JDC du 07 04 00
A propos d’outrances
verbales
La modernité et la concurrence féroce qui règnent sur la
Toile permettent aujourd'hui de monter seul son site
Internet pour zéro centime. Cela permet une formidable
liberté d'expression en même temps que toutes les dérives
attenantes. Un nationaliste indépendant a créé son site en
jouant sur la confusion du terme " Unità ". Après le vote de
l'assemblée territoriale, il a cru drôle d'inciter son
maigre public à donner des noms d'oiseaux aux élus de la
motion majoritaire promettant de les inscrire sur son écran.
C'était regrettable mais proprement inévitable. Et s'il y
avait vraiment eu délit cela pouvait être réglé devant les
tribunaux puisque aujourd'hui (contrairement à ce qui est
dit ci ou là) les sites Internet sont passibles des mêmes
condamnations que les médias sur papier.
Généralement, pour éviter les bavures, les sites ont d'autre
part l'habitude de filtrer les messages grâce à un "
modérateur ". C'est fait en général. Ce site a donc " incité
" ses visiteurs à couvrir les élus majoritaires de noms
d'oiseaux. Je me suis donc rendu sur ce site pour mesurer
l'importance du crime. Il comportait cinq photos et un
message injurieux, un seul dont nul ne peut dire qui en
était vraiment l'auteur. Et voilà que ce site unique,
produit par une personne seule, comportant un message
orphelin, devient une affaire d'état pour élus en mal
d'amour.
À les croire, la politique en Corse aurait toujours été
affaire d'hommes et de femmes policées (dans le sens de bien
élevées bien entendu). Que le procédé utilisé sur ce site
soit regrettable est une évidence et il faut le combattre
(en un seul mot). Mais cela justifie-t-il en retour, les
exagérations de tous ceux qui veulent faire oublier le
véritable débat actuel : l'avenir de la Corse ? Est-ce la
première fois que les uns et les autres s'envoient du "
fascistes " à la figure d'un air condescendant (en un seul
mot) ? Est-il bien raisonnable de tomber dans l'outrance (en
un seul mot encore) dont a fait preuve Nicolas Alfonsi,
lorsque celui-ci appelle à l'aide l'ombre gigantesque du
philosophe Henri Bergson (celui qui a dit que le rire était
le propre de l'homme justement). Nicolas Alfonsi se
comparait modestement au vieil homme qui, en 1941, avait été
chercher son étoile jaune au commissariat.
Et alors ? En 1941, le malheureux Bergson, qui devait mourir
peu après, fut obligé de porter cette marque infamante tout
simplement parce que les autorités collaborationnistes le
considéraient comme " juif ". J'avoue ne pas très bien
suivre Nicolas Alfonsi dans sa démonstration, à moins qu'il
n'ait cru que le pauvre homme s'était rendu chez les
policiers par pure solidarité, ce qui ne fut pas le cas.
Quant au parallèle établi par notre bon maître du barreau
entre les élus de l'assemblée corse et les 300.000 Français
d'origine juive (dont il faut rappeler que les trois-quarts
moururent en camp d'extermination), on appréciera à sa juste
valeur la délicatesse du procédé. Et comment ne pas rester
béat d'admiration devant ce paradoxe rhétorique qui veut que
pour dénoncer des paroles exagérées, Nicolas Alfonsi traite
ses adversaires politiques de partisans avec une plus grande
exagération puisqu'il sous-entend que la Corse vivrait une
période semblable à celle de l'Occupation, oubliant
d'ailleurs qu'il appartient à la majorité élue ? À trop
vouloir comparer des situations qui n'ont rien à voir, et à
trop vouloir ressentir le délicieux frisson d'un
martyrologue fantasmatique, on finit par tomber soi-même
dans le dérisoire. Pire, grâce à un discours sans nuances,
on détruit insidieusement des hiérarchies morales entraînant
inconsciemment les esprits faibles vers des révisions
douteuses de l'histoire.
Je ne soupçonne pas une seconde Nicolas Alfonsi de désirer
un tel résultat mais ses paroles ne portent pas plus que
celles de nationalistes lorsqu'ils parlent de déportations
ou de dragonnades pour quelques arrestations. Dieu merci, le
fait d'être verbalement bousculé lors d’un débat politique
n'a rien à voir avec l'extermination volontaire d'une
population pour ses origines raciales. Et les Guignols, avec
tout leur mauvais goût, sont loin d'être les clones (pas
mêmes les clowns) de Goebbels ou d'Hitler. Paul-Antoine
Luciani a eu raison de protester contre les insultes
proférées sur le site Internet. Il est d'ailleurs
regrettable que, le doublant sur sa gauche, l'assemblée
corse ait voté un texte passe-partout, condamnant toutes les
outrances verbales comme si la démocratie n'exigeait pas
parfois de muscler la parole afin que l'agressivité reste
orale et ne se transforme pas en violence physique. La
pensée unique et pseudo moralisante a frappé de sa férule
nos élus toutes tendances confondues et c'est bien
regrettable. Donc Paul Antoine Luciani a eu raison sur le
principe. Il ne doit pas oublier qu'Internet a aussi servi
aux réseaux anti-OMC qui ont remporté une belle victoire à
Seattle.. Mais quand on y pense, comment aurait-on soupçonné
ce vaste corps au puissant organe (vocal bien entendu) de
cacher cette délicatesse digne d'une pensionnaire du Couvent
des Oiseaux. ! PAL, grand républicain devant l'Éternel,
devrait lire les diatribes de ses héros révolutionnaires
d'autrefois, français ou soviétiques ! Il comprendrait ce
que c'est que la polémique au sens sanguinolent du terme ! "
Que les têtes roulent ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons
! ". Il devrait écouter les débats du Parlement et entendre
les épithètes échangés par les honorables représentants du
peuple français : crétin des Alpes, voyou, cocu etc.
Voici un aperçu de la table des matières énoncées par nos
élus toutes tendances confondues. En Corse, nous sommes fort
heureusement bien loin de ce jaillissement barbare. Plus en
arrière. Je relisais avec nostalgie les archives de vieux
numéros de l'Humanité : "vipère lubrique, chien de
trostkyste, hyène impérialiste, bête venimeuse dont il faut
écraser la tête, crapaud baveux etc." autant d'adjectifs qui
désignaient ceux qui n'étaient pas d'accord avec le Parti.
Le Maréchal Tito était publiquement accusé par Jacques
Duclos, lors d'un meeting, salle de la Mutualité, d'avoir
des relations sexuelles avec son chien. De la subtile
dialectique matérialiste ! Plus près de nous, François
Mitterrand recevait, il n'y a pas si longtemps le titre de
"pacificateur de l'Algérie au lance-flammes", "d'individu
douteux" etc. En Corse même, les nationalistes furent
abondamment été accusés de "fascisme", "d'irrédentisme" de
"gangstérisme". Je peux témoigner, de mon côté, d'insultes
qui me furent adressées avec une égale alternance par les
nationalistes comme par les anti-nationalistes. Ca n'est
jamais agréable mais de là à jouer les vierges effarouchées.
Là encore (ça devient une habitude) je suis entièrement
d'accord avec Paul Giacobbi, la politique n'est pas faite
pour les orgueilleux.
Une non-affaire
On aura compris que cette affaire d'Internet pourrait bien
n'être qu'une tactique destinée à déporter le débat de fond
pour faire oublier l'essentiel des discussions portant sur
l'avenir de la Corse.
Par Gabriel-Xavier Culioli
Après cette jolie analyse sur le Site
Unità Naziunale et son auteur, je me suis permis d'écrire à
Gabriel Xavier culioli pour lui dire ceci :
Monsieur Culioli,
suite à votre article
paru dans le journal de la corse sur la réflexion que vous a
inspiré le site Unità Naziunale et l'article injurieux, je
me permet de vous écrire.
La seule fausse note dans
votre article : (...)Un nationaliste indépendant a créé
son site en jouant sur la confusion du terme " Unità(...).
Je n'ai pas utilisé le sigle Unità dans le but de
m'approprier un nom pour faire un amalgame entre le parti et
le site, surtout que le site a été crée en Août 99, donc
bien avant la réunion des nationalistes autours du sigle
Unità. J'ai réellement crée ce site Unità Naziunale en
espérant une réunion de tous les nationalistes au sein d'une
seule structure et dans le but de créer un site portail de
tous les sites se battant pour la corse. Et si cela a
vraiment de l'importance pour la véracité de vos propos, je
vous conseillerais de vérifier auprès d'internic ou tout
simplement d'aller sur cette url :
http://www.nfrance.com/index.php3?lien=services1.html
En saisissant le nom du site
.ORG vous trouverez les informations relatives au site Unità
Naziunale.
Administrative Contact, Technical Contact, Zone Contact,
Billing Contact:
UNITA-NAZIUNALE
Record last updated on 23-Aug-1999.
Record expires on 23-Aug-2001.
Record created on 23-Aug-1999.
Database last updated on 18-Apr-2000 04:35:42 EDT
Pour le reste de l'article,
il n'y a rien a dire... Même pour les maigres visites
:-))
Merci.
Sentimenti Fraterni
Anthony Simonpoli
:-))
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