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Libertà per Sebas !

Le 20 janvier 2007 : La Guardia Civil a arrêté le membre de la radio parisienne Txalaparta, Sébastien Bédouret, qui faisait partie de la délégation internationale qui est venue au Pays basque pour se rendre au Vélodrome. Il a été arrêté lors d'un contrôle installé au rond-point de Galarreta. Voici le témoignage de son arrestation et de sa garde à vue. La lutte de libération nationale corse apporte son soutien à Sebas et demande sa libération immédiate.

TAT(1) a rendu public hier le témoignage de Sebas Bédouret sur les 48 heures qu'il a passées en incommunication aux mains de la Guardia civil. Selon son récit, avant que ne commencent les coups, les menaces, les humiliations et les exercices physiques, les agents d'Intxaurrondo lui ont sorti : "Quand tu sortiras d'ici, tu pourras écrire ton propre témoignage".

HERNANI

L'avocate de Torturaren Aurkako Taldea (TAT), Izaskun González, a rendu visite mercredi à Soto del Real  à Sebas Bédouret, arrêté par la Guardia civil à Hernani le 6 décembre alors qu'il se rendait, avec le reste des membres d'une délégation internationale, à l'acte que le mouvement pro-amnistie entendait célébrer au Vélodrome d'Anoeta. Le journaliste français a été arrêté sous l'accusation de posséder un exemplaire de "Zutabe" et, après avoir comparu devant l'Audience nationale deux jours plus tard, il a été incarcéré à la prison madrilène pour "collaboration avec bande armée".

Bédouret, qui a tout de suite dénoncé devant le juge Ismael Moreno avoir été torturé, a raconté à González ce qu'il a vécu pendant la période d'incommunication : d'abord dans la caserne d'Intxaurrondo puis dans les dépendances de Madrid. Selon ce qu'il a expliqué, dans chaque lieu il a été obligé d'apprendre une déposition.

Dans les installations du quartier donostiarra, ils lui ont demandé, toujours selon le témoignage diffusé par TAT, "si je savais qui m'avais arrêté. (.... Je leur ai dit 'la police' et il m'ont répondu : 'Tu es à Intxaurrondo. Tu connais l'histoire de ce lieu? Tu as la possibilité de lire beaucoup de témoignages, mais quand tu sortiras d'ici tu auras l'occasion d'écrire ton propre témoignage'".

Le journaliste a dénoncé le fait que les interrogatoires dans cette caserne se sont caractérisés par "d'incessantes questions. Ils me les formulaient très rapidement, et quand mes réponses n'étaient pas aussi rapides qu'ils le voulaient, ils me frappaient derrière la tête. (...) Cela s'est répété plusieurs fois : ils s'en allaient, et après un moment ils revenaient. Questions et coups".

Après avoir signé la déposition que lui ont présentée les gardes en présence d'un avocat commis d'office, "que je n'ai pas pu voir parce qu'il était derrière moi", et d'un traducteur, ils l'ont mis dans une voiture. Il a passé le voyage jusqu'à Madrid avec un masque qui lui couvrait les yeux, la tête entre les jambes et avec deux agents appuyés sur son dos.

Son épouse et "lui faire porter le chapeau"

A la fin du trajet, il ne savait pas qu'il se trouvait dans des dépendances policières: "J'avais l'impression qu'on était dans un endroit abandonné. (...) Je me sentais totalement isolé du monde, seul". Et dans les dépôts de la capitale espagnole les scènes d'Intxaurrondo se sont répétées : "Chaque fois qu'ils allaient entrer, ils m'obligeaient à me mettre debout, dos à la porte, avec la tête baissée et les yeux fermés. (...) Ils ont recommencé avec les questions et les coups. Ils m'ont obligé à faire des flexions; pendant ce temps, ils continuaient avec les questions. Il y avait tout en même temps, les questions, les coups... J'ai fini par m'évanouir. Je suis tombé par terre, mais ils m'ont relevé et m'ont obligé à continuer".

"L'un d'eux a posé sa main sur mes parties génitales et m'a demandé comment se disait 'homosexuel' en français. Je lui ai répondu, et j'ai entendu plein de rires derrière (...)", poursuit le témoignage de Bédouret, qui explique qu'à un moment donné ils ont commencé à le menacer avec son épouse, enceinte de huit mois. "Ils me disaient que quand elle avait su qu'ils m'avaient arrêté elle était venue à Madrid

(...) et qu'ils l'avaient arrêtée. Il me disaient qu'ils allaient lui faire la même chose qu'à moi voire plus. (...) Ils me donnaient beaucoup de détails, et je les croyais".

"L'un d'eux m'a dit que la prochaine fois qu'il me verrait à Lizartza il me tuerait. J'y suis allé une seule fois. Ils sont même allés jusqu'à me menacer avec Barajas, qu'il fallait bien que quelqu'un porte le chapeau", ajoute-t-il.

Le journaliste souligne que, après avoir appris la seconde déposition, ils lui ont dit qu'ils allaient lui appliquer "la bolsa"(2) et que "comme les cinq jours n'étaient pas passés, ils pouvaient me garder là, qu'après ma déclaration devant le juge j'allais revenir. Il m'ont demandé si je connaissais Unai Romano(3)... Dès qu'ils m'ont présenté au juge, la première chose que je lui ai demandé a été si ils pouvaient me remettre entre les mains des gardes civils".

Pendant ces 48 heures, ils l'ont empêché de dormir, ce qui fait qu'il était "complètement désorienté", et il a très peu mangé et bu. "La première nuit à Soto del Real, je n'ai pas pu dormir. Je me suis réveillé en panique, avec la sensation d'être encore dans les dépendances de la Guardia civil", finit-il.

"Il faut épurer le système et rompre cette équation"

HERNANI

Après qu'Izaskun González ait fait remarquer que le témoignage de Bédouret est très similaire à ceux recueillis ces derniers temps par TAT, Martxelo Otamendi a pris la parole pour affirmer que "cela lui rappelle notre cas". Otamendi, poursuivi dans le "cas Egunkaria", a fait remarqué que les cas de mauvais traitements et de tortures se produisent "parce que l'incommunication est maintenue, ainsi qu'un tribunal comme l'Audience nationales et les forces de police antidémocratiques. Tout cela constitue une machine à part entière, toute une séquence planifiée d'avance". Dans cette ligne, il a plaidé pour "l'épuration du système et la rupture avec l'équation 'incommunication plus Audience nationale égal torture'". Il a aussi rappelé l'Assemblée nationale des torturés réunie le 16 décembre à Elorrio, "au cours de laquelle nous nous sommes fermement engagés à lutter contre cette pratique".

Nekane Txapartegi, poursuivie dans le dossier 18/98, a exigé des représentants politiques et institutionnels qu'ils "passent des paroles aux actes" et qu'ils exigent des enquêtes réelles, qu'ils offrent un appui, qu'ils recherchent des responsabilités... Elle a souligné la nécessité de "briser la machine qui rend possible la torture" et de "reconnaître publiquement son existence".

Source : Gara, 19 janvier 2007

 

(1) TAT : Torturaren Aurkako Taldea ("Groupe contre la torture") - http://www.stoptortura.com/index.php?newlang=fra

(2) "la bolsa" : torture consistant à appliquer un sac en plastique sur la tête pour entraîner l'asphyxie.

(3) Unai Romano : son témoignage de torture est téléchargeable à l'adresse (bas de page) : http://www.behatokia.info/infos.php

 Sur le blog des nouvelles de Sebas a travers son temoignage sur sa 
detention et la torture a intxaurrondo par la guardia civil.

http://libertepoursebas.blogspot.com/

 

Rappel :Unai Romano avant et après son incommunication

SPBL-Paris

Source photo : SPBL, GARA, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :  SPBL, GARA, Unità Naziunale

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