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Conférence de presse 11 juillet 2005 aiacciu
Contre la répression, pour les droits de l’homme et pour la liberté,
le Comité Anti Répression appelle à manifester à Bastia le jeudi 14
juillet à partir de 18 heures au palais de justice.
Le CAR lance un appel à la mobilisation populaire pour le 14
juillet, à partir du palais de justice à Bastia.
Cet appel prend tout naturellement sa source dans la répression
politique qui ne cesse de sévir contre le mouvement national et dont
l’une des traductions iniques demeure la soixantaine de déportés en
France. En l’occurrence le rapprochement à Borgu de Ghjaseppu
PERALDI , s’il met en relief la crédibilité de l’une de nos
principales revendications ces dernières années, à savoir le
rapprochement, ne saurait être un « blanc – seing » pour les tenants
de l’actuel gouvernement français.
Le CAR attend de ce gouvernement une réelle lisibilité politique de
ses intentions.
Le rapprochement de Ghjaseppu PERALDI doit être suivi d’autres
gestes aussi significatifs et démonstratifs d’une nouvelle volonté :
celle d’apprécier politiquement une aspiration du droit universel à
la différence.
Malheureusement l’actualité rappelle une évidence : celle de la
continuité d’une répression qui vise à affaiblir, intimider, sinon
neutraliser celles et ceux qui ont pour la Corse une conception
identitaire et universelle du devenir.
La récente descente matinale de la D.N.A.T sur Bastia a mis en
évidence ce contre quoi le CAR a mis en garde il y a peu :
l’utilisation de conversations physiques prétendues captées et
enregistrées dans des établissements de boissons et utilisées comme
moyens d’interrogatoires. Les méthodes autoritaires du non moins
arbitraire et cynique PERBEN continuent de sévir. Chacun doit
impérativement comprendre la dangerosité des manipulations
auxquelles toute personne auditionnée ou en garde à vue peut être
amenée à subir.
L’interpellation puis l’incarcération d’un membre de la F.D.S.E.A. à
Paris rappelle également la continuité des méthodes Courroye dont
l’instruction honteuse et instrumentalisée s’est traduite par les
lourdes condamnations que l’on connaît, totalement disproportionnées
en matière judiciaire et pénale avec les faits reprochés.
La situation est évidente : la Corse n’est vue à Paris que sous le
prisme déformant d’un pseudo combat anti – terroriste, alors que
nombreuses sont les voix pour demander un rapprochement général et
la mise en place d’un véritable dialogue prélude à l’amorce d’une
solution politique.
Aujourd’hui, plus d’une soixantaine de prisonniers politiques sont
toujours exilés, emprisonnés et éparpillés dans les différentes
prisons de France. Bien loin d’une solution politique, l’Etat
français continue à lancer de la poudre aux yeux en rapatriant un
prisonnier politique par an en Corse, pour faire croire qu’il
applique ses propres lois ou les directives européennes. Et pendant
ce temps, la répression toujours plus forte, toujours plus lâche,
s’abat froidement sur des patriotes sincères. Les années de prison
distribuées se comptent désormais en siècles, et chaque mois la
liste des prisonniers politiques s’agrandit.
L’Etat français tente depuis plus de deux siècles de nous priver de
notre culture et de notre Histoire, mais il est un fait que chaque
corse sait. Si la Corse a été souvent conquise, elle n’a jamais été
soumise, et le peuple corse n’est pas peuple à baisser la tête
devant l’adversité ou encore moins, sous les coups de bâton !
Nous avons choisi symboliquement la date du 14 juillet pour
manifester notre colère dans les rues de Bastia car c’est l’occasion
pour nous de rendre hommage aux Nationaux corses qui ont accompli il
y a 250 ans, un véritable exploit, réussir à organiser un Etat
indépendant et démocratique, à une époque où les Français se
prosternaient devant un roi de droit divin, et les autres européens
devant des empereurs ou des monarques.
Le 14 juillet 1755, à la cunsulta du couvent Sant’Antone di a
Casabianca, Pasquale de’ Paoli est élu général (unique) de la Nation
Corse.
Le lendemain, Paoli est accueilli en triomphe par la cunsulta.
L’indépendance est proclamée, au nom du droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes. Celui qui deviendra u babbu di a patria est chargé de
rédiger une constitution pour la Corse qui en fera la première
démocratie de type moderne en Europe. Une démocratie qui fera
l’admiration des philosophes français, et une constitution qui
inspirera celle des Etat Unis d’Amérique de 1787.
Lors de cette cunsulta qui se terminera le 15 juillet 1755, il est
décidé que « si des troupes de quelque puissance que ce soit, sans
exception », venaient en Corse pour combattre, il y serait opposé «
la force à la force », même au prix du sacrifice de toute la nation.
De plus, la cunsulta décrète également « une guerre perpétuelle » à
la République de Gênes et « à toute puissance qui l’assurerait de sa
protection », c'est-à-dire à la France entre autres.
Cette déclaration est de toute première importance, et ce n’est pas
un hasard si à l’image du reste de cette période, cette partie
importante de notre Histoire est passée sous silence. En effet,
cette cunsulta légitime tout simplement tous ceux, qui encore
aujourd’hui, combattent pour la liberté de la nation corse, ils ne
font que continuer à mettre en application les décrets de cette
cunsulta ! Ce n’est pas une guerre de 10 ans, de 20 ans ou de 100
ans qui a été décrétée, mais bien une guerre perpétuelle ! Elle
cessera quand la Corse sera de nouveau libre.
Dans une lettre à son père le lendemain de cette cunsulta, Pasquale
de’ Paoli dira que son premier soucis est de « punir les délits,
empêcher les ligues et de maintenir l’union ». Une leçon à retenir
pour tous, l’union avant tout et une preuve de plus de l’attachement
des Corses à la Justice.
C’est donc bien ce 14 juillet 1755 qui mériterait d’être fêté en
Corse bien plus que le 14 juillet 1789. Mais, aujourd’hui, en 2005,
notre Histoire est toujours passée sous silence par le système
scolaire qui est devenu un outil de propagande de l’Etat français et
de francisation à outrance de notre jeunesse. De Napoléon, on en
entend parler à l’école, mais de Paoli et de l’indépendance, que
nenni ! « Cacher cette indépendance que je ne saurais voir »
pourrait-on presque entendre…
Depuis des temps immémoriaux, le peuple corse est épris de liberté
et de justice. Mais malheureusement, à part lorsque la Corse était
gouvernée par des Corses au XVIIIème siècle, nous n’avons jamais eu
droit ni à la Justice ni à la liberté. Contrairement à ce que
certains voudraient faire croire, ce n’est pas la révolution
française de 1789 qui a changé cet état de fait, au contraire, elle
l’a institutionnalisé… Et ce n’est pas un hasard si dès 1793 la
Corse se détournait de cette révolution alors qu’elle y avait adhéré
de manière enthousiaste croyant voir enfin triompher les idées que
Paoli et les nationaux avaient mis en pratique quelques décennies
plus tôt.
La Corse a été dépouillée de sa langue, de sa culture, de son code
familial et terrien, de son organisation politique multimillénaire,
de ses liaisons méditerranéennes, de ses statuts, de ses coutumes,
en un mot de son Histoire dont le pouvoir français exigea qu’elle
commençât en 1789.
La Corse, nation libre et ouverte au monde au siècle des Lumières, a
été plongée et maintenue, délibérément maintenue, dans l’ère du
sous-développement.
La Corse n’a jamais connu d’autre état de droit que celui imposé par
la violence.
L’Etat français est fidèle en cela, depuis plus de deux siècles, à
sa désormais trop habituelle attitude répressive envers le peuple
corse.
Malgré les murs des prisons, les lourdes condamnations, les dures
déportations, le quadrillage policier aux méthodes sophistiquées, et
la surdité et l’aveuglement des gouvernements français, notre
mobilisation demeure intacte.
Le CAR continuera avec toutes les forces progressistes et citoyennes
à s’élever et dénoncer l’arbitraire qui régit le quotidien de notre
terre, arbitraire sur lequel un grand nombre d’élus de l’ordre
républicain français préfèrent se taire par avilissement sinon par
lâcheté.
Après le 14 juillet, il y aura encore d’autres actions, d’autres
mobilisations, autant de gestes démonstratifs qui nourrissent ce qui
manque pour notre pays : la liberté d’être avec toute sa projection
citoyenne. Après le 14 juillet le CAR continuera inlassablement à
réclamer là où toute voix peut s’entendre la nécessité de traiter
globalement et humainement la question des prisonniers politiques
corses.
LE COMBAT POUR LES DROITS DE L’HOMME ET DU PRISONNIER POLITIQUE
CONTINUE !!!
Incù elli, accant’à elli, dimu di nò à l’inghjustizia culuniale !
Eviva u populu corsu !
Libertà per i patriotti !
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