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CONFERENCE DE PRESSE A PROPOS DES REACTIONS ANTICORSES DANS LES PRISONS

Samedi 12 février 2005


ANDATURA CORSA PER I DRITTI UMANI
a déjà dénoncé la catastrophe humanitaire qui se vit quotidiennement dans les prisons françaises.
Aujourd'hui nous alarmons l'opinion et les autorités compétentes sur l'insécurité des prisonniers corses détenus hors de l'île : ils sont en danger, constamment exposés à des agressions.

Nous nous expliquons :

Le nombre de prisonniers augmente. La longueur des peines, surtout celles de plus de cinq ans, augmente. Il s'ensuit une nette surpopulation carcérale qui détériore les conditions d'hygiène, aggrave la restriction d'espace, de motricité et d'activités. Cela entraîne une augmentation des frustrations et de l'agressivité, avec rixes et agressions.

Le vivre-ensemble carcéral est un vivre-ensemble de groupes. Ces groupes se constituent soit par affinités individuelles soit par appartenance géographique( même quartier, même cité etc.…) ou ethnoculturelle ( basques, corses, arabomusulmans maghrébins etc.…). Par delà certains jeux d'alliance et entraide, les rapports sociaux intergroupes sont conflictuels.

C'est dans ce contexte de rapport de forces intergroupes que les Corses détenus dans les prisons continentales doivent aujourd'hui vivre avec le stigmate d'être corse : nous disons bien stigmate.


En effet depuis un an une construction négative, dépréciative de la personne corse est supermédiatisée.
De la qualification de "terroristes" pour des délits comme ceux de Luri, de la mise en exergue de graffitis, d'arrestations spectacle avec ou sans brutalité voire avec procédés infamants et illégaux comme le maintien d'un sac sur la tête, au spécieux rapport Ruffin émanant du ministère de l'intérieur avec faux débat à Corti sans contradiction admise et manifestation étayée par l'Etat et ses grandes associations à Aiacciu, en passant par la présentation partiale de l'agression de l'imam de Sartè, les références ne manquent pas…

Cette représentation des Corses a été l'objet d'une propagande émaillée d'appels à la "tolérance zéro", à la répression, pire à la mise au ban de la société. Elle est assurée et répandue par les médias français et internationaux qui utilisent la quasi-totalité des genres et registres de la presse audiovisuelle et journalistique. Contre toute déontologie elle pratique la troncature de témoignages et présente une image du Corse xénophobe, intolérant, violent et despotique ( nous serions des colonisateurs refoulés!) .


Cette représentation mensongère des Corses a pénétré par la TV et les journaux dans les prisons où elle ne peut être confrontée à la réalité insulaire.La société carcérale la reflète et l'amplifie dans ses rapports intergroupes.Les codétenus et un partie du personnel pénitentiaire règlent sur elle leur comportement vis à vis des détenus corses.Depuis quelques mois les tensions interethniques s'aggravent et des réactions anticorses sont de plus en plus fréquentes.
Par exemple à la prison de Fleury Merogis, un étage est,de fait,interdit aux Corses.A la prison de la Santé si un groupe de Corses est numériquement faible ,il s'abstient de promenade et activités.Un détenu libéré depuis peu témoignera de ce quotidien conflictuel dans les cours, douches et ateliers.
L'administration pénitentiaire a du pour les plus vulnérables, trop exposés à des agressions anti corses recourir à leur isolement. Une ancienne visiteuse dans les prisons des femmes des Baumettes et de Rennes vous parlera des dangers de l'isolement sur l'intégrité de la personne, mais nous insistons sur le fait qu'il constitue une discrimination.L'administration pénitentiaire est acculée pour assurer le droit à la sécurité de bafouer celui de la non discrimination.Les droits fondamentaux ne se hiérachisent pas et ne se divisent pas.

En l'état ,la prison est une zône de non droit et de désocialisation.


Aussi pour réduire les effets de ces réactions anticorses et les "ingérences"qu'elles entraînent dans les droits des détenus corses, nous préconisons une mesure pragmatique d'urgence qui est le regroupement immédiat des prisonniers corses à l'intérieur de chaque prison, dans le respect des enquêtes.
Il est entendu que cette mesure légale et non onéreuse n'est qu'un paillatif d'urgence face aux dangers de l'insécurité et ne doit en rien retarder le légitime et légal rapprochement des prisonniers de leurs liens familiaux et affectifs.

Car les Corses prisonniers hors de l'île subissent une triple peine :

_ celle de la privation de liberté
_ celle de vivre dans une société injuste et violente, de non droit
_ celle d'être coupé de leurs liens affectifs et familiaux et certains sont soumis à une 4ème peine d'isolement à l'intérieur même de la prison.

Enfin on ne peut parler de l'impérieuse nécessité de rapprocher les prisonniers sans évoquer le chemin de croix de leurs parents qui tentent de combler les carences du pouvoir sans pour autant bénéficier d'aucun aménagement administratif et d'aucune gratuité. Une parente d'un détenu en région parisienne en témoignera.


NOUS EN APPELONS A LA CONSCIENCE DE CHACUN, DE CHACUNE, SOLLICITONS TOUS LES ACTEURS DE LA SOCIETE CIVILE, ASSOCIATIONS, SYNDICATS ET PARTIS ET INTERPELLONS LES ELUS SUR CETTE DOULOUREUSE QUESTION DES PRISONNIERS CORSES.