Le
9 juin 2009 : (13:00 Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) LIMA
- Le principal leader indigène au Pérou s'est réfugié à l'ambassade
du Nicaragua, indice d'une tension encore palpable mardi, quatre
jours après des violences entre police et Indiens amazoniens qui ont
fait 34 morts dans le nord-est, selon un bilan contesté.
Le Premier ministre péruvien
Yehude Simon, en commission parlementaire débattant des
affrontements de vendredi-samedi à Bagua (1000 km au nord de Lima),
a annoncé lundi soir qu'"Alberto Pizango s'est réfugié
aujourd'hui à la mission diplomatique" du Nicaragua à Lima.
Pizango est le numéro un de
l'Association interethnique de la Jungle péruvienne (AIDESEP),
principal collectif indigène, qui dit représenter 65 groupes
ethniques, émiettés en 1.300 communautés, représentant 600.000 âmes
--sur 28 millions de Péruviens.
Depuis deux mois, l'AIDESEP mène
protestations et blocus ponctuels de routes, oléoducs ou fleuves
dans le nord-est amazonien. Elle rejette des décrets-lois de 2007-08
du gouvernement (centre-droit) d'Alan
Garcia, jugés trop
complaisants envers l'exploitation hydrique, forestière et minière.
Pizango est passé à la
clandestinité ce week-end, recherché par la justice après les
violences de Bagua. La ministre de l'Intérieur a suggéré qu'il avait
fui dans la Bolivie voisine du président socialiste -et indien
aymara- Evo Morales.
L'ambassadeur du Nicaragua Tomas Borge a estimé sur la radio de Lima
RPP qu'une décision serait prise mardi sur l'asile politique à
Pizango. "Il semble avoir les caractéristiques d'un persécuté
politique", a-t-il commenté.
Symptôme de crispation du
gouvernement péruvien devant l'impact mondial des violences de
Bagua, Yehude Simon s'en est pris lundi aux médias étrangers,
accusés d'avoir déformé les faits, les chiffres, et indûment blâmé
le gouvernement. Il a révisé le bilan officiel à 34 morts, dont 25
policiers et 9 Indiens.
Le ministre de la Défense Antero
Flores Araoz avait dimanche confirmé à l'AFP un bilan de 23
policiers et 11 indigènes tués, alourdi depuis d'un décès policier.
Des sources indigènes ont fait
état avec insistance depuis samedi d'un bilan bien plus lourd,
notamment de victimes indiennes allant d'une douzaine à près de 30,
mais de corps escamotés.
Les victimes ont été tuées en
plusieurs vagues de heurts en 24 heures: lors de la levée en force
d'un blocus routier tenu par des indiens, lors d'émeutes qui ont
suivi, puis lors d'une opération militaire pour libérer des
policiers pris en otage.
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