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Lettre adressée à Michel Codaccioni

Editions Albiana, 4 rue Major Lambroschini

 A Michel Codaccioni

En réponse à son ouvrage, Corse Assassinat d'un préfet.

 

Fresnes le 3 avril 1998

Monsieur,

 

Je viens de fermer votre livre et je me sens obligé de réagir à un certain nombre de vos affirmations, puisque je suis cité, sauf erreur, 36 fois.

Comme beaucoup d’autres, vous mettez inévitablement en avant ma situation d’ancien parachutiste. J’ai 54 ans cette année, dont 3 passées -c’est vrai !- chez les parachutistes d’infanterie de marine. (A ce sujet peu de gens savent que mes références sont davantage les pères portugais de la révolution des œillets que les français de la bataille d’Alger, et en matière de généraux, De la Bollardière plutôt que Massu). On oublie volontiers, en dehors de l’engagement militant, la trentaine d’années passées sur le terrain de la vie en montagne, de la vie associative, de la défense de nos droits syndicaux et culturels.

 

Vous me dites « empêtré jusqu’au cou dans des projets bancals, démesurés, liés à la filière porcine ». Au juste, qu’en savez vous ? Je suis membre et animateur d’une société regroupant une vingtaine d’éleveurs, qui porte depuis bientôt 10 ans, contre les schémas dominants dont on connaît les résultats en Corse, un projet de modernisation de la filière porcine élevage charcuterie, dans le but de :

1° rendre vivable la profession d’éleveur ;

2° rationaliser la production d’une charcuterie de qualité, répondant aux critères du marché.

Ce projet représente l’élevage abattage de 15 000 bêtes par an, alors que la Corse importe actuellement l’équivalent de 1000 000 de porcs lourds pour produire une charcuterie de sous-marque, imitation de piètre qualité du produit traditionnel, qui bientôt enterrera, si rien n’est fait, l’image de marque de ce produit autrefois réputé.

Ce projet microscopique dans la filière globale ne se heurte « qu’à » la fin de non recevoir qu’y ont apposé l’ensemble des banques locales, alors que l’état et le Territoire se sont engagés sur le principe d’une aide de 40% du montant de l’investissement, estimé à 100 MF environ.

Ce projet signifie l’installation définitive de vingt éleveurs, et permet en outre la création de 70 emplois. Il a été validé par 3 audits différents.

L’actualité récente vous apprend que la Banque a été beaucoup moins regardante sur des projets qui ne représentaient que les besoins personnels de demandeurs, et on ne connaît que les comptes de la CADEC et ceux du Crédit Agricole.

 

Je suis bien sûr d’accord pour reconnaître que le 1er communiqué « Sampieru » est rédigé pour que j’en endosse la paternité. Ce communiqué est parvenu à M. Benhamou en personne (et non pas à « Libération »), qui a essayé de le faire publier par les journalistes corses, lesquels, subodorant la manipulation, ont refusé de le faire. Je citerai au besoin de nombreux témoins.

Rien ne prouve que les auteurs du 2ème communiqué « Sampieru » seraient ceux du 1er. Ayant dénoncé la manœuvre en donnant une hypothèse sur son origine, refusant d’accepter une quelconque sympathie pour ce groupe, je rends inutile cette manipulation, qui peut être reprise par d’autres, rejoignant ceux qui tentent depuis le début de me désigner comme responsable de l’attentat de Pietrosella, et qui sont des membres de la Police, et plus particulièrement de la 6ème DCPJ.

Cette situation, je vous l’accorde, peut s’inscrire dans le cadre de la situation de mes rapports avec l’appareil Cuncolta-Corsica Nazione, plutôt conflictuels depuis début 1997, et qui a aboutit, en janvier 1998 à notre départ et à la création du « Colletivu Per A Nazione ».

Par ailleurs vous me dites « sauvé » par une interpellation policière providentielle. Vous pensez que le 2ème Beretta m’était destiné, cela n’engage que vous ! Ce qui est plus sûr, c’est votre naïveté si vous croyez que le milieu carcéral est la plus grande garantie des protections.

D’autre part, je vous assure pour avoir été un an en « cavale » après Aléria, à une époque où la guillotine fonctionnait encore en France, que je n’étais pas en cavale de protection le 9 février au matin, jour de mon arrestation. Le RAID ne m’aurait pas trouvé en robe de chambre, en train de faire chauffer le café du matin.

 

Je suis un des seuls, sinon le seul nationaliste connu à ne pas avoir changé ses habitudes en 1995-96, au moment où n’importe qui pouvait tirer sur n’importe qui. Nous avons subi en 1978, le 1er attentat à la voiture piégée, mon frère Christian en a réchappé par miracle. J’ai été condamné à mort par FRANCIA, cela s’est terminé à l’Hôtel Fesch.

Je sais ce qu’est le danger ! Le 9 février, je n’étais en aucune façon en cavale, pas plus que je ne sentais autour de moi un danger imminent. Pas davantage, je n’ai l’impression de détenir  une porte de la clé de l’énigme, même si je suis certain d’être au centre d’une manipulation destinée à masquer l’identité des commanditaires de l’assassinat du Prefet Erignac, en brouillant les pistes.

Voici comment cette double manipulation, selon moi a été construite.


 

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