony Blair dans sa démarche d’ouverture et de dialogue, reconnaissant qu’il n’y avait pas d’autre solution. En France en revanche, lorsque la gauche est au pouvoir et qu’elle ouvre les discussions avec les nationalistes corses, la droite hurle à la compromission avec les séparatistes. Lorsque c’est la droite qui est aux affaires et qu’elle décide d’ouvrir le dialogue en Corse, la gauche la critique de façon virulente. Ce faisant, les politiciens parisiens interdisent toute avancée. Ils portent donc l’entière responsabilité de la poursuite de la crise.  Car, que les choses soient claires, nous n’accepterons jamais que l’on cherche à faire peser sur des nationalistes corses, quelque soit la voie qu’ils ont choisie, la moindre part de responsabilité dans la situation actuelle. Cette responsabilité incombe exclusivement aux autorités françaises et à leurs relais en Corse, qu’ils s’appellent Lemas, Lambert ou De Rocca Serra.

Lors de ces journées internationales, de nombreux observateurs nous ont interrogés sur le processus irlandais et l’arrêt de la lutte armée décrété par l’IRA. Il n’y aura sur ce point aucune dérobade : les nationalistes corses et notamment les militants clandestins qui, depuis 30 ans, payent le prix fort du conflit, sont les premiers partisans de la paix en Corse. Unione Naziunale reste disponible pour un véritable processus de sortie de crise, mais nous devons bien constater que les conditions politiques minimales d’un tel processus ne sont pas réunies pour l’heure.

Car quelle est aujourd’hui la situation en Corse ? Dans tous les domaines fondamentaux le constat est catastrophique. Notre langue et notre culture ne cessent de reculer. Notre terre, objet de toutes les convoitises, est aujourd’hui menacée par de faux projets de développement dont l’objectif réel est de déposséder les Corses ; ils sont orchestrés par de véritables systèmes mafieux, alliance de la voyoucratie, de la finance et du politique. Ils bénéficient du soutien de l’Etat français et de certains responsables de la majorité en Corse. Il va de soi qu’ils trouveront une opposition massive et déterminée dans les toutes prochaines semaines. Quant à la décorsisation, dénoncée depuis des décennies par le mouvement national, elle atteint aujourd’hui son paroxysme et s’introduit jusque dans les services de la Collectivité Territoriale de Corse où tous les postes clé sont accaparés par le Préfet et le SGAC. Sur un plan économique et social, la saison touristique que nous sommes en train de vivre confirme l’incompétence généralisée de ceux qui exercent les responsabilités. Les crises du transport, de l’agriculture ou de l’énergie sont là pour révéler à l’Europe entière l’état de délabrement de nos infrastructures. La cherté de la vie, l’absence de politique du logement, le chômage et la précarité en hausse constante contribuent également à éclairer les motivations de la France en Corse. On a voulu réduire la nation et faire de notre pays un no man’s land. On veut nous mettre en coupe réglée en tentant d’intimider notre peuple. Nous ne cèderons pas un pouce de terrain, nous ne les laisserons pas faire !

 

 

Comme nous venons de le souligner, la situation est totalement bloquée, tant à l’Assemblée de Corse qu’à Paris, du fait de l’intransigeance imbécile des responsables parisiens et de ceux qui, en Corse, obéissent servilement à leurs ordres.

Pour leur part, les nationalistes ont prouvé la réalité et la fermeté de leur engagement au service de la paix. Leur loyauté n’a pu être mise en doute par personne, notamment à l’occasion du processus de Matignon. Du côté de Paris, c’est une fin de non recevoir qui a répondu à nos offres de dialogue. L’Etat français agit comme s’il pouvait sérieusement envisager de se débarrasser du problème corse par une voie policière ou militaire. Mais il devra, tôt ou tard, se rendre à l’évidence : son comportement ne fait qu’aggraver les choses. Tôt ou tard, Paris devra accepter d’engager le dialogue.

Mais, dans cette attente, nous ne pouvons demeurer passifs en tendant la main, alors que l’on nous tourne le dos. Même si nous restons disponibles pour le dialogue dès lors que celui-ci sera possible, il nous faut aujourd’hui renforcer notre présence sur le terrain des luttes.

S’agissant de la lutte institutionnelle, depuis plusieurs semaines, Unione Naziunale a été le moteur d’une opposition qui a gravement mis en difficulté l’exécutif territorial : sur plusieurs dossiers importants, l’exécutif a été mis en minorité.  Sur d’autres dossiers, le même exécutif a du battre en retraite en retirant purement et simplement son rapport pour ne pas le voir rejeter par l’Assemblée. Dans les semaines à venir, les élus d’Unione Naziunale multiplieront les démarches de mise en cause d’un exécutif inféodé à Paris et qui agit à l’encontre des intérêts du peuple corse. Il est hors de question pour nous de subir, pendant toute une mandature, l’action néfaste de ces élus qui prétendent représenter la Corse en avalisant les agressions contre leur propres compatriotes, allant même jusqu’à féliciter publiquement les gouvernants français lorsqu’ils font emprisonner de jeunes pères de famille, coupables de trop aimer leur pays. Que ces élus ne s’attendent à aucune complaisance de notre part, d’autant qu’ils s’illustrent également par une collusion clandestine entre Camille de Rocca Serra et Emile Zuccarelli, renvoyant notre pays aux heures funestes des partages clanistes sur fond de satisfaction d’intérêts clientélistes, voire d’ordre privé. Nous ne le permettrons pas. Nous nous emploierons, chaque fois que cela sera possible, à rechercher, avec d’autres forces politiques les points de convergence permettant de construire une alternative au système en place.

Mais le terrain institutionnel ne saurait être le seul terrain de lutte. Dans les semaines à venir, Unione Naziunale organisera des actions de masse pour dénoncer les différents périls qui menacent la Corse :

actions contre la spéculation immobilière, contre la disparition programmée de notre langue nationale, contre la décorsisation des emplois. La terre de Corse, la langue corse et le peuple corse demeurent au centre de nos préoccupations et de nos revendications.

Mais la défense de nos intérêts collectifs n’appartient pas aux seuls militants du mouvement national : les Corses ne peuvent leur donner procuration pour défendre seuls et en leur nom ces intérêts. Il appartient donc à l’ensemble de notre peuple de se lever et de refuser la situation qui lui est faite.

Devant la situation critique de notre pays, nous lançons un appel solennel à la mobilisation :

Nous appelons les salariés à rejoindre massivement le STC dans ses combats exemplaires au service du peuple corse.

Nous appelons les travailleurs indépendants à rejoindre les syndicats nationalistes de commerçants, d’artisans, de professions libérales.

Nous appelons tous ceux, et ils sont nombreux, qui sont soucieux de l’avenir de notre langue, à s’engager dans les associations qui ont pour but de la défendre.

Nous appelons tous ceux que les droits de l’homme ne laissent pas indifférents à s’investir dans la défense des prisonniers politiques.

Nous appelons enfin chaque jeune Corse à s’engager, à ne pas être le témoin passif de la situation d’injustice faite à son peuple.

Nous appelons chaque Corse à rejoindre la lutte nationale et les organisations qui la portent.

 

Il paraîtrait, selon M. Sarkozy, que les nationalistes ne sont plus « au centre du jeu politique ».

Ainsi, après l’avoir toujours nié, le gouvernement français reconnaît clairement  aujourd’hui que, depuis plusieurs décennies nous sommes la pierre angulaire de la vie politique corse. Nous prenons acte de cette reconnaissance quelque peu tardive. Toutefois, en ce qui concerne le présent et l’avenir, Unione Naziunale est prête à relever le défi qui lui est lancé. Nous verrons bientôt qui, de ses protégés Ange Santini et Camille de Rocca Serra ou des nationalistes corses aura une action décisive. Mais il ne s’agit pas de montrer que nous sommes « au centre du jeu politique » pour le seul plaisir, bien futile, de se rendre incontournable. Il s’agit simplement de faire respecter les 25 000 électeurs qui nous ont mandatés et que Paris voudrait ignorer, tentant ainsi de les priver de droits civiques.

Nous avons, pour notre part, la ferme intention de faire respecter et prendre en compte le point de vue des nationalistes, au nom de la légitimité que nous confèrent nos dizaines de milliers d’électeurs, au nom de la légitimité que nous confère notre lutte, au nom de la légitimité que nous confèrent nos sacrifices.

Les nationalistes corses sont aujourd’hui, que cela plaise ou non, une force incontournable sans laquelle, et contre laquelle, rien ne se fera de durable dans ce pays.

Mais rappeler cela ne suffit pas pour mettre en perspective un avenir de paix et de développement conforme aux espoirs de tout un peuple.

Les nationalistes doivent impérativement renforcer l’union de toutes leurs composantes pour accéder aux responsabilités, et changer la réalité actuelle.

La démarche d’Unione Naziunale regroupe des militants de courants différents : autonomistes, souverainistes, partisans de l’autodétermination, jusqu’aux indépendantistes que rien ne fera jamais renoncer à leur objectif de souveraineté pleine et entière : l’indépendance nationale. Cette démarche ne pourra que s’amplifier dans les mois à venir et, au-delà des conjonctures électorales, se déployer sur tous les terrains de luttes.

A terme, tous les nationaux corses, sans exclusive, sauront se rassembler dans le respect des diversités et la complémentarité de l’action, non seulement parce qu’il y a ici une terre, un peuple et une culture à défendre, mais aussi parce que c’est à partir de cette réalité là que nous voulons bâtir notre avenir.

Je conclurai cette intervention par un mot de Pasquale Paoli, u Babbu di a patria : « Sè no simu d’accordu, stretti è uniti, tuttu otteneremu ».

Evviva a Nazione,

Evviva l’Unione,

Evviva l’Unione Naziunale.