Pour une approche universelle du
problème Corse
D’après Machiavel, Paul Valery, Azzedine Bounemeur,
Sun-tsé, Gérard Chaliand
Ces
quelques lignes n’ont d’autre prétention que de proposer, à travers
la réflexion de différents auteurs, une autre approche du problème
corse. On a tendance à en faire une exception énigmatique dont les
Corses, pourtant 1ere victimes, seraient à la fois
responsables et coupables, et principalement ceux qui ont lutté, et
luttent plus que d’autres, exposant et sacrifiant leurs intérêts
immédiats, leur liberté et quelquefois leur vie.
La
situation de la Corse, relativement simple est rendue peu lisible
par la disproportion des moyens de communication dont disposent les
forces en présence. Le rapport 1/400 peut donner une idée
approximative si l’on considère le rapport de la population Corse à
la population française :150 000/60 000 000.
L’installation de la France en Corse fut déterminée par la stratégie
française en Méditerranée, récurrente depuis le XVIeme
siècle. Ce fut un acte de guerre, mené par une des grandes
royautés de l’époque,
contre une petite nation
qui vit anéantir sa récente Indépendance, fruit d’une lutte multi
séculaire. Il y a là un authentique crime contre l’humanité,
qu’une foule d’écrits, sur le caractère des corses et leur moralité
douteuse, voudrait faire oublier. Il est d’ailleurs curieux de
constater que de tous temps, ce genre d’écrits fut l’œuvre du
colonisateur ou de ses auxiliaires. Il n’y a pas d’occupant sans son
auxiliaire indigène. Le nombre de ces auxiliaires est fonction du
rapport des forces dominants/dominés. Si le comportement de la
majorité des français avait prévalu en 1940, la France ne se serait
sûrement pas retrouvée du côté des vainqueurs.
« On se flatte d’imposer sa volonté à l’adversaire. Il arrive qu’on
y parvienne. Mais ce peut être une néfaste volonté. Rien ne me
paraît plus difficile que de déterminer les vrais intérêts d’une
Nation, qu’il ne faut pas confondre avec ses vœux. L’accomplissement
de nos désirs ne nous éloigne pas toujours de notre perte. Une
guerre dont l’issue n’a été due qu’à l’inégalité des puissances
totales des adversaires est une guerre suspendue ».
Cette réflexion de Paul Valery (regards
sur le monde actuel) s’applique à toutes les guerres et encore
plus que toute autre, à l’injuste guerre que fit la France de Louis
XV et de Bonaparte, à la République de Pasquale PAOLI. A deux
reprises en effet, les armées françaises écrasèrent les milices
populaires corses, expression militaire constitutionnelle de la
Nation Corse, ayant recours à la nécessité de faire la guerre à la
France. Avant Ponte-Novu d’une part, et pendant la période
révolutionnaire française, alors que la Cunsulta d’Orezza avait
déclaré rompu tout lien avec la France d’autre part. Entre-Temps,
les Corses avaient d’ailleurs vu s’installer un Royaume Anglo-Corse,
qui bien que limité dans le temps (1794 /96), est un acte
authentique de Souveraineté.
Les
troubles que connaît la Corse depuis 30 ans ne relèvent pas, comme
le prétendent le pouvoir parisien et ses auxiliaires, réels ou
inconscients, de faits de droit commun, mais d’une forme de
guerre civile imposée par le poids de l’aliénation due à 2
siècles de dépendance totale et forcée, et par l’écrasante
disproportion des forces en présence. Et rien ne permet de dire
aujourd’hui qu’une issue est en vue.
La
Corse a le souvenir de son ancienne Liberté. Elle entre dans la
catégorie des « cités » qui, selon Machiavel : « ont
toujours pour soutien, dans leur révolte, le nom de la Liberté et
ses anciennes institutions, qui ne s’oublient ni du fait de la
longueur du temps, ni des bienfaits reçus. Les Républiques ont plus
de vie, plus de haine, plus de désir de vengeance ; La mémoire de
leur ancienne liberté
ne les laisse ni ne peut les laisser en Paix ».
Il
est indéniable que le souvenir de Paoli, incarnant leur Liberté, a
habité et habite toutes les générations de
corses depuis
Ponte-Novu. Cette vénération fut d’ailleurs partagée par Napoléon
Bonaparte lui-même, avant son échec en Corse et sa retraite
impériale en France.
Ces
réflexions démontreront au plus grand nombre, car les initiés savent
depuis longtemps à quoi s’en tenir, que la situation de la Corse ne
doit que peu de chose à la « responsabilité des corses ».
Il
apparaît que cette situation, dans l’ordre chronologique, est due :
-
à
l’installation, par la force, de la France sur le territoire de la
Nation Corse.
-
A l’interaction de la
Terre corse et des comportements de sa population, affrontés aux
appétits de ses voisins plus puissants, du moment.
-
A la recherche
contrariée, au cours des siècles, d’un équilibre social sur l’île.
-
Au jeu des groupes de
pression, extérieurs et intérieurs, aggravés par l’intervention de
la puissance dominante dans un rapport de force brut, indéfiniment
défavorable à la Corse.
Les
mouvements corses
sont d’essence nationale. Ils sont donc illégaux au regard de la
Constitution française, et de ce fait et avant tout, passibles de
répression. La France a été confrontée aux
mouvements de
libération
nationale depuis
qu’elle est devenue une puissance coloniale, c’est à dire plus de 4
siècles au moins.
Son
armée et sa police connaissent parfaitement les mécanismes des
luttes nationales, la réalité et les contradictions des groupes
sociaux qui les portent. Elles savent en tirer parti contre ces
mouvements eux-mêmes.
Seuls les peuples asiatiques, pour différentes raisons,
remportèrent une réelle victoire sur ce système colonial, militaire
et policier, autant qu’économique.
Ailleurs, aucun peuple, pour le moment, n’a pu s’en libérer.
L’Algérie souffre encore, après plus de 30 ans, d’une
« Indépendance » concédée, des suites des clauses secrètes des
Accords d’Evian. L’Afrique subsaharienne n’a jamais connu la paix.
La décolonisation purement formelle fait de ce continent richissime,
un bourbier, un charnier dans le silence des Nations.
La
Nation Corse quant à elle, se débat depuis 30 ans, après avoir été
totalement écrasée pendant plus d’un siècle, sous le poids de la
puissance française. Si l’on considère les différences de population
des 2 territoires, le rapport est de 1/240 ; Si l’on ne considère
que la population « corse », ce rapport devient de 1/480.
La
période que vit la Corse depuis une trentaine d’années est celle
d’une guerre civile. Le nombre des civils et militaires, des
attentats aux explosifs, des emprisonnés, répercuté sur la
population française se présenteraient ainsi :
-
tués :
8 000 militants politiques ; 4 000 gendarmes ; 400 militaires ; 400
préfets.
-
Emprisonnés :
120 000 militants politiques ; 400 préfets ; 400 colonels de
gendarmerie ; 800 officiers subalternes ; 1 200 sous offficiers.
-
Attentats :
4 000 000.
Auxquels ont peut ajouter, sur la même base , 360 000 morts civils
de mort violente ; Sans parler d’une densité policière d’état de
siège.
Ce
tableau est celui d’une situation bien plus grave que celle de la
plupart des conflits actuels dans le monde. S’il est ignoré, c’est
en raison de l’écrasante disproportion des forces en présence.
Cette projection choquante mais incontestable n’empêche pas le
Gouvernement de promettre encore aujourd’hui, des solutions en forme
d’assistanat, que l’ensemble de l’île refuse de toutes ses forces.
Bien entendu, les majorités « démocratiques » exprimées aux
différentes élections servent de justification aux diktats
parisiens. Ces majorités qui installaient les « Pétain »,
couvraient les « Papon » et remplissaient les trains de la
mort.
Car
enfin, quand reconnaîtra-t-on que l’état français est un étranger
dans l’île ? Sa langue, dominante et écrasante est étrangère à
l’île ! Parlez corse en Italie, on vous demande de quelle région
vous êtes ? Parlez corse en France ! Ne vous comprendront peut-être
que quelques émigrés, italiens, espagnols ou portugais, personne
d’autre ! Et qu’on ne nous oppose pas les liens du sang, qu’ils
soient « mêlés » ou « versés ». Les mariages mixtes
sont des actes de liberté concernant des individus . Le sang corse
versé pour ou par la France, a coulé avec celui des Sénégalais,
Nord-Africains, Tonkinois, Kanaks et autres, enrôlés de la même
façon et pour les mêmes raisons ; Ce qui n’en a fait des « français »
que pour peu de temps. Ces réalités, qu’il est de bon ton de nier ou
d’oublier, sont pourtant présentes, et pèsent de tout leur poids sur
les comportements et les consciences, les inconscients et les
subconscients.
Bien
entendu, les Corses ne sont pas, dans ce contexte, favorisés par le
fait qu’ils partagent avec l’occupant, la même couleur de peau et
les mêmes références religieuses. Noirs et ou musulmans, ils
auraient attiré, même en France, beaucoup plus de « sympathies ».
Après bientôt 30 ans de troubles, aucune solution n’est en vue.
L’état français, dans son moule intellectuel uniforme, escomptant
dans un calcul simple les effets conjugués de l’érosion de
l’identité insulaire, de la pyramide des âges et d’autres paramètres
quantitatifs, joue avec le temps.
La
Corse pour la 1ere fois depuis longtemps, voit sa
population exprimer le désir de vivre chez elle, entre autre parce
que la démonstration est faites par tous les immigrés qui viennent
s’établir en Corse, que cela est possible. Le temps nous éloigne
d’un passé idéalisé et largement mythifié. Il voit se forger de
nouveau, les instruments de la refondation de la Nation Corse, qui
verra passer les envahisseurs d’aujourd’hui comme ceux d’hier, quel
que soit le rapport immédiat des forces en présence.
La
France est au ban des nations d’Europe pour la « transparence »
de sa vie publique et de ses pratiques économiques, policières et
judiciaires. L’organisation du
nouvel
espace
européen ne peut en
aucun cas englober le système jacobin français, déjà condamné 2 fois
par les défaites napoléoniennes, et sauvé 2 fois par ses alliés.
C’est pourquoi il devient inutile aujourd’hui d’alimenter les
arguties policières et judiciaires françaises.
Il
devient nécessaire et urgent d’imposer sur l’île, dans tous les
secteurs de l’activité humaine, le souci de la qualité. A commencer
par celui du raisonnement logique, dans la recherche d’une plus
grande cohésion.
- Les nationalistes devraient cultiver le sens pratique,
plus que celui des réunions à n’en plus finir pour aboutir, par
exemple, à signer un texte qui ne concerne presque aucune des
organisations présentes, pour voir dès le lendemain reprendre le jeu
médiatique et stérile des communiqués où chaque organisation se
remet à prétendre « laver plus blanc ».
-
Les progressistes,
quant à eux, pétris de soucis « démocratiques » et « pacifistes »,
devraient commencer à se demander dans quelle mesure leurs
manifestations diverses n’en font pas les alliés des fossoyeurs de
leur pays.
-
Les clandestins
nationalistes devraient se poser une fois pour toute, le
problème de la productivité politique et de la contre productivité
de leurs actions.
-
Les clandestins
non-nationalistes, arrivistes ou barbouzes, devraient, il est
temps, être reconnus comme tels.
Ceci
dit, la société corse ne pourra pas échapper à l’analyse exacte du
mécanisme d’instauration de la situation actuelle. On a voulu
criminaliser le Mouvement de Résistance. Cela n’a jamais, et nulle
part, été très difficile : « Résistants =
terroristes= gangsters. »
Azzedine Bounemeur,
auteur algérien, a situé dans un même contexte de crise économique
et sociale, l’origine du Banditisme et de la Résistance. Il l’écrit
dans « Les bandits de l’Atlas » :
« Les
Bandits sont le produit d’une crise économique et sociale au
cours de laquelle ils s’érigent en révoltés pour leur propre compte,
en groupe ou individuellement, contre leur société régie par un
patriarcat rigide et implacable, injuste et féodal dans ses rapports
les plus infimes.
Les Résistants eux, sont la conscience collective,
représentant les aspirations et les idéaux du peuple. Leur maturité
se forge par étapes, en fonction de leurs idéaux, de la situation
politique et des leçons tirées des étapes historiques nationales ou
internationales ».
L’Histoire de la Corse est
celle d’une Résistance millénaire aux pouvoirs étrangers. Le pouvoir
français est sans doute le plus lourd et le plus efficace de tous,
puisqu’il a déstructuré les institutions, l’espace, l’économie, et
plus tard jusqu’aux raisonnements individuels. Au moment où survient
l’invasion française, la Corse voit son projet National, matérialisé
par les institutions paolistes, anéanti. Ce projet, construit dans
les siècles au prix d’une résistance acharnée, faisait l’admiration
des penseurs de l’époque, celle des « Lumières ». Il
représentait la concrétisation d’espoirs séculaires, et la
réalisation, librement consentie, d’un système démocratique
permettant pour la 1ére fois l’accession des Corses, chez
eux, à la Liberté.
La conquête française,
détruisant l’état corse, a commis un crime contre l’Humanité. L’île
fut mise littéralement sans dessus dessous. Les nationaux corses
furent pourchassés, exterminés, réduits à l’exil volontaire ou
forcé. Les familles corses ralliées furent pourvues, enrichies,
assimilées. Après la loi martiale, les lois douanières réduisirent à
l’état de traces les productions corses. La ruine et la dépendance
s’installèrent. Elles sont toujours là ! Que serait la France après
2 siècles d’occupation étrangère ? L’Histoire des années 1940/44
peut en donner une idée !
La société corse, mélange
complexe d’apports séculaires, a vécu la déstabilisation par la
colonisation française, de tous les équilibres qu’elle avait
construit au long de son Histoire. Le cadre militaire, policier,
législatif et réglementaire a figé jusqu’à nos jours la vie
politique, sociale et économique de l’île. Les entreprises corses
ont progressivement disparu. Celles qui « prospèrent »
aujourd’hui ne peuvent le faire que dans le cadre des plans définis
par Paris sur la base du Tout Import. Leurs cadres
sont « la » référence en matière de réussite, et donc de « fiabilité ».
Ce système de tout dépendance a évidemment son
corollaire politique dans le système dit : « claniste », dont
les supports ne sont que les restes et les supplétifs des « grandes
familles » ralliées dès la conquête française, et quelque fois
avant. Remettre en cause ce patriarcat économique et politique
relève de l’impossible, du fait de la disproportion des forces en
présence. Or ce système est pour la Corse stérilisateur et
mortifère. La Corse dans ses forces vives le rejette avec la
dernière énergie car il condamne l’imagination, la proposition,
l’initiative. Il ne permet, à des conditions très précises, que de
maigres réussites individuelles, dont l’éclat médiatiquement lustré,
veut faire oublier, en l’occultant, le naufrage collectif.
C’est contre cela que des
militants, à leur insu « expression de la conscience collective »,
prirent les armes au début des années 1970, lorsque les effets
réunis de l’après 68 se conjuguèrent à ceux des travaux
contemporains des historiens et de linguistes, et aux sons
magnifiques des chants de la tradition retrouvée.
Vint le temps de la
guerre. Après les épisodes d’Aléria
puis de Bastelica, l’état français, évaluant la dimension
insurrectionnelle avérée du mouvement national corse, décida à la
faveur de l’accession de la « gauche » au pouvoir, de mettre
en œuvre un train de mesures articulées autour de la répression,
suivant des recettes connues depuis des millénaires par les
spécialistes en stratégie guerrière.
Gérard Chaliand
(préface à l’art de
la guerre de Sun-Tsè, 2500 av-JC) : « Il faut chercher à
soumettre l’armée adverse par une combinaison de ruse, de surprise,
de démoralisation. Ce dernier facteur est fondamental : rumeurs,
intoxications ; susciter et utiliser une 5éme colonne,
semer la discorde chez l’ennemi, subvertir et corrompre chez
l’adversaire tous ceux qui peuvent l’être, particulièrement à
l’échelon des cadres ».
Ces connaissances, renforcées
par les connaissances modernes en matière de sciences et techniques,
font intervenir dans un ensemble cohérent :
la sociologie et
l’ethnologie ; les
techniques militaires et policières de renseignement et d’analyse,
de noyautage, de manipulation, d’intoxication, de provocation. Les
supports humains de ce système sont présents dans l’ensemble de la
société insulaire. Il n’est pas toujours facile de les reconnaître :
La répression sélective ; l’image
du clandestin érigée impunément en effigie ;
les images quasi
identiques du clandestin et du policier d’élite ;
les organes de presse
théoriquement subversifs financés indirectement par l’état ;
une garde prétorienne
des banques et des grandes surfaces constituée de militants
nationalistes surtout issus des classes populaires ; Lupinu et les
Salines curieusement confiés à des associations nationalistes ; Le
naufrage de l’agriculture organisé par l’état et le Crédit Agricole
avec juste assez de scandales pour discrediter les hommes et les
activités du secteur le plus stratégique de l’économie et de
l’espace corse ; L’institutionalisation forcenée et le matraquage
médiatique ; L’introduction permanente de contre-références
intellectuelles et morales, ont constitué entre autres éléments, le
mécanisme complexe qui s’est vu sanctionné par le meurtre du Préfet
Erignac. Nouveau prétexte à l’accroissement de la répression sur
fond de ruine économique générale.
On répondra à tous nos
arguments que la « majorité » des corses s’exprime
régulièrement par la voix des urnes, en faveur des partis français.
La composition des listes électorales et la fraude, ajoutée au
pourcentage chronique des abstentions devrait donner à réfléchir.
D’autre par, ces majorités, largement contestées devraient méditer
cette pensée de Paul Valery « Une pratique, si ancienne
et si profondément accoutumée soit-elle dans les esprits, que la
plupart ne puissent la considérer différente, n’a d’autre
justification à nous offrir que ses résultats , s’il arrive qu’elle
déçoive l’examen que l’intellect lui fait subir. Si tout va bien, la
logique importe peu, la raison et même la probabilité peuvent être
négligées. L’arbre se connaît à ses fruits. Mais si les fruits sont
amers, si une pratique immémoriale n’a cessé d’être malheureuse ; si
les prévisions qu’elle fait sont toujours déçues, si on la voit
recommencer avec une obstination animale les mêmes entreprises que
l’évenement a cent fois condamné, alors il est permis d’examiner le
système conventionnel qui est necessairement le lien et l’excitateur
de ses actes ».. ».
Le système conventionnel est
bien evidement l’application à la Corse de la Constitution française
et de ses fruits, de ses pratiques, de son obstination. Au début des
années 1970, l’état français décida dans l’optique du developpement
de la société des loisirs, d’appliquer à la Corse un
schéma d’aménagement
essentiellement touristique, au mépris des intérêts corses. Les
Corses manifestèrent leur refus et pour la 1ére fois
depuis un siècle, suivirent des affrontements armés entre nationaux
corses et militaires français. La Nation française opposa de nouveau
la force de ses armes et de sa Loi à la Nation Corse niée dans ses
droits.
D’après Paul Valery (au sujet des Nations) : « Dans la
partie perpétuelle qu’elles jouent, chacune d’elle tient ses cartes.
Mais il en est de ces cartes qui sont réelles et d’autres
imaginaires. Il est des nations qui n’ont en main que des atouts du
Moyen Âge ou de l’Antiquité, des valeurs mortes et vénérables ;
D’autres comptent leurs beaux-arts, leurs sites, leurs musiques
locales, leur grâce ou leur noble Histoire qu’elles jettent sur le
tapis au milieu des vrais trèfles et des vraies piques »…. « Il faut
rappeler aux nations croissantes qu’il n’y a point d’arbre dans la
nature qui, placé dans les meilleures conditions de lumière, de sol
et de terrain, puisse grandir et s’élargir indéfiniment ».
Outre que les piques et les trèfles corses sont infiniment plus
faibles, il est bien évident que le premier souci de la France a été
de régler, à Ponte-Novu et après, le sort des piques corses. Ce
souci met en œuvre aujourd’hui la XIVéme section du
tribunal de Paris.
Pour
les trèfles, la France fit appliquer les lois douanières de 1812 et
1818, donnant à l’économie corse un coup dont elle ne se remit
jamais (régime consistant à taxer comme produit provenant de
l’étranger les produits corses introduits en France, alors que
parallèlement les produits français entrant en Corse étaient exempts
de toute taxe). Petit à petit, l’entreprise et le commerce corse
furent voués à disparaître, au mieux à végéter. Aujourd’hui, en
dehors des secteurs du tourisme, des transports et de la
distribution de biens de consommations importés (subventionnés par
la continuité territoriale), aucun secteur de l’économie ne
peut se développer. La Corse est mise en coupe réglée par le réseau
des banques françaises du secteur public en position monopolistique.
Le
financement spécifique du développement n’est pas assuré. Le
scandale construit de la CADEC en fait même nier toute possibilité,
alors qu’un véritable plan de développement n’a jamais été chiffré
et que les taux bancaires pratiqués condamnent, dès leur création,
la plupart des entreprises.
Là
encore, point de hasard, seulement le projet têtu de mainmise
coloniale, tenu en échec malgré la disproportion des forces en
présence, au mépris des libertés fondamentales de l’Homme et des
Peuples.
A l’heure où l’appareil de
l’état, incarné par le Préfet Bonnet, se met lui-même en examen pour
des faits qui relèvent de la forfaiture, et où les instances
européennes supplantent de plus en plus, les instances locales, il
est temps pour la Corse de demander que soit organisé un
arbitrage international afin de faire reconnaître ses
droits, pour que
soit enfin installé en Corse un état de Droit, conforme au
Droit International dans ses grandes lignes, et aux intérêts du
Peuple Corse, de son Avenir et de la Paix.
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