Le
lundi 8 janvier 2007 : Le Comité Anti Répression communique
Mercredi soir, Ange-Marie Tiberi
est mort. C’est avant tout un drame. La mort d’un homme. On pourrait
se poser la question de savoir pourquoi aujourd’hui les Corses
meurent encore en allant mettre des bombes, plus de 30 ans après le
début du Riacquistu. Si cette question a été posée ces
derniers jours, la vraie réponse n’a pas été apportée car la
responsabilité de l’Etat français est accablante, et ça, personne
n’ose le dire. C’est bien la politique du pire, la politique du tout
répressif, la politique de la disparition programmée du peuple corse
qui conduisent des hommes de cette terre à résister, les armes à la
main, au péril de leur vie ou de leur liberté.
La situation politique de la Corse
empire tous les jours, et nous avons comme seule réponse des
ministres qui viennent se promener sur nos marchés et annoncer des
arrestations arbitraires…
Dans les heures qui ont suivies ce
drame, les chefs clanistes corses se sont précipités pour
communiquer et tenter de récupérer à des fins politiciennes un
drame. Le CAR, dans le droit fil de la tradition multiséculaire
corse face à la mort, a respecté la période de deuil et l’immense
souffrance de ceux qui ont été touchés, malgré les sollicitations
des médias. Le temps de la réaction est venu.
Les propos tenus par certains marquent
leur indignité face à la mort et à la souffrance. Que leur
reste-t-il encore de corse à ces gens-là, et peut-être même
d’humanité ?
Non, Ange-Marie n’est pas mort pour
rien, non, il n’est pas mort pour détruire quatre murs. Non, il
n’était pas un soldat perdu coupé de son peuple. Et non, Ange-Marie
n’était pas un terroriste, ni un affairiste, ni un mafieux.
C’était tout le contraire, un homme
qui a travaillé durement toute sa vie pour que sa famille puisse
vivre dans la dignité, un homme qui était toujours là pour les
autres, qu’elle que soit leur politique, un homme qui était au
service de la Corse tout simplement. Et c’est en défendant cette
terre qu’il est mort, en homme droit, libre et fier.
C’est grâce au courage d’hommes de la
trempe d’Ange-Marie que notre littoral a pu être sauvé, et cela
notre peuple le sait parfaitement, les derniers sondages le
démontrent, les Corses savent que le sacrifice des militants
nationalistes a préservé le littoral et que nos côtes n’ont pas été
bétonnées comme cela a pu être le cas dans les régions côtières
françaises. Nous aimerions savoir quelle est cette « immense
majorité des Corses » qui selon Camille de Rocca Serra condamne ces
attentats. Le président de l’Assemblée de Corse ne lit
vraisemblablement pas les sondages qui lui déplaisent.
La Corse est une espèce de scène de
théâtre médiatique où chacun joue sa partition. Les uns par des
effets de manche annoncent des arrestations à tous prix, donc on
arrête de manière inquisitoire, les autres condamnent sans même plus
savoir ce qu’ils condamnent, d’autres encore se taisent sans que
l’on sache si leur silence n’est pas plus pesant que la parole des
uns. Ils perpétuent ainsi le malheur de notre terre qui s’inscrit
définitivement dans un non retour et dans une spirale où plus
personne ne sait où elle aboutira. Laisser notre terre à l’étranger,
laisser détruire notre culture, laisser saccager notre patrimoine,
en un mot, nous laisser démolir, beaucoup de Corses ne l’accepteront
pas, qu’ils soient nationalistes ou pas. Il ne faudrait pas que
demain à force de vouloir faire vivre notre jeunesse française et
uniquement française, elle ne décide de mourir corse et uniquement
corse. C’était le choix d’Ange-Marie Tiberi. Il avait décidé de
vivre corse et il est mort corse. Ce choix-là, personne ne peut le
lui contester, personne ne peut le condamner, et le silence des « condamneurs »
patentés est éloquent.
A la douleur de la famille et des
proches d’Ange-Marie est venu s’ajouter l’indécence des forces de
répression. Nous savions depuis longtemps que la France n’avait pas
nos valeurs devant la mort, nous savons désormais que la France ne
respecte même pas le deuil.
Le lendemain du drame, alors que deux
premières arrestations étaient déjà intervenues, un commissaire de
police s’engageait auprès des responsables politiques nationalistes
à ce que le corps d’Ange-Marie soit rendu à la famille le vendredi
au plus tard en début d’après-midi. Près de 200 nationalistes
étaient présents à la morgue de l’hôpital de Bastia pour accompagner
la famille. L’autopsie avait été pratiquée. Pourtant, un procureur
fraîchement débarqué de Paris s’opposait à ce que l’on rende le
corps ! Seule la pression populaire, les nationalistes ayant envahi
la morgue, a permis la restitution du corps en faisant céder l’Etat
français. La volonté de l’Etat français était de conserver le corps
d’Ange-Marie jusqu’au début de cette semaine.
Le Samedi, le matin des obsèques,
c’était au tour du frère du pauvre Ange-Marie d’être arrêté et placé
en garde-à-vue. Il sera finalement libéré quelques minutes avant
l’enterrement.
A la levée de corps, en présence d’une
foule imposante, le FLNC a rendu les hommages militaires dans le
calme et la dignité.
Dimanche, deux nouveaux militants
nationalistes étaient placés en garde-à-vue, et notamment Joseph
Colombani. Les nationalistes ont rapidement réagi en organisant un
barrage sur la RN 200 en interrompant la circulation. Près de 300
militants se sont réunis spontanément, toute la famille
nationalistes était représentée.
Sur ordre du ministre de l’intérieur,
3 des 5 personnes qui étaient en garde-à-vue ont été transférées sur
Paris.
Enfin, lundi matin, c’est encore la
famille d’Ange-Marie, et celle d’un autre nationaliste placé en
garde-à-vue qui a vu débarqué les forces de répression, à 7 heures
du matin, pour saisir des fourgonnettes.
L’indécence ne semble plus avoir de
limites, et tout est désormais permis pour les forces de répression.
Le ministre de l’intérieur de la
France joue la carte contraire du président de la République
française qui semblait vouloir apaiser la situation en Corse. Lors
de sa dernière intervention en Corse il a annoncé que des
arrestations étaient à venir, et maintenant, sa police politique est
en train de faire du chiffre en arrêtant des nationalistes,
uniquement parce qu’ils sont nationalistes ou parce qu’ils étaient
amis d’Ange-Marie. En droit international, cela s’appelle le délit
d’opinion, qui n’existe que dans les Etats totalitaires et
républiques bananières. Et pendant ce temps là, la France donne des
leçons de démocratie à la Chine…
En réaction à ces attitudes de
provocation sans précédant, le CAR lance un appel au calme et invite
tous les Corses à se joindre aux nombreuses actions qui se
dérouleront dans les jours à venir pour condamner l’attitude
répressive de l’Etat français.
Dès lundi soir 18 heures un
rassemblement de soutien se tiendra au commissariat de Bastia, mardi
soir à 18 heures également tous les nationalistes sont invités à se
rendre à la salle des fêtes de Ghisunaccia pour préparer la réponse
du mouvement national à cette vague répressive, et pour samedi, le
CAR se joint à l’ensemble des organisations nationalistes qui ont
appelé à manifester contre la répression.
Cumitatu contr’à A Ripressione
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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