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REVENDICATION DE L'ASSASSINAT DU PREFET ERIGNAC
REVENDICATION :
Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
est la source des droits de l'homme. Le Peuple Corse, naturellement, a le droit
de vivre libre sur sa terre. Ce droit reconnu par la Charte des Nations Unies
nous est nié depuis des siècles par les grandes puissances politiques qui ont
fait débarquer en Corse leurs armées de conquête et d'occupation. Des Romains
aux Génois puis aux Français, la Corse a été maintenue sous un contrôle
militaire tyrannique, malgré les innombrables soulèvements de résistance
patriotique. La dure réalité de cette oppression a toujours été incarnée par un
gouverneur, à présent appelé préfet, dont la seule mission est le maintien de
l'ordre colonial. Sur le fond politique rien ne distingue un gouverneur type
Marbeuf d'un préfet modèle Erignac. Seules les apparences ont changé :
aujourd'hui le représentant en Corse de l'Etat français affirme sans vergogne
être le garant de la "paix civile", "du développement économique" et de "la
sauvegarde de l'identité corse". Le langage a un peu évolué sur la forme depuis
le temps des colonies africaines, mais l'esprit colonial est le même : au nom de
"l'ordre républicain" (qui n'est autre en Corse que l'ordre colonial, la Corse
indépendante et démocratique de Pasquale Paoli n'ayant disparu que sous les
coups des armées françaises venues imposer l'Ancien Régime !). Le préfet a pour
rôle premier de maintenir l'état de dépendance économique de la Corse au profit
de la France, de mener à son terme l'entreprise d'uniformisation par la
francisation culturelle, une des armes les plus redoutablement efficaces étant
la poursuite de la colonisation de peuplement par l'implantation massive de
fonctionnaires français.
Seule la résistance nationale du Peuple corse a permis de faire reculer ces
funestes projets coloniaux; elle a à son actif le départ de la Légion de la
plupart de nos villes, la réouverture de l'université à Corti, le coup d'arrêt
porté à la folie destructrice de notre patrimoine naturel par la bétonnisation
touristique du littoral, la réduction massive des opérations de colonisation
agricole menées par des exploitants importés à la seule motivation spéculatrice,
et surtout le changement profond de mentalité qui fait que l'exil n'est plus
perçu comme une fatalité inéluctable. Ces avancées ne sont pas le fruit
d'intrigues de couloir ou de pseudo-promesses de gouvernants français subitement
"éclairés"; elles découlent de la seule lutte, celle du coeur et des tripes.
"Un révolutionnaire, ou il gagne ou il
meurt"; "On ne transige pas avec le colonialisme, on l'abat". Tels étaient les
principes publiquement exprimés au moment des événements d'Aleria par un leader
qui a puisé son charisme d'une lutte populaire porteuse d'espoir, d'idéal et de
générosité.
Non, la lutte d'émancipation nationale n'est pas un échec comme voudraient le
faire croire certains relais du pouvoir colonial. Le bilan de ces deux dernières
décennies est sans l'ombre d'un doute positif. Une nouvelle génération, qui a
mûri dans la dynamique des années 1970, assume aujourd'hui une large part des
responsabilités politiques, économiques et culturelles sur des bases corsistes.
Ce qui semblait pure utopie il y a 20 ans, violemment combattu par le vieux
clan, fait à présent l'objet d'un large consensus : la maîtrise des transports,
la nécessité d'un code des investissements, la promotion de la langue,
l'économie identitaire, voire un statut fiscal.
Mais en raison du reniement ou de la trahison de nombreux leaders des mouvements
nationalistes, de l'action souterraine des services spéciaux et de la
franc-maçonnerie (fréquentée assidûment par tous ceux qui se targuent sans
vergogne de "démocratie" et de "transparence" alors qu'ils n'agissent que dans
l'ombre et l'opacité), la revendication nationale corse a été dénaturée,
dévitalisée et même discréditée par tous ceux qui, manipulés, les uns comme les
autres, par les officines de l'Etat français, portent la responsabilité
historique d'avoir assassiné d'autres nationalistes et de s'être fait ainsi des
agents actifs de la politique coloniale.
De ce fait, la question fondamentale a été jusqu'ici soigneusement et
volontairement occultée : la souveraineté du peuple corse et la reconnaissance
de son droit à l'indépendance.
La seule raison d'être de l'action d'un
patriote corse est de reconstruire une Corse souveraine, indépendante et libre
dans ses choix politiques, économiques et culturels. Une Corse fraternelle et
démocratique, ouverte sur le monde et riche de ses différences.
Dans ces conditions, l'action que nous revendiquons aujourd'hui est parfaitement
réfléchie et hautement politique. Elle n'est pas le fruit d'une quelconque
dérive ou l'action isolée de "soldats perdus" de la lutte nationaliste, encore
moins une oeuvre barbouzarde, comme certains ne manqueront pas de l'affirmer
pour masquer leurs contradictions profondes.
Elle est l'acte politique qui pose au niveau international l'avenir de la Corse
en termes clairs : la Corse veut entrer dans le troisième millénaire en
situation de souveraineté. Aucun mouvement politique ne peut prétendre à lui
tout seul incarner le peuple : par un respect scrupuleux des principes éthiques
et de la morale publique, le Peuple corse, dans une démarche pluraliste et
démocratique, peut et doit exprimer ses choix fondamentaux. Par des relations
étroites reposant sur le respect des intérêts réciproques, avec tous ceux qui
respectent le droit des peuples à l'existence.
Mais les règles doivent être claires et transparentes. Le préfet Erignac a porté
à un haut niveau l'action coloniale implacable mais "à visage humain", perfide
et insidieuse, s'impliquant personnellement sur des terrains multiples. Dans le
domaine agricole, par des personnels à sa solde, il a joué un rôle sournois,
bénéficiant de complicités actives. En matière d'environnement, il n'a pas
hésité à contredire certains organismes officiels, au détriment de la défense
des terres agricoles ou du patrimoine forestier. Quant aux P.O.S, l'accord
préfectoral est en soi une signature-déclaration de guerre au peuple corse :
dans l'extrême sud, où sous prétexte de parc naturel, toutes les opérations
visent à l'ouverture de secteurs du littoral jusqu'ici protégés à l'urbanisation
sauvage et au tourisme de masse synonyme de bétonisation.
Le préfet a enfin joué un rôle délibérement militant dans la répression qui
frappe des patriotes corses sincères dans leur idéal.
Au peuple corse d'ouvrir les yeux et de
considérer les véritables enjeux : les élections ne sont qu'une péripétie
anodine dont le seul avantage est de démasquer les ambitions des arrivistes
politiciens de tous bords assoiffés des apparences du pouvoir. Ils n'aspirent
qu'à redistribuer les subventions publiques pour de seuls objectifs claniques.
Le soutien apporté de fait par le R.P.R à des mafieux, les manoeuvres en tous
genres de la gauche jospiniste pour maintenir le statu quo, et le spectacle
affligeant de mouvements se réclamant pour quelque temps encore du nationalisme
(dont les responsables jouent les matamores publics ou pseudo-clandestins pour
tenter d'assouvir de simples ambitions personnelles alors qu'ils ont vendu leur
âme en acceptant dissolution et "processus de paix" sous la dictée des
dirigeants français) manifestent la réalité des dévoiements de la classe
politique en Corse, mais surtout le degré alarmant atteint par la normalisation
et la francisation.
Les élections ne sont pas en soi un gage de
démocratie et encore moins en Corse où la France appuie son impérialisme sur un
clanisme imposant des pratiques électorales dignes des Républiques bananières :
listes épurées puis regonflées comme des baudruches sans aucun rapport avec
l'évolution démographique, alliances contre-nature qui en disent long sur
l'intérêt porté à de prétendus "programmes politiques", chantage à l'emploi ou
au logement au prix de quelques voix arrachées sur fond de misère sociale et de
précarité. Voilà le vrai visage de ces professionnels de la candidature,
viscéralement attirés par la soupe électorale. Ces élus, repus de subventions et
des aides de l'Etat, sont les fossoyeurs de notre pays. Le Peuple corse, dans
toutes ses composantes vives, est désormais devant des choix historiques.
La France, atteinte par une profonde crise d'identité, plus grave encore que
celle qui touche son économie, voudrait nous entraîner dans son déclin et ses
dérives. La Corse rejette la dépendance de cet Etat colonial qui n'a jamais
hésité, contre les peuples en lutte, à jouer de la répression sanglante; les
massacres de Sétif et d'Ouvéa s'inscrivent dans la logique de la déportation et
de l'extermination de centaines de patriotes corses au bagne de Toulon.
La Corse n'a jamais voulu d'un "ordre républicain" géré par des énarques moulés
dans le conservatisme et qui engendre naturellement des monstres froids comme
Bousquet ou Papon.
La Corse refuse de se soumettre à l'Europe répressive qui s'est structurée sur
le dos de peuples entiers encore aujourd'hui niés dans leur existence même, à
l'Europe prétendument communautaire conçue et gérée pour les seuls intérets de
groupes multinationaux.
Le Peuple corse doit pouvoir s'exprimer en tant que tel pour apporter sa pierre
à la construction d'une Europe des peuples, sociale et ouverte sur le monde.
Mais la Corse ne peut être elle-même sans la reconnaissance de sa dimension
méditerranéenne.
A chacun d'agir selon ses compétences, sur
tous les terrains potentiels, par des actions spontanées et populaires. Chaque
patriote a le devoir de rendre à la Corse ce qu'elle lui a donné. Plus que
jamais, à chacun d'assumer ses responsabilités pleines et entières, dans le
respect rigoureux d'une approche pluraliste de la lutte, plus indispensable que
jamais, et qui ne saurait être réduite à un sigle quel qu'il soit. N'en déplaise
à des observateurs peu avertis qui nous affublent de sigles fantaisistes. Nous
ne sommes pas un ènième mouvement, renaissant, dissident ou en gestation. Nous
sommes les fils de cette terre, jaloux de ses valeurs ancestrales, comme à
l'époque de Sambucucciu ou de Sampieru, profondément attachés aux principes
humanistes, ceux mis en pratique sous la Corse indépendante de Pasquale Paoli.
Plus que jamais l'heure est à la lutte. Dans le droit fil des luttes populaires
pour la liberté contre toutes les oppressions, nous réaffirmons solennellement
notre volonté inébranlable de construire une Nation corse libre, démocratique et
souveraine.
L'arme utilisée pour l'action contre le préfet Erignac provient de la
gendarmerie de Petrosella (MAS sous licence Beretta A 00199).
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