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Message d'une prisonnière politique basque emprisonnée à Bapaume (France) qui devrait être expulsée vers l'Espagne le 2 juillet.

Le 1er Juillet 2007 : (Corse - Sulidarità Internaziunale) J'arrive à la fin de mon séjour par ces terres, mais je ne veux pas partir sans vous dire que votre solidarité a été précieuse pour moi.

En prison, comme ailleurs, ce n'est pas possible de lutter toute seule, car la machine qu'on a en face de nous est très puissante, et de « notre côté » on trouve trop souvent la détresse des damnés de la terre. Mais vous avez réussi à surmonter les murs et les barbelés, et ensemble on a été capables de mener de petites batailles indispensables pour parvenir à un monde plus juste où tous les peuples, et toutes les personnes puissent vivre en liberté et dignité.

Et il faut continuer !

Continuer le combat sans oublier que Nathalie et Fernando ont déjà laissé plus de 20 ans de leur vie en prison, qu'Aintzané va se trouver elle aussi encore plus éloignée du Pays Basque, et que de ce côté des murs il reste beaucoup de personnes qui subissent l'oppression.

Avançons ensemble parce que La SOLIDARITE et l'INTERNATIONALISME sont notre force.

Merci Camarades.

Gora Euskadi Ta Askatasuna !! »

Témoignage de Lorette Lucantis

 C'est aujourd'hui donc, 2 juillet, qu'Agurtzané Delgado Iriondo, 48 ans, prisonnière politique basque, va être « libérée » de la prison de Bapaume pour être conduite vers les prisons espagnoles. Arrêtée à Bayonne, le 15 septembre 2000, elle a été condamnée par les tribunaux d'exception français à  9 ans de prison en 2003. Sa peine finie en France, elle va être remise à l'état espagnol où elle a été condamnée à 18 ans en 2004 par l’Audience Nationale (tribunal spécialisé dans la répression contres les militants basques) en tant que membre du « commando Madrid ».

 

Agurtzané, donc, est restée environ 4 ans à Bapaume, une parmi les 146 prisonnier(e)s politiques basques actuellement incarcéré(e)s en France, et va se retrouver en Espagne une parmi les 450 prisonnier(e)s politiques basques incarcérés là-bas !

En France comme en Espagne c'est la politique de dispersion qui prévaut, ce qui veut dire que la plupart des prisonniers basques se retrouvent le plus souvent seuls, et très loin de leurs familles... Bapaume, faut-il le rappeler ? est à plus de 1000 kms du Pays Basque !

Ce n'est pas pour autant qu' « ils » vont renoncer à envoyer des Basques à Bapaume,  puisque Aintzané arrive, probablement aujourd'hui... Et que les 145 autres sont dispersés dans toutes les prisons de France !

 

Mais si les conditions de détention ne sont drôles pour personne en France, elles sont bien pires en Espagne...

La dispersion y est bien sûr également la règle.

« Les militants basques sont l'ennemi n° 1. Et comme m’écrit une prisonnière basque avec qui je correspond «  pour nous c'est direct l'isolement »... Il arrive que l'isolement soit partagé avec d'autres prisonnières politiques (basques, ou Grapo... ) mais il arrive aussi souvent que l'isolement soit la solitude complète... « c'est très différent d'être à deux ou seule, à deux au moins on peut partager les promenades, et parler... j'ai passé des jours à ne pas entendre ma voix... »

Les détenu(e)s peuvent téléphoner à des numéros donnés à l'avance, 5 fois par semaine et pendant 5 minutes chaque fois... Conversations écoutées bien sûr !

Cette prisonnière ajoute : « ...  20 heures de cellule par jour, 4 heures de promenade. La promenade on la fait dans des cours différentes, l'une fait 10 mètres sur 10, on y sort pendant 2 heures et demie, l'autre 10 mètres sur 1,65 et on y sort pendant une heure et demie... Cette dernière cour est si petite que la plupart du temps on renonce à y aller. Les activités c'est zéro. Alors il faut inventer pour passer la journée... »

Les parloirs, 20 minutes (40 minutes, parfois, pour ceux qui viennent de très loin) derrière une vitre, avec téléphone... Pour les avocats aussi c'est l'hygiaphone, avec les dérives que l'on peut supposer... c'est ainsi que des morceaux de conversations privées ont pu se retrouver devant les tribunaux ou dans la presse !

Les lettres sont microfilmées, et là aussi des extraits de ces lettres peuvent se retrouver comme « pièce à conviction », ou dans les journaux. C'est sans doute la raison pour laquelle celle dont je vous donne quelques extraits a mis 24 jours à me parvenir !

Et l'état espagnol invente sans cesse de nouvelles lois pour que ne puissent pas sortir ceux qui ont terminé leur peine (ce qui fut le cas d’Inaki et pas mal d’autres...) pour que les remises de peine soient supprimées pour les prisonniers basques, pour que la prison soit l'équivalent d'une peine de mort... Et pour que de plus en plus d'opposants soient mis en prison puisqu'a même été inventé le concept d’arrestation préventive pour ceux qui seraient susceptibles de vouloir un jour mener une action militante.

N'oublions pas non plus qu'en Espagne torture et mauvais traitements existent toujours lors des gardes à vue : 5 jours + les 8 premiers jours d’incarcération  sans avoir le droit de communiquer avec quiconque, y compris un avocat... et que ce sont ceux qui dénoncent ces tortures qui sont punis ! Une manifestation le rappelant a eu lieu le mardi 26 juin à Bruxelles devant le Parlement européen.

 

C'est avec grand plaisir que j'ai rendu visite à Agurtzané, avec une grande émotion que je lui ai dit au-revoir hier.... et ce que je n'oublierai pas c'est ce constant souci de solidarité dont elle a fait preuve à Bapaume : envers Joëlle, aujourd’hui décédée, et Nathalie (membres d’Action Directe)  et Fernando (militant communiste Espagnol) mais aussi envers toutes les autres détenues à qui elle a constamment répété que dignité et solidarité sont les valeurs premières à cultiver, qu'il ne faut pas accepter la prison comme allant de soi, et qu'il faut lutter aussi pour en finir avec toutes les prisons. 

 

Le 2 juillet 07- Lorette LUCANTIS -  lorette.lucantis@gmail.com

 Comité Solidarité Basque Lille – csblille@aol.com

 

 

 

Source photo : Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :  Unità Naziunale

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