A
MONSIEUR
Kar ZERO.
LE VRAI
JOURNAL. CANAL
+
PARIS
Je
vous remercie de nous avoir fait une place dans le « vrai journal ».
Pour compléter votre information, j’affirme à nouveau n’être mêlé en
rien au meurtre du Prefet Erignac. Contrairement à ce qui est dit
dans votre reportage, je ne faisais pas du contentieux agricole une
affaire personnelle. Syndicaliste, et à ce titre, solidaire des
agriculteurs corses, j’étais néanmoins au moment de mon arrestation,
en passe de réaliser un très important projet de restructuration de
la filière porcine, approuvé par la Collectivité Territoriale et par
l’état. Ce projet représente environ 100MF d’investissement, la
viabilité définitive d’une vingtaine d’exploitations d’élevage, et
la création d’une centaine d’emplois dan le secteur transformation
commercialisation. Mes associés et moi n’avions donc aucun intérêt à
créer une quelconque déstabilisation par la violence, au moment où 8
ans d’efforts allaient être couronnés de succès.
Ce
qui a été dit de mon engagement politique est exact, mais sommaire.
Régionaliste au début des années 70, je suis aujourd’hui un partisan
convaincu de l’Indépendance de la Corse. La Corse est le tiers-monde
de la France, un autre monde auquel la France ne peut apporter
aucune solution.
Les
solutions ne pourront pas venir d’une classe politique profilée par
la constitution
française, cumularde dans l’espace et dans le temps, congénitalement
incapable d’autre chose que de se faire réélire. Les solutions ne
viendront pas non plus d’une administration de type colonial, dont
les cadres et le personnel sont pour l’essentiel, étrangers à l’île,
et dont les rapports avec leurs collègues et la population corse
sont surtout faits de méfiance, d’hypocrisie, de peur et de racisme
rampant.
Lorsqu’on sait que le problème corse est, avant tout, fait du souci
d’affirmer une identité, et que cette identité culturelle ne peut
reposer que sur une économie vivante et un système politique adapté,
il est clair que nous sommes loin des solutions. La police et la
justice ne peuvent en apporter aucune. L’argent dépensé depuis 30
ans a servi à alimenter la politique de l’état dans l’île (ou plutôt
les intérêts qu’il représente) ses structures et ses relais.
Le
rapport Glavany est assez clair à ce sujet. Cet argent n’a servi à
aucun moment à financer réellement le développement économique dont
l’île a besoin dans des secteurs où elle présente des atouts
indéniables : l’agroalimentaire et le tourisme.
Dans
aucun de ces secteurs n’existe de système de formation digne de ce
nom, et le mal de la CADEC, qui aurait dû être l’organisme financier
du développement, a été surtout de disposer de trop peu d’argent au
regard des besoins, et à des taux prohibitifs pour des prêts de 1er
génération. Cette non-viabilité congénitale est masquée par la mise
en évidence de quelques scandales bien réels, mais qui ne sont que
l’arbre cachant la forêt. Comment envisager un quelconque
développement sans finances, et sans formation réelle des hommes ?
Après le Plan d’Action Régionale de 1957, le Schéma
d’Aménagement de 1972, le « statut particulier » de 1982,
le « statut Joxe » de 1991 et leurs échecs successifs ; Après
l’echec manifeste des mesures « objectif n°1 » de l’Union
Européenne, où chercher, ailleurs que dans notre Histoire, notre
Culture et nos vraies ressources, la solution que la Corse attend ?
L’Indépendance ne signifie pas pour nous autarcie, ni
enfermement ni ruptures. Elle signifie seulement pour
nous, connaissance de
notre Histoire, Inventaire de nos multiples ressources,
utilisation de
celles-ci dans la recherche du bonheur sur notre terre, exemple de
terre de tradition et d’accueil, faisant libre choix de nos
partenaires.
L’Indépendance, ce ne sera jamais que le fil retrouvé de notre
Histoire, coupé deux fois par les armées française de Louis XV et
par celle de Bonaparte.
LIBERTE
POUR LA CORSE
Fresnes, le 16 novembre 1998. M. Lorenzoni
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE 1999 - 2006 |