A
Max. REPONSE AU CAP ARTICULU DU 18 AU 24.
A Max
L’heure est au
débat de fond. Tu es de ceux (rares) qui ont bouclé plus de trente
ans de lutte. J’en compte un peu moins.
Les
conditions qui, en Corse, aux environs de 1968 donnèrent naissance à
ce qui restera comme « a leva di u settanta » ne sont plus
réunies. Cela veut dire pour moi qu’il serait vain d’espérer
l’avènement d’une seconde génération du nationalisme, née par
miracle, spontanément.
Ce
n’est pas un constat de décès. Au contraire, c’est l’affirmation
-si notre désir est réellement de recréer un grand mouvement
populaire- que l’on ne peut remobiliser notre mouvance, toujours là
malgré le temps passé et les revers, qu’à condition de partir d’un
constat honnête de ce qui s’est passé depuis 1975 au moins, sans
chercher à rejeter les responsabilités sur « les autres »,
mais en admettant une fois pour toutes que ce mouvement, et les
organisations successives nées des échecs des différents appareils
depuis l’A.R.C, ne pouvaient pas -compte tenu du peu de vécu de
lutte, de la moyenne d’âge relativement basse, de la formation
moyenne politique en générale plus qu’insuffisante- réussir, si l’on
pense aux capacités répressives de l’état français.
Les
comportements individuels, des uns et des autres, sont à remettre
dans ce cadre là. Les critères d’appréciation en vigueur chez nous
relevaient peut être, sans que nous nous en rendions compte, de
l’aliénation et de l’acculturation que par ailleurs nous n’avons
cessé de dénoncer. Passée au tamis de l’universel, bien peu de nos bases de raisonnement auraient
résisté, j’en suis convaincu.
Le temps,
souverain maître, a passé. Si nous voulons les entendre, il nous a
donné beaucoup de leçons. Pour continuer, nous devons, avec
humilité, le reconnaître et ne jamais les oublier, pour atteindre
nos objectifs. L’échec peut porter à terme le succès, à condition
d’en tirer les leçons.
J’ai
écrit aux militants de A CUNCOLTA, que je connais bien pour les
avoir accompagnés, depuis la fondation jusqu’en décembre 1997, ce
que je pensais de leur initiative dernière. Je ne sais pas si ce
texte sera publié car il n’est pas tendre ? (V.Stagnara pourra peut
être te le communiquer s’il t’intéresse)
Je
crois que le temps et l’échec sont passés (et le résultat des
élections n’est pas suffisant pour me faire changer d’avis) sur A
CUNCOLTA et CORSICA NAZIONE, comme sur toutes les structures nées du
choc historique d’Aléria, qu’aujourd’hui j’admets comme prématuré,
et peut-être déjà téléguidé par de savants professionnels, à l’œuvre
depuis deux ou trois ans, tirant alors les fils des deux
organisations clandestines et des embryons d’organisations de jeunes
et d’étudiants, sachant pertinemment que l’A.R.C n’était pas en
mesure d’assumer structurellement un choc pareil avec l’état
français.
Je
suis, avec d’autres, de ceux qui ont fait que nous assumions, la
tête haute, les engagements pris par Edmond devant la foule du
congrès de Corti, dont l’ambiance est dans toutes nos mémoires
nostalgiques.
Ce 22
août 1975, nous ne pouvions pas reculer. La suite est connue, la
répression a agis, et surtout, depuis l’autre choc de 1980, l’action
psychologique de guerre, ourdie par les agents des services
spécialisés contre l’ensemble de notre communauté d’une part, et les
nationalistes les plus engagés d’autre part.
Les
militants d’hier, et ceux d’aujourd’hui, gagneraient d’ailleurs à se
documenter, dans les œuvres d’auteurs connus : Machiavel,
Clausewitz, Sun-Tse ; sur les différentes méthodes de pouvoir et de
guerre. Nous y lisons à livre ouvert tout ce qui nous est arrivé
depuis vingt ans, surtout aux chapitres « de la guerre
psychologique ».
Nous,
tout ce temps, nous avons oublié deux principes, de ceux qui
réglaient le raisonnement de nos anciens :
« Tempu di guerra, buccie quant’ hè terra » ; « Di cio che tu vedi,
credi a mettà, di cio che tu senti, nulla ! ».
Plusieurs fois, nous avons été les poux du proverbe français, qui,
roulés dans la farine, se prennent pour le meunier.
Le
temps est donc venu du retour sur nous même, et du rassemblement. Il
sera civil, car chez nous, comme dans le reste du monde, la guerre
est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls militaires, et
on peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus.
L’avoir ignoré, ou n’avoir pas voulu le comprendre a coûté très cher
aux différentes directions de la LLN depuis 1976.
Ce
rassemblement sera donc civil. Il sera forcement pluriel, comme
l’est notre terre. Il sera, même parfait, un tout petit David aux
prises avec le monstre Goliath ; Sauf que David avait Goliath à
porté de sa fronde, alors que nous n’avons pas encore reconnu le
nôtre.
Et
comment définir une stratégie correcte, si l’ennemi n’est même pas
identifié ? Comment mener une tactique efficace, si les structures
et leurs fonctionnements sont empruntés à d’autres, et inutilisables
chez nous ?
Je ne
veux pas dire qu’il nous reste à réinventer l’humanité. Je veux
seulement dire qu’il faut :
1° Définir une base
commune incompressible, adaptée à notre environnement actuel, et en
particulier au plan géopolitique.
2° Recenser sur cette base notre corps
électoral national.
3° Installer un Parlement.
4° Elire un Exécutif,
(les 3ème et 4ème points devront avoir pour
références les structures les plus modernes, les plus efficaces, et
aucune n’est française, c’est l’évidence).
5° Régler le problème du
cumul des mandats, dans l’espace et dans le temps, sous peine de
reproduire une des causes principales de l’échec du système
dominant.
6° Ne jamais oublier
qu’une chaîne ne vaut que ce que vaut son maillon le plus faible.
7° Avoir pour règle de
rechercher systématiquement le consensus a minima.
8° Laisser à la
minorité, des espaces d’expression et sa part des moyens communs
d’action.
Cela
suppose que tous les contentieux, même les plus vifs, devront être
gelés, dans l’intérêt de la Nation, jusqu’à ce que nous ayons les
moyens nationaux de Droit pour les régler ; Que
vous devrez peut-être modifier le centre de référence de l’Autonomie
que vous préconisez, et que d’autres devront mettre en conformité
leurs programmes et leurs actes, avec leurs idéaux affichés.
A ce prix, je
crois que la recomposition peut se faire à la vitesse des
changements de temps dans nos montagnes, qui en a surpris plus d’un.
Voilà ce que pense un militant qui a tout loisir de le faire.
EVVIVA
A NAZIONE
Prisons de Fresnes, le 20 juin 1998
PS :
Cette lettre n’est pas passée par le circuit administratif. Publies
la si tu veux.
Sentimenti fraterni
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