Le
14
juillet 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
Comme annoncé à la sortie de la dernière réunion à la
préfecture de Bastia, le CAR a perturbé les cérémonies du 14 juillet
à Bastia. Les militants et familles de prisonniers politiques ont
tenu une conférence de presse sur la place Saint Nicolas de Bastia à
quelques mètres du monument aux morts pendant la cérémonie
officielle. Malgré un service d'ordre digne d'un G8, les militants
du CAR ont réussi a tenir leur conférence. Dès que le porte-parole
du CAR a commencé à parler, les gendarmes ont chargé, jetant à terre
une femme d'une cinquantaine d'année, bousculant plusieurs militants
(dont un qui a été mordu à la main par un gendarme certainement
cannibale). Mais, les militants du CAR, drapeaux corses à la main
ont résisté et ont réussi à tenir leur conférence. Après avoir
chanté le Dio Vi Salvi Regina, ils ont quitté les lieux dans le
calme. Un touriste hollandais présent sur les lieux et venu vers les
nationalistes pour leur dire "mais ce sont des terroristes"... en
montrant du doigt les gendarmes !
Le préfet de Haute-Corse s'est ridiculisé à la
télévision en disant que la cérémonie n'avait pas été perturbée
alors que tous les médias corses avaient fait de cette perturbation
la Une de leurs journaux !
Voici le texte de la conférence de presse :
Le
14 juillet est une date très importante dans l’Histoire de Corse,
qui mériterait bien d’être déclarée un jour fête nationale corse. En
effet, c’est un 14 juillet, en 1755 que Pasquale de’Paoli a été élu
général en chef des Corses à la cunsulta du couvent
Sant’Antone di A Casabianca et que l’indépendance a été déclarée au
nom du droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes. Et, c’est également
un 14 juillet que Pasquale de’Paoli est revenu en Corse, à
Macinaghju, en 1790, après avoir passé plus de 20 ans en exil en
Angleterre.
Le
monument aux morts des guerres du XXe siècle, sur la
Place Saint-Nicolas de Bastia est parfaitement approprié pour fêter
cet événement. Œuvre du grand sculpteur corse Louis Patriarche, fini
en 1925, il dû recommencer le socle qui ne plaisait pas. L’œuvre
finale a donc été livrée en 1929 et inaugurée en 1935 en présence
d’une foule estimée à plus de 30 000 personnes. Elle représente la
bravoure des femmes corses. Pour cela, l’auteur a sculpté une scène
du XVIIIe siècle, la veuve Renno offrant son fils au
Général Paoli pour combattre pour la liberté de la nation, alors
qu’elle a déjà perdu deux fils au combat. Cette femme, c’est aussi
Faustina Gaffori qui demande aux Corses de penser à la patrie et de
monter à l’assaut de la citadelle de Corti, malgré le fait que les
Génois aient pris son fils en otage et menacent de le tuer si les
Corses attaquent.
Le 14
juillet que les Français fêtent commémore une révolution à laquelle
la Corse de 1789 avait adhéré, puisque nous avions mis en place les
idées des lumières 34 ans avant la France. Mais, les nationaux du
XVIIIe siècle ont vite compris que la France ne mettrait
jamais en pratique une société juste et égalitaire. Dès 1793, la
Corse tournait le dos à cette France qui mettait en place la
terreur. Aujourd’hui, alors que la France entière commémore ce 14
juillet 1789, on peut se demander ce qu’il reste des idées de
liberté, d’égalité ou de fraternité…
En avril
2008, nous avons dû occuper la préfecture de Bastia pour obtenir un
rendez-vous avec le préfet. Lors de cette rencontre organisée deux
jours après notre occupation et à laquelle s’était invité le
procureur général, nous avions posé deux questions au président de
la République française (« Quand et comment comptez-vous tenir vos
promesses et appliquer les lois communes pour nos prisonniers
politiques ? » et « Que comptez-vous faire pour les prisonniers
politiques qui sont en détention préventive ? ») et nous avions
demandé à être reçu à l’Elysée ou au ministère de la justice avec
une personne capable de négocier la mise en place réelle du retour
des prisonniers politiques.
A la fin
du mois de mai, nous avons de nouveau été invités à la préfecture.
Cette fois, le procureur général nous avait dit que le parquet était
tout à fait favorable aux aménagements de peine, qu’il veillerait à
ce que le CD de Borgu soit toujours rempli (comme l’avait promis le
Président de la République française le 31 octobre 2007…), et que le
rapprochement des détenus corses était en cours.
Deux mois
après, le constat est édifiant. Malgré une opinion publique plus que
favorable au retour des prisonniers corses, et chaque jour le CAR
reçoit de nouvelles réponses de mairies qui délibèrent en faveur des
nôtres, nous n’avons toujours pas reçu de réponses à nos trois
questions.
Depuis
le 15 novembre, malgré les chiffres impressionnants annoncés très
médiatiquement par le procureur général, seuls trois prisonniers
politiques ont été transférés. Le premier n’a passé que trois
semaines à Borgu avant d’être libéré, les deux autres étaient les
plus proches de la libération conditionnelle. Et systématiquement,
dès qu’un prisonnier politique est rapproché, c’est celui qui est le
plus près de la libération qui est transféré à Borgu et jamais,
jamais les plus longues peines, ceux qui en ont le plus besoin, ceux
qui souffrent le plus et ceux dont les familles sont le plus
pénalisées par cette double peine.
En ce qui
concerne les aménagements de peines, le parquet a fait appel des
deux seules décisions de libération conditionnelle obtenues par nos
prisonniers. Le parquet s’est également opposé à une autre
libération conditionnelle, et à une demande de permission d’un
prisonnier qui a fait 8 ans de prison et à qui il reste trois ans à
faire en lui disant que sa demande était « très prématurée » et
qu’il n’avait pas besoin de sortir en permission pour voir sa
famille car il bénéficie de parloirs… Heureusement que le parquet
est favorable aux aménagements de peines…
La
situation actuelle est toujours aussi grave. Nous avons actuellement
62 prisonniers politiques. Seuls 5 sont incarcérés en Corse. On nous
annonce le transfert de 7 détenus et d’un prisonnier politique.
S’agira-t-il d’un militant condamné à la perpétuité ou à 28, voire
25 ans ? Ou bien encore une fois du prisonnier qui est le plus
proche de la libération conditionnelle ? Le simple fait que le
procureur n’ait pas voulu répondre à notre question est déjà une
réponse…
Le
problème très important des prisonniers politiques en détention
préventive n’a toujours pas été abordé. Il y a quelques semaines
c’est déroulé un procès devant la cour d’Assises spéciale de Paris.
Les militants qui ont été jugés attendaient dans les maisons d’arrêt
de la région parisienne depuis 5 ans ! Certains, innocents,
condamnés à 10 ans de réclusion criminelle n’ont même plus la
possibilité de faire appel, tellement leur détention préventive a
été disproportionnée… Pourtant, la France est régulièrement
condamnée par l’Europe dès qu’un détenu dépasse les 4 ans de
détention préventive…
Une
nouvelle fois, le CAR pose au gouvernement français les questions
suivantes :
Quand
va-t-on rapprocher les prisonniers politiques les plus lourdement
condamnés ?
Quand
va-t-on prendre en compte le problème de la détention préventive ?
Pendant
combien de temps encore le procureur général va-t-il tenter de faire
croire à une opinion publique corse totalement favorable au retour
des prisonniers que le problème est résolu, alors que nous avons
encore 57 prisonniers politiques incarcérés en France et seulement 5
en Corse ?
Quand
va-t-on utiliser le CD de Casabianda pour gagner de la place à Borgu
en y transférant par exemple les détenus du CD de Borgu qui
bénéficient déjà de permission de sortir et qui n’ont plus intérêt à
s’évader (sachant qu’il n’y a d’après le procureur lui-même « que »
80% de délinquants sexuels et donc 20 % de condamnés pour d’autres
raisons) ?
Pourquoi
ne pas transférer nos prisonniers politiques à la maison d’arrêt de
Borgu en attendant que des places se libèrent au CD de Borgu ?
Il y a
largement la place pour faire revenir en Corse les 57 prisonniers
politiques qui sont actuellement incarcérés en France. Il ne manque
que la volonté politique de l’Etat français. Et tant que le retour
des prisonniers politiques ne sera pas mis en place, nous serons
dans la rue pour faire savoir à l’opinion publique corse qu’on la
trompe !
Cumitatu contr’à A Ripressione
Dossier
Action du CAR du 14
juillet 2008
Dossier
Rapprochement des prisonniers politiques :
10 ans de revendication
du Comité Anti Répression
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
www.carcorsica.org, Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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