Le
15 juin 2006 : Après les premières arrestations de militants du FLNC
fin des années 70, le premier procès eu lieu en 1979 et donna lieu à
la première tribune politique pour le Front. C'est à ce moment là
précisément que le FLNC est apparu comme une organisation politique
ancrée dans le peuple Corse.
Le 15 juin 1979, Jean Paul Roesch,
militant du FLNC, fit une déclaration pendant le procès. Cet extrait
provient du livre "Le procès d'un Peuple" Edition A Riscossa,
Vincent Stagnara.
DECLARATION DE JEAN PAUL ROESCH :
Messieurs les juges de l'Etat français,
Si nous consentons à comparaître aujourd'hui devant vous, ne
cherchez dans cet assentiment aucune velléité de mendier votre
clémence, aucune intention visant à atténuer la portée de nos actes,
qui comme vous le verrez, traduisent dans le concret les aspirations
légitimes du Peuple Corse dans sa volonté manifeste de se
reconstituer nation souveraine .
Forts de notre légitimité, il nous apparaît inconcevable que vous
puissiez envisager un seul instant que l'acceptation devant vous
apporte un quelconque crédit à une légalité qui nous est totalement
étrangère et que nous ne reconnaissons pas .
Si nous empruntons à l'expression française sa terminologie, c'est
dans le seul souci de garantir aux journalistes français et
internationaux la compréhension direct de notre message .
Combattants du Peuple Corse hier, prisonniers de l'Etat français
aujourd'hui, nous avons estimé utile à la juste cause que nous
servons de ne pas décliner l'offre que vous nous faites d'une
tribune exceptionnelle qui nous permettra de dénoncer face à
l'opinion internationale l'œuvre illégitime et maléfique du
colonialisme français en Corse; d'expliquer ainsi le sens et les
raisons de notre combat .
Il est indéniable que votre justice n'est pas la notre; flagrant
qu'elle n'est pas celle de notre peuple.
Elle est pour nous la loi pernicieuse du Conquérant qui porte avec
elle les gibets où vous avez pendu nos ancêtres .
Vous prétendez juger au nom du Peuple français, selon vos immortels
principes de 1789, de soi-disant citoyens français de Corse, pour
atteinte à l'intégrité du territoire.
Nous vous dénions ce droit !
- Au nom du Peuple corse
- Au nom du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes"
- Au nom de notre légitimité historique
L'histoire, Messieurs les Juges français, nous jugera. Mais prenez
garde ! Elle jugera aussi tous ceux qui sont aux ordres du
colonialisme français ...
Non seulement nous ne connaissons pas votre justice, mais nous la
combattons car elle est l'émanation de l'Etat français, bourreau
impitoyable de la Nation Corse.
Le Droit à la résistance, le droit à la lutte armée est inscrit dans
la déclaration des droits de l'homme ratifiée par la France.
C'est d'ailleurs plus qu'un droit, c'est le plus impérieux des
devoirs pour un colonisé !
Nous sommes en lutte contre l'occupant français !
Nous sommes des combattants de la Nation Corse en marche vers sa
libération nationale !
Devant vous, Messieurs, nous nous considérons comme des prisonniers
de l'Etat français !
N'attendez donc aucune explication tendant à justifier nos actes !
Notre déclaration liminaire constituera l'essentiel de l'analyse
lucide de la situation politique, culturelle, économique et sociale
de notre seul patrie : la Nation Corse, bien évidemment.
Elle mettra en évidence la légitimité de la lutte de libération
nationale.
Elle retracera, sans faire de concessions à la rhétorique, fort
prisée dans ce genre de prétoire, l'épopée tyrannique et macabre de
deux siècles de colonisation .
Elle esquissera à travers son exposé, le profil des perspectives
d'une Corse définitivement libérée du joug du colonialisme français.
Est-il vraiment besoin d'ajouter, Messieurs les Français, que
contrairement aux affirmations mensongères de la propagande
largement diffusée par les médias inféodés au colonialisme, nous ne
sommes ni l'émanation d'une classe sociale, ni les valets d'un
parti, ni les adeptes d'une idéologie à la mode, ni des fanatiques,
ni des individus agissant sous l'emprise de la désespérance !
Nous sommes les enfants de la Nation Corse, militants du FLNC
responsables, clairement conscients du devoir pressant qui nous
incombe vis-à-vis de notre peuple et qui n'est autre que de lui
permettre de reprendre ce qui lui appartenait en propre. C'est à
dire : sa souveraineté nationale. Seul garante de son émancipation ;
seule capable de lui éviter une mort certaine à brève échéance.
Tout les militants du Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica
qui se présentent devant ce tribunal d'exception français, tiennent
à assumer leur responsabilité pleine et entière tant sur le plan
politique que sur le plan militaire, dans les actions de la lutte de
libération nationale corse.
Nous affirmons que nous sommes tous solidaires puisque chacun est
partie prenante de toutes les décisions du "Fronte", que ce soit au
niveau de l'exécution de l'action, ou de la revendication politique.
Il n'y a au FLNC que des militants responsables conscients d'avoir
engagé la lutte historique de libération qui aboutira à
l'indépendance de la Nation Corse."
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Esiliatu, Unità Naziunale
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