Le
6 juillet 2007 : Après sa
défenestration, voici trois semaines que Dominique PASQUALAGGI se
débat entre la vie et la mort ; vingt et un jours que sa famille,
ses proches, ses amis sont dans la détresse, une détresse à laquelle
vient s’ajouter un sentiment de révolte et d’injustice.
Le diagnostic est toujours réservé :
le virus qui infecte ses poumons résiste aux antibiotiques et
l’équipe médicale qui, par ailleurs fait un travail remarquable, ne
peut intervenir sur ses multiples blessures qu’après avoir stoppé
cette infection pernicieuse.
Sa famille ne peut le voir que trois
fois par semaine et pendant seulement une demi-heure. Elle n’est
tenue informée de son état que dans des conditions parfois
difficiles.
Enfin, nous venons d’apprendre que
sa demande de mise en liberté provisoire avait été rejetée.
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(articles communiqués vidéos)
Mais, aujourd’hui, nous souhaitons
communiquer pour vous faire part de notre grande inquiétude au sujet
des suites données à cette affaire.
Concernant, la défenestration de
Dominique Pasqualaggi, seules trois hypothèses peuvent être
retenues :
- la première, qui ne peut être
exclue, sanctionnerait le comportement des personnels policiers
présents, à savoir une défenestration pure et simple. Ce ne serait
pas la première fois, trois journalistes du Point, dans un ouvrage
intitulé « Place Bauveau », nous signalent qu’en 1995, lors de la
rafle dans les milieux islamistes, un enseignant franco-tunisien,
détenu en préventive pendant deux années puis innocenté, Monsieur
NEJI F. a été torturé toute une nuit et suspendu par les pieds par
une fenêtre du 5ème étage de la rue des Saussaies ! Qui
nous dit que Dumè n’a pas subi le même traitement, au même endroit,
avec une fin plus tragique ?
- la seconde, consécutive aux
terribles pressions psychologiques exercées sur Dumè depuis des mois
et que nous avons dénoncées au lendemain de sa chute. Ces tortures
mentales l’auraient incité à choisir la mort qui revêtait ainsi
l’aspect de la liberté.
- la troisième enfin, proposée
immédiatement par les syndicats policiers et la Directrice de la
Police Judiciaire : la tentative d’évasion. Cette hypothèse est peu
crédible et est étayée par des explications embrouillées de ceux qui
essayent de fuir leurs responsabilités.
Ce qui nous inquiète au plus haut
point, c’est que l’enquête de l’Inspection générale de la Police,
diligentée par le Ministère de l’intérieur s’oriente directement
vers la troisième version qui va bien sûr devenir la version
officielle.
Nous avions décidé, une nouvelle
fois de faire confiance à la Justice française ; aujourd’hui nous
sommes plus que sceptiques.
Si Madame Pasqualaggi, la mère de
Dominique, a bien été entendue, il y a une quinzaine de jours ; au
cours de cette audition les enquêteurs lui ont précisé que tous les
témoins allaient être entendus et notamment ceux qui bénéficiaient
de visites au parloir. Figurant sur la liste de ces personnes, je
m’attendais à être entendu puisque lors de notre dernière conférence
de presse j’avais porté des accusations graves sur le comportement
des services de la Sous Direction Anti-terroriste et du juge Gilbert
THIEL.
Il n’en est rien ! La police des
polices mène donc une enquête à décharge pour leurs collègues !
Je demande avec fermeté et
insistance aux enquêteurs de l’inspection générale de la police de
recueillir mon témoignage !
Bien qu’épinglées par la ligue des
Droits de l’Homme et Amnistie International, nous craignons que la
Police et la Justice continuent, en toute impunité, à multiplier
leurs exactions. Il y a des précédents dénoncés en temps voulus par
Amnesty International : homicides illégaux, actes de torture,
racisme, violation des droits humains dans un cadre général, refus
d’enregistrer les plaintes et les témoignages
La conduite de cette enquête et le
comportement des responsables de la DCPJ nous ont semblé d’emblée
suspects :
Alors que certaines radios
françaises annonçaient que Dumè allait mieux, Martine Monteil a même
énoncé des contrevérités devant les médias : elle a notamment
affirmé que la famille était normalement informée par le staff
médical alors que la famille de Dumè n’avait aucune information dans
un premier temps puis n’a pu en obtenir que par l’intermédiaire du
Juge THIEL ; le premier entretien avec un médecin n’a eu lieu qu’au
cinquième jour. Qui a organisé ce black-out et cette désinformation
autour de ce triste évènement ? Qu’était-il urgent de cacher ?
Que dire du silence officiel autour
de cette affaire, comme tout ce qui traite du problème corse en
général. Quid des interventions des grands intellectuels et
philosophes français ?
Pourquoi des jeunes Corses
intelligents, qui ont tout pour réussir dans la vie
s’investissent-ils dans la lutte de libération nationale de la façon
la plus radicale, pourquoi des quinquagénaires pères de famille
prennent-ils le risque de se faire sauter avec des bombes ? Pourquoi
des dizaines d’hommes sacrifient leur liberté pour la liberté de
leur île ? Personne, en France ne se pose les bonnes questions ; au
contraire, les campagnes de désinformation et de dénigrement battent
leur plein !
Nous réitérons nos accusations sur
les services de la SDAT qui exercent sur les détenus des pressions
psychologiques inadmissibles. En s’acharnant sur les prisonniers
politiques et notamment sur Dumè PASQUALAGGI, le juge THIEL et ses
services ont réinventé une torture légale sous des formes les plus
excessives.
La torture et la peine de mort ont
été abolies en France, pourtant les bourreaux officient toujours
dans les prisons, dans les locaux de certains commissariats et dans
les bureaux de certains juges !
Bien sûr, au réveil de Dumè, seront
mis en balance sa parole et celle d’un juge respectable. Mais
Monsieur Thiel n’est respectable que pour ses employeurs les
ministres de l’intérieur et de la justice qui ont leur part de
responsabilité dans cette affaire.
Nous, par contre, nous avons un
devoir d’irrespect envers de tels personnages, pour ces
fonctionnaires de la raison d’état.
Nous voulons informer la Commission
Nationale de Déontologie de la Sécurité ; malheureusement celle-ci
ne peut être saisie que par un député ou un sénateur. Nous avons
constaté dans un passé proche, lors de l’agression subie par Alain
Ferrandi et Philippe Fabri, que les six courageux élus corses
répugnent à défendre les enfants de ce pays ; ils n’ont jamais
répondu à nos courriers.
Cependant, même si nous n’avons
aucune illusion, nous les rappelons à leurs devoirs civiques et
humanitaires, ainsi qu’à leur sens de l’honneur pour intervenir dans
cette affaire.
Nous réclamons avec force la vérité
sur cette affaire douloureuse, l’accès permanent dans sa chambre
d’hôpital pour sa famille et la fin de la détention provisoire pour
Dominique PASQUALAGGI !
Devant une situation de plus en plus
préoccupante, alors que la démocratie et les plus élémentaires
droits de l’homme sont foulés aux pieds par ceux-là même qui ont le
devoir de les faire respecter, devant l’humiliation que nous fait
subir chaque jour l’état français, la Riscossa Paisana désire
renforcer la solidarité autour de ceux qui ont le courage d’être
monté en première ligne, de ceux qui ont sacrifié leur liberté pour
une cause qui s’avère chaque jour plus juste.
Nous appelons les délégués de chaque
région à se réunir pour évoquer cette situation et pour structurer
d’une façon pérenne notre Comité de soutien aux prisonniers
politiques. Nous appelons les patriotes qui se reconnaissent dans
notre démarche à venir renforcer notre action.
Dans ce but, une réunion aura lieu
dans les locaux de la Casa di u Populu, à Ajaccio le 7 juillet à
15H00. A l’ordre du jour, l’organisation nouvelle de la Riscossa
Paisana et la mise au point d’un grand rassemblement pour réclamer
la vérité concernant la défenestration de Dumè PASQUALAGGI et pour
obtenir la fin de sa détention provisoire.
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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