En 1992, les nationalistes, divisés, atteignent
néanmoins 21% des suffrages aux élections territoriales. Ces voix,
ajoutées à d’autres voix contestataires, et aux 15% d’abstentions,
démontrent que le point d’inversion du système politique en place
est atteint, en ordre dispersé, sans conscience.
Ce fait majeur, échappant à ses acteurs, inquiète l’ « establishment »,
qui organise un front dit « républicain », représentant en
réalité l’ensemble des lobbies économiques et sociaux. Ces lobbies
présents dans toutes les structures installées en Corse par l’état
français, maintiennent dans l’île le statu quo colonial, assurant
quelques « réussites » et la faillite globale de la société
corse, au prix d’un double jeu permanent entre la Corse et Paris.
Ce « front
républicain » se traduit par l’installation à l’Assemblée d’un
exécutif composite
droite-gauche destiné à gérer malgré la contestation croissante, les
ressources financières promises tant par l’état français que par
l’Union Européenne.
L’émergence de
quelques bonnes volontés dans le camp majoritaire, les signes
d’allégeance émis vers Paris dans le camp contestataire n’y pourront
rien, la situation est pour l’essentiel manichéenne.
La nature des
interets en présence, l’enjeu considerable que représente la Corse
tant au plan politique qu’économique, expliquent ce qui s’est passé
par la suite. Très vite, alors que le noyau le plus jacobin de la
droite parisienne entame une opération séduction réussie en
direction du noyau le plus dur de Corsica Nazione, et après que les
jacobins du parti socialiste aient réussi la même opération en
créant le MPA 3 ans avant, on voit, en 2 ans : le capital politique
de Corsica Nazione s’enliser dans les amendements du plan de
développement régional ; A Cuncolta s’empêtrer dans ses
contradiction après le drame de Furiani et sa plus funeste suite,
l’affaire Sozzi.
L’exécution de
Robert Sozzi, assumée par l’ensemble Cuncolta-Canal Historique fait
éclater Corsica Nazione, et crée la situation, amenée de longue
date, qui débouchera sur les affrontements sanglants de 1995-96.
Comme en 1975,
1980, 1983, une effusion de sang empêche le mouvement national corse
d’atteindre sa maturité politique. Paradoxalement, la force de ses
idées, l’engagement qu’elles suscitent, ses faiblesses structurelles
produisent à chaque échéance une situation propice à toutes les
manipulations. Cela est plus que jamais flagrant aujourd’hui.
A l’heure où la
Corse voit l’échec de 2 statuts « particuliers » en 15 ans ;
l’échec plus grave de
son déclassement de la zone d’objectif n°1, et des mesures décidées
en sa faveur par l’union européenne ; Au moment ou l’île atteint des
niveaux de désertification, de chômage, de ruine économique,
sociale, culturelle, de criminalité et de délinquance inédits ; Au
moment où la contestation grandit, malgré les divisions et les
drames, une nouvelle manipulation débouche sur l’assassinat du
Prefet de Corse.
Ce meurtre a
pour 1er résultat le maintien, malgré son échec patent,
de la classe politique dominante au pouvoir, et donc le maintien des
intérêts particuliers qu’elle représente, contre l’intérêt collectif
de la Corse, de sa jeunesse et de son avenir.
Ce rapide survol
permet de noter que les situations ne viennent pas du hasard, et que
chaque fois les échéances sont repoussées par des manipulations,
orchestrées à partir des faiblesses du mouvement national ;
qu’elles soient dues
à l’électoralisme ou imputables à la clandestinité, par les services
officiels ou occultes du ministère de l’intérieur, donc de la police
des gouvernements successifs de la Vème republique
française.
Les suites de la
mort du Prefet Erignac, si elles permettent une répression
anti-nationaliste accrue, débouchent curieusement sur une remise en
question de l’administration française en Corse, et du
fonctionnement des principales structures bancaires, pourtant sous
le contrôle direct de l’état depuis leur création. Cela se traduit
par une mainmise policière sans précédent sur l’administration de
l’île.
Rien ne permet
de dire aujourd’hui, au-delà des apparences, à quoi correspond ce
grand ( ?) chambardement. Quoi qu’il en soit, il vient de
l’extérieur, il est fonction de considérations extérieures, et les
voix éteintes de quelques indigènes/stipendiés n’y pourront rien, la
Corse n’y trouvera pas non plus son compte !
C’est pourquoi
il est urgent pour les nationalistes de réaliser les conditions
nécessaires à de nouvelles avancées. Se considérant avant tout comme
citoyens de la nation
corse, ils remettront
à plus tard le règlement civil de tous les
contentieux, afin de permettre la création d’un espace de débat et
d’organisation. Admettant leurs différences, ils s’attacheront à
définir l’articulation des idées et des moyens, tant humains que
matériels, pour retrouver le chemin de l’action unitaire. Au-Delà
des remises en questions collectives, il faudra réaliser quelques
progrès au plan des raisonnements et des comportements individuels ;
demasquer les
faux-amis ; distinguer
rumeur et verité ; apprendre
les règles de la guerre psychologique qu’on nous applique depuis
plus de 15 ans ; revenir
sur nos bases « culturelles » de raisonnement et de comportement. Il
faudra adhérer, organisés ou non, à la même démarche, celle de la
constitution du corps électoral national sur des bases simples :
-
Déclaration
d’appartenance au peuple corse,
-
Droits du peuple corse
(revenir sur les 15 points).
Les militants
éliront leurs representants au Parlement qui devra avant tout écrire
les bases de la Constitution en référence aux systèmes connus les
plus efficaces (ceux qui sont en vigueur dans les pays dont on
entend le moins parler dans la civilisation occidentale par
exemple).
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