Le
4 mai 2007 : Cuscenza Viva a organisé, le 4 mai, au cinéma Empire
d'Ajaccio une soirée de soutien à tous les prisonniers politiques.
Au programme, les trois groupes ARAPA, ALTA VOCE et l'ARCUSGI; la
salle aurait dû être comble.
Nous reproduisons,
ci-dessous, le texte de l'intervention de Cuscenza Viva lue par
Ghjuvan'Marcu RODRIGUEZ:
En août 2005, Alain FERRANDI
et Philippe FABRI ont subi une agression terrible au sein de la
prison de Clairvaux. Depuis cette tentative d’assassinat, ils sont
les symboles de l’injustice qui peut être faîte aux enfants de la
Corse.
En avril 2006, devant les atermoiements de la justice française,
nous avons décidé de créer le comité de soutien « Cuscenza Viva »
qui est représenté par des hommes et des femmes de tous horizons qui
ne veulent que la justice mais toute la justice :
la justice pour l’élucidation rapide de cette tentative d’assassinat
;
la justice pour la simple application des lois françaises en ce qui
concerne les lieux de détention des prisonniers ; la justice enfin
pour que notre lutte soit reconnue comme politique et que nos
combattants obtiennent un statut digne de leur engagement.
Cuscenza viva s’est ouvert par la suite à d’autres prisonniers et
notre Comité a essayé d’amener une réflexion nouvelle au sein de la
mouvance nationale. Notre engagement est sans équivoque, nous ne
sommes en concurrence avec personne. Nous sommes des nationaux de
différentes sensibilités, des nationaux libres.
Pour participer à la nécessaire refondation du mouvement national,
nous avons immédiatement intégré la Cunsulta naziunale puis la
plateforme Resistenza initiée par la Coordination du Fium’orbu.
En relation avec les associations et les syndicats, notre
participation se veut constructive dans une dynamique commune qui
doit fixer de véritables axes de lutte politique et de nouvelles
formes de combats sociaux. Resistenza doit activer des
contre-pouvoirs actifs sur le terrain en dehors des clivages et
intérêts partisans et ne doit surtout pas devenir un vecteur
électoral, source de divisions. N’est-il pas plus cohérent de
concentrer nos énergies et notre volonté pour faire reculer la
précarité ou se réapproprier notre terre de Cavallo, par exemple ?
Présentons un front uni et imaginatif autour d’un projet de société
cohérent et respectueux de notre identité.
Cette entreprise menée avec tous les nationaux doit nous amener, à
terme, à l’émancipation de tous les Corses.
Cette logique d’union et cette solidarité doivent être répercutées à
tous les niveaux, y compris en milieu carcéral ; tous les
prisonniers politiques ont des droits, droit à notre respect
militant, droit à notre soutien inconditionnel sous toutes ses
formes.
Mais, pour que l’enfer des prisons ne soit pas pavé que de bonnes
intentions, les prisonniers politiques ont aussi des devoirs les uns
envers les autres, quel que soit leur bord, quels que soient leurs
états d’âme. Le comportement de chacun peut avoir des effets aussi
inattendus que pervers.
Ce qui peut passer pour un soutien, aussi minime soit-il, aux
agresseurs d’Alain Ferrandi et Philippe Fabri pourrait faire croire
que ces derniers sont isolés et pourrait donc mettre, à nouveau,
leurs vies en danger.
Je voudrais en terminer par l’actualité.
Puisque nous avons pris la mauvaise habitude de vivre au rythme des
échéances électorales françaises, je tiens à vous signaler que ce
mois de mai est fertile en évènements et anniversaires, les Français
et autres francisés sont appelés à choisir leur président. Ils
devront choisir entre deux candidats, soutenus en Corse, par les
clans qui, depuis toujours, déchirent notre pays pour mieux se le
partager.
Les clans de ceux qui se délectent de la politique ultra sécuritaire
et des propos anti-corses de leurs candidats. Nous l’avons encore vu
ce week-end à Porto Vecchio.
Je voudrais leur dire à tous ceux-là que, nous aussi, nous faisons
partie d’un clan :
nous sommes du côté de ceux qui ont donné leur vie au Querciolu, à
Ajaccio, à Aix en Provence, à Corte ou à Solaro ;
nous sommes du côté de ceux, quels qu’ils soient, qui sont tombés
sous des balles ennemies et pourtant fraternelles ;
nous sommes du côté de ceux qui ont malheureusement décidé de partir
parce qu’ils avaient perdu la confiance et l’espoir de voir un jour
la Corse libre ;
nous sommes du côté de ceux qui ont sacrifié leur liberté pour un
idéal ;
nous sommes enfin du côté de ceux qui naissent aujourd’hui alors que
l’avenir est sombre.
Alors, pour le passé glorieux des uns, pour le présent carcéral
inhumain des autres et pour dégager l’horizon de nos enfants, je
voulais vous demander ce soir de redonner l’espoir à ce peuple, à
notre peuple.
Dans la nuit du 4 au 5 mai 1976, une nuit de feu annonçait le début
de la lutte et la création du Front de Libération Nationale Corse.
Cette nuit, exactement trente et un ans après, solidaires et unis,
nous aurions pu montrer que la résistance est toujours en place.
J’aurais souhaité que cette nuit soit une nouvelle nuit de feu, une
nuit bleue de fraternité.
Nous aurions pu faire front pour redonner espoir aux prisonniers, à
leurs familles et au peuple Corse.
Evviva a lotta !
Libertà !
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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