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MARCEL LORENZONI : 1999 "POUR UNE APPROCHE DU PROBLEME CORSE"

Pour une approche universelle du problème Corse

D’après Machiavel, Paul Valery, Azzedine Bounemeur, Sun-tsé, Gérard Chaliand

 

Ces quelques lignes n’ont d’autre prétention que de proposer, à travers la réflexion de différents auteurs, une autre approche du problème corse. On a tendance à en faire une exception énigmatique dont les Corses, pourtant 1ere victimes, seraient à la fois responsables et coupables, et principalement ceux qui ont lutté, et luttent plus que d’autres, exposant et sacrifiant leurs intérêts immédiats, leur liberté et quelquefois leur vie.

La situation de la Corse, relativement simple est rendue peu lisible par la disproportion des moyens de communication dont disposent les forces en présence. Le rapport 1/400 peut donner une idée approximative si l’on considère le rapport de la population Corse à la population française :150 000/60 000 000.

L’installation de la France en Corse fut déterminée par la stratégie française en Méditerranée, récurrente depuis le XVIeme siècle. Ce fut un acte de guerre, mené par une des grandes royautés de l’époque, contre une petite nation qui vit anéantir sa récente Indépendance, fruit d’une lutte multi séculaire. Il y a là un authentique crime contre l’humanité, qu’une foule d’écrits, sur le caractère des corses et leur moralité douteuse, voudrait faire oublier. Il est d’ailleurs curieux de constater que de tous temps, ce genre d’écrits fut l’œuvre du colonisateur ou de ses auxiliaires. Il n’y a pas d’occupant sans son auxiliaire indigène. Le nombre de ces auxiliaires est fonction du rapport des forces dominants/dominés. Si le comportement de la majorité des français avait prévalu en 1940, la France ne se serait sûrement pas retrouvée du côté des vainqueurs.

« On se flatte d’imposer sa volonté à l’adversaire. Il arrive qu’on y parvienne. Mais ce peut être une néfaste volonté. Rien ne me paraît plus difficile que de déterminer les vrais intérêts d’une Nation, qu’il ne faut pas confondre avec ses vœux. L’accomplissement de nos désirs ne nous éloigne pas toujours de notre perte. Une guerre dont l’issue n’a été due qu’à l’inégalité des puissances totales des adversaires est une guerre suspendue ». Cette réflexion de Paul Valery (regards sur le monde actuel) s’applique à toutes les guerres et encore plus que toute autre, à l’injuste guerre que fit la France de Louis XV et de Bonaparte, à la République de Pasquale PAOLI. A deux reprises en effet, les armées françaises écrasèrent les milices populaires corses, expression militaire constitutionnelle de la Nation Corse, ayant recours à la nécessité  de faire la guerre à la France. Avant Ponte-Novu d’une part, et pendant la période révolutionnaire française, alors que la Cunsulta d’Orezza avait déclaré rompu tout lien avec la France d’autre part. Entre-Temps, les Corses avaient d’ailleurs vu s’installer un Royaume Anglo-Corse, qui bien que limité dans le temps (1794 /96), est un acte authentique de Souveraineté.

 

Les troubles que connaît la Corse depuis 30 ans ne relèvent pas, comme le prétendent  le pouvoir parisien et ses auxiliaires, réels ou inconscients, de faits de droit commun, mais d’une forme de guerre civile imposée par le poids de l’aliénation due à 2 siècles de dépendance totale et forcée, et par l’écrasante disproportion des forces en présence. Et rien ne permet de dire aujourd’hui qu’une issue est en vue.

La Corse a le souvenir de son ancienne Liberté. Elle entre dans la catégorie des « cités » qui, selon Machiavel : « ont toujours pour soutien, dans leur révolte, le nom de la Liberté et ses anciennes institutions, qui ne s’oublient ni du fait de la longueur du temps, ni des bienfaits reçus. Les Républiques ont plus de vie, plus de haine, plus de désir de vengeance ; La mémoire de leur ancienne liberté ne les laisse ni ne peut les laisser en Paix ».

Il est indéniable que le souvenir de Paoli, incarnant leur Liberté, a habité et habite toutes les générations de corses depuis Ponte-Novu. Cette vénération fut d’ailleurs partagée par Napoléon Bonaparte lui-même, avant son échec en Corse et sa retraite impériale en France.

 

Ces réflexions démontreront au plus grand nombre, car les initiés savent depuis longtemps à quoi s’en tenir, que la situation de la Corse ne doit que peu de chose à la « responsabilité des corses ».

Il apparaît que cette situation, dans l’ordre chronologique, est due :

-          à l’installation, par la force, de la France sur le territoire de la Nation Corse.

-          A l’interaction de la Terre corse et des comportements de sa population, affrontés aux appétits de ses voisins plus puissants, du moment.

-          A la recherche contrariée, au cours des siècles, d’un équilibre social sur l’île.

-          Au jeu des groupes de pression, extérieurs et intérieurs, aggravés par l’intervention de la puissance dominante dans un rapport de force brut, indéfiniment défavorable à la Corse.

Les mouvements corses sont d’essence nationale. Ils sont donc illégaux au regard de la Constitution française, et de ce fait et avant tout, passibles de répression. La France a été confrontée aux mouvements de libération nationale depuis qu’elle est devenue une puissance coloniale, c’est à dire plus de 4 siècles au moins.

Son armée et sa police connaissent parfaitement les mécanismes des luttes nationales, la réalité et les contradictions des groupes sociaux qui les portent. Elles savent en tirer parti contre ces mouvements eux-mêmes.

 Seuls les peuples asiatiques, pour différentes raisons, remportèrent une réelle victoire sur ce système colonial, militaire et policier, autant qu’économique.

Ailleurs, aucun peuple, pour le moment, n’a pu s’en libérer. L’Algérie souffre encore, après plus de 30 ans, d’une « Indépendance » concédée, des suites des clauses secrètes des Accords d’Evian. L’Afrique subsaharienne n’a jamais connu la paix. La décolonisation purement formelle fait de ce continent richissime, un bourbier, un charnier dans le silence des Nations.

La Nation Corse quant à elle, se débat depuis 30 ans, après avoir été totalement écrasée pendant plus d’un siècle, sous le poids de la puissance française. Si l’on considère les différences de population des 2 territoires, le rapport est de 1/240 ; Si l’on ne considère que la population « corse », ce rapport devient de 1/480.

La période que vit la Corse depuis une trentaine d’années est celle d’une guerre civile. Le nombre des civils et militaires, des attentats aux explosifs, des emprisonnés, répercuté sur la population française se présenteraient ainsi :

-          tués : 8 000 militants politiques ; 4 000 gendarmes ; 400 militaires ; 400 préfets.

-          Emprisonnés : 120 000 militants politiques ; 400 préfets ; 400 colonels de gendarmerie ; 800 officiers subalternes ; 1 200 sous offficiers.

-          Attentats : 4  000 000.

Auxquels ont peut ajouter, sur la même base , 360 000 morts civils de mort violente ; Sans parler d’une densité policière d’état de siège.

Ce tableau est celui d’une situation bien plus grave que celle de la plupart des conflits actuels dans le monde. S’il est ignoré, c’est en raison de l’écrasante disproportion des forces en présence.

Cette projection choquante mais incontestable n’empêche pas le Gouvernement de promettre encore aujourd’hui, des solutions en forme d’assistanat, que l’ensemble de l’île refuse de toutes ses forces. Bien entendu, les majorités « démocratiques » exprimées aux différentes élections servent de justification aux diktats parisiens. Ces majorités qui installaient les « Pétain », couvraient les « Papon » et remplissaient les trains de la mort.

Car enfin, quand reconnaîtra-t-on que l’état français est un étranger dans l’île ? Sa langue, dominante et écrasante est étrangère à l’île ! Parlez corse en Italie, on vous demande de quelle région vous êtes ? Parlez corse en France ! Ne vous comprendront peut-être que quelques émigrés, italiens, espagnols ou portugais, personne d’autre ! Et qu’on ne nous oppose pas les liens du sang, qu’ils soient « mêlés » ou « versés ». Les mariages mixtes sont des actes de liberté concernant des individus . Le sang corse versé pour ou par la France, a coulé avec celui des Sénégalais, Nord-Africains, Tonkinois, Kanaks et autres, enrôlés de la même façon et pour les mêmes raisons ; Ce qui n’en a fait des « français » que pour peu de temps. Ces réalités, qu’il est de bon ton de nier ou d’oublier, sont pourtant présentes, et pèsent de tout leur poids sur les comportements et les consciences, les inconscients et les subconscients.

Bien entendu, les Corses ne sont pas, dans ce contexte, favorisés par le fait qu’ils partagent avec l’occupant, la même couleur de peau et les mêmes références religieuses. Noirs et ou musulmans, ils auraient attiré, même en France, beaucoup plus de « sympathies ».

 

Après bientôt 30 ans de troubles, aucune solution n’est en vue. L’état français, dans son moule intellectuel uniforme, escomptant dans un calcul simple les effets conjugués de l’érosion de l’identité insulaire, de la pyramide des âges et d’autres paramètres quantitatifs, joue avec le temps.

La Corse pour la 1ere fois depuis longtemps, voit sa population exprimer le désir de vivre chez elle, entre autre parce que la démonstration est faites par tous les immigrés qui viennent s’établir en Corse, que cela est possible. Le temps nous éloigne d’un passé idéalisé et largement mythifié. Il voit se forger de nouveau, les instruments de la refondation de la Nation Corse, qui verra passer les envahisseurs d’aujourd’hui comme ceux d’hier, quel que soit le rapport immédiat des forces en présence.

La France est au ban des nations d’Europe pour la « transparence » de sa vie publique et de ses pratiques économiques, policières et judiciaires. L’organisation du nouvel espace européen ne peut en aucun cas englober le système jacobin français, déjà condamné 2 fois par les défaites napoléoniennes, et sauvé 2 fois par ses alliés. C’est pourquoi il devient inutile aujourd’hui d’alimenter les arguties policières et judiciaires françaises.

Il devient nécessaire et urgent d’imposer sur l’île, dans tous les secteurs de l’activité humaine, le souci de la qualité. A commencer par celui du raisonnement logique, dans la recherche d’une plus grande cohésion.

-     Les nationalistes devraient cultiver le sens pratique, plus que celui des réunions à n’en plus finir pour aboutir, par exemple, à signer un texte qui ne concerne presque aucune des organisations présentes, pour voir dès le lendemain reprendre le jeu médiatique et stérile des communiqués où chaque organisation se remet à prétendre « laver plus blanc ».

-          Les progressistes, quant à eux, pétris de soucis « démocratiques » et « pacifistes », devraient commencer à se demander dans quelle mesure leurs manifestations diverses n’en font pas les alliés des fossoyeurs de leur pays.

-          Les clandestins nationalistes devraient se poser une fois pour toute, le problème de la productivité politique et de la contre productivité de leurs actions.

-          Les clandestins non-nationalistes, arrivistes ou barbouzes, devraient, il est temps, être reconnus comme tels.

Ceci dit, la société corse ne pourra pas échapper à l’analyse exacte du mécanisme d’instauration de la situation actuelle. On a voulu criminaliser le Mouvement de Résistance. Cela n’a jamais, et nulle part, été très difficile : « Résistants = terroristes= gangsters. »

Azzedine Bounemeur, auteur algérien, a situé dans un même contexte de crise économique et sociale, l’origine du Banditisme et de la Résistance. Il l’écrit dans « Les bandits de l’Atlas » :

« Les Bandits sont le produit d’une crise économique et sociale au cours de laquelle ils s’érigent en révoltés pour leur propre compte, en groupe ou individuellement, contre leur société régie par un patriarcat rigide et implacable, injuste et féodal dans ses rapports les plus  infimes.

Les Résistants eux, sont la conscience collective, représentant les aspirations et les idéaux du peuple. Leur maturité se forge par étapes, en fonction de leurs idéaux, de la situation politique et des leçons tirées des étapes historiques nationales ou internationales ». 

 

L’Histoire de la Corse est celle d’une Résistance millénaire aux pouvoirs étrangers. Le pouvoir français est sans doute le plus lourd et le plus efficace de tous, puisqu’il a déstructuré les institutions, l’espace, l’économie, et plus tard jusqu’aux raisonnements individuels. Au moment où survient l’invasion française, la Corse voit son projet National, matérialisé par les institutions paolistes, anéanti. Ce projet, construit dans les siècles au prix d’une résistance acharnée, faisait l’admiration des penseurs de l’époque, celle des « Lumières ». Il représentait la concrétisation d’espoirs séculaires, et la réalisation, librement consentie, d’un système démocratique permettant pour la 1ére fois l’accession des Corses, chez eux, à la Liberté.

La conquête française, détruisant l’état corse, a commis un crime contre l’Humanité. L’île fut mise littéralement sans dessus dessous. Les nationaux corses furent pourchassés, exterminés, réduits à l’exil volontaire ou forcé. Les familles corses ralliées furent pourvues, enrichies, assimilées. Après la loi martiale, les lois douanières réduisirent à l’état de traces les productions corses. La ruine et la dépendance s’installèrent. Elles sont toujours là ! Que serait la France après 2 siècles d’occupation étrangère ? L’Histoire des années 1940/44 peut en donner une idée !

 

La société corse, mélange complexe d’apports séculaires, a vécu la déstabilisation  par la colonisation française, de tous les équilibres qu’elle avait construit au long de son Histoire. Le cadre militaire, policier, législatif et réglementaire a figé jusqu’à nos jours la vie politique, sociale et économique de l’île. Les entreprises corses ont progressivement disparu. Celles qui « prospèrent » aujourd’hui ne peuvent le faire que dans le cadre des plans définis par Paris sur la base du Tout Import. Leurs cadres sont « la » référence en matière de réussite, et donc de « fiabilité ». Ce système de  tout dépendance  a évidemment son corollaire politique dans le système dit : « claniste », dont les supports ne sont que les restes et les supplétifs des « grandes familles » ralliées dès la conquête française, et quelque fois avant. Remettre en cause ce patriarcat économique et politique relève de l’impossible, du fait de la disproportion des forces en présence. Or ce système est pour la Corse stérilisateur et mortifère. La Corse dans ses forces vives le rejette avec la dernière énergie car il condamne l’imagination, la proposition, l’initiative. Il ne permet, à des conditions très précises, que de maigres réussites individuelles, dont l’éclat médiatiquement lustré, veut faire oublier, en l’occultant, le naufrage collectif.

 

C’est contre cela que des militants, à leur insu « expression de la conscience collective », prirent les armes au début des années 1970, lorsque les effets réunis de l’après 68 se conjuguèrent à ceux des travaux contemporains des historiens et de linguistes, et aux sons magnifiques des chants de la tradition retrouvée.

Vint le temps de la guerre. Après les épisodes d’Aléria puis de Bastelica, l’état français, évaluant la dimension insurrectionnelle avérée du mouvement national corse, décida à la faveur de l’accession de la « gauche » au pouvoir, de mettre en œuvre un train de mesures articulées autour de la répression, suivant des recettes connues depuis des millénaires par les spécialistes en stratégie guerrière.

Gérard Chaliand (préface à l’art de la guerre de Sun-Tsè, 2500 av-JC) : « Il faut chercher à soumettre l’armée adverse par une combinaison de ruse, de surprise, de démoralisation. Ce dernier facteur est fondamental : rumeurs, intoxications ; susciter et utiliser une 5éme colonne, semer la discorde chez l’ennemi, subvertir et corrompre chez l’adversaire tous ceux qui peuvent l’être, particulièrement à l’échelon des cadres ».

 

Ces connaissances, renforcées par les connaissances modernes en matière de sciences et techniques, font intervenir dans un ensemble cohérent : la sociologie et l’ethnologie ; les techniques militaires et policières de renseignement et d’analyse, de noyautage, de manipulation, d’intoxication, de provocation. Les supports humains de ce système sont présents dans l’ensemble de la société insulaire. Il n’est pas toujours facile de les reconnaître : La répression sélective ; l’image du clandestin érigée impunément en effigie ; les images quasi identiques du clandestin et du policier d’élite ; les organes de presse théoriquement subversifs financés indirectement par l’état ; une garde prétorienne des banques et des grandes surfaces constituée de militants nationalistes surtout issus des classes populaires ; Lupinu et les Salines curieusement confiés à des associations nationalistes ; Le naufrage de l’agriculture organisé par l’état et le Crédit Agricole avec juste assez de scandales pour discrediter les hommes et les activités du secteur le plus stratégique de l’économie et de l’espace corse ; L’institutionalisation forcenée et le matraquage médiatique ; L’introduction permanente de contre-références intellectuelles et morales, ont constitué entre autres éléments, le mécanisme complexe qui s’est vu sanctionné par le meurtre du Préfet Erignac. Nouveau prétexte à l’accroissement de la répression sur fond de ruine économique générale.

 

On répondra à tous nos arguments que la « majorité » des corses s’exprime régulièrement par la voix des urnes, en faveur des partis français. La composition des listes électorales et la fraude, ajoutée au pourcentage chronique des abstentions devrait donner à réfléchir. D’autre par, ces majorités, largement contestées devraient méditer cette pensée de Paul Valery  « Une pratique, si ancienne et si profondément accoutumée soit-elle dans les esprits, que la plupart ne puissent la considérer différente, n’a d’autre justification à nous offrir que ses résultats , s’il arrive qu’elle déçoive l’examen que l’intellect lui fait subir. Si tout va bien, la logique importe peu, la raison et même la probabilité peuvent être négligées. L’arbre se connaît à ses fruits. Mais si les fruits sont amers, si une pratique immémoriale n’a cessé d’être malheureuse ; si les prévisions qu’elle fait sont toujours déçues, si on la voit recommencer avec une obstination animale les mêmes entreprises que l’évenement a cent fois condamné, alors il est permis d’examiner le système conventionnel qui est necessairement le lien et l’excitateur de ses actes ».. ».

Le système conventionnel est bien evidement l’application à la Corse de la Constitution française et de ses fruits, de ses pratiques, de son obstination. Au début des années 1970, l’état français décida dans l’optique du developpement de la société des loisirs, d’appliquer à la Corse un schéma d’aménagement essentiellement touristique, au mépris des intérêts corses. Les Corses manifestèrent leur refus et pour la 1ére fois depuis un siècle, suivirent des affrontements armés entre nationaux corses et militaires français. La Nation française opposa de nouveau la force de ses armes et de sa Loi à la Nation Corse niée dans ses droits.

D’après Paul Valery (au sujet des Nations) : «  Dans la partie perpétuelle qu’elles jouent, chacune d’elle tient ses cartes. Mais il en est de ces cartes qui sont réelles et d’autres imaginaires. Il est des nations qui n’ont en main que des atouts du Moyen Âge ou de l’Antiquité, des valeurs mortes et vénérables ; D’autres comptent leurs beaux-arts, leurs sites, leurs musiques locales, leur grâce ou leur noble Histoire qu’elles jettent sur le tapis au milieu des vrais trèfles et des vraies piques »…. « Il faut rappeler aux nations croissantes qu’il n’y a point d’arbre dans la nature qui, placé dans les meilleures conditions de lumière, de sol et de terrain, puisse grandir et s’élargir indéfiniment ».

Outre que les piques et les trèfles corses sont infiniment plus faibles, il est bien évident que le premier souci de la France a été de régler, à Ponte-Novu et après, le sort des piques corses. Ce souci met en œuvre aujourd’hui la XIVéme section du tribunal de Paris.

Pour les trèfles, la France fit appliquer les lois douanières de 1812 et 1818, donnant à l’économie corse un coup dont elle ne se remit jamais (régime consistant à taxer comme produit provenant de l’étranger les produits corses introduits en France, alors que parallèlement les produits français entrant en Corse étaient exempts de toute taxe). Petit à petit, l’entreprise et le commerce corse furent voués à disparaître, au mieux à végéter. Aujourd’hui, en dehors des secteurs du tourisme, des transports et de la distribution de biens de consommations importés (subventionnés par la continuité territoriale), aucun secteur de l’économie ne peut se développer. La Corse est mise en coupe réglée par le réseau des banques françaises du secteur public en position monopolistique.

 

Le financement spécifique du développement n’est pas assuré. Le scandale construit de la CADEC en fait même nier toute possibilité, alors qu’un véritable plan de développement n’a jamais été chiffré et que les taux bancaires pratiqués condamnent, dès leur création, la plupart des entreprises.

Là encore, point de hasard, seulement le projet têtu de mainmise coloniale, tenu en échec malgré la disproportion des forces en présence, au mépris des libertés fondamentales de l’Homme et des Peuples.

 

A l’heure où l’appareil de l’état, incarné par le Préfet Bonnet, se met lui-même en examen pour des faits qui relèvent de la forfaiture, et où les instances européennes supplantent de plus en plus, les instances locales, il est temps pour la Corse de demander que soit organisé un arbitrage international afin de faire reconnaître ses droits, pour que soit enfin installé en Corse un état de Droit, conforme au Droit International dans ses grandes lignes, et aux intérêts du Peuple Corse, de son Avenir et de la Paix.


 

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