Le
16 juin 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
On se bat aujourd’hui, comme hier, comme avant-hier,
comme toujours, des hommes et des femmes se battent, pour leurs
droits, pour garder leur emploi, pour travailler moins ou moins
durement, pour des salaires moins rachitiques ; partout on se bat
pour la liberté, pour son hôpital ou contre la prison, pour trois
sous, pour des médicaments, pour l’honneur, pour les allocations, on
se bat pour ses amis, sa soeur, son père, son frère ou sa mère, pour
sauver la recherche, pour l’idée qu’on se fait de l’éducation ou de
la psychiatrie ; pour plus d’avantages, pour moins de soucis, on se
bat pour sa survie, on se bat parce qu’on ne veut pas crever ou
parce que l’on crève de rage, ou bien encore parce que le mépris des
gouvernants et des patrons, des juges et des contrôleurs sociaux,
des cabinets d’études, des experts, des connards patentés et de ceux
qui vous expliquent qu’il faut patienter encore, encaisser un petit
peu plus, sous peine de payer de sa peau – parce que le mépris qu’on
nous oppose est si évident et si insolent, on se bat aussi sans
savoir bien pourquoi mais parce que ça vous tombe dessus ; partout,
toujours, on se bat. Les raisons ne sont pas à discuter, la force
qui les habite se charge de leur donner raison. Mais à coup sûr on
se bat aujourd’hui avec plus de sérieux qu’hier, avec plus de
sérieux qu’il y a dix ans, on se bat avec plus de sérieux qu’on ne
l’avait fait depuis longtemps. On n’est moins prêts à se faire
virer, massacrer ou affamer sans conséquence. Quand une
délocalisation comme il y en a tant entraine la destruction d’une
préfecture (Continental), quand les employés d’ErDF et de GrDF
rappellent par les faits qu’être employé dans les secteurs de
l’énergie c’est aussi être en mesure d’éteindre la machine, quand on
sort le canon pour garder son hôpital (Carhaix), voilà qui est
sérieux, voilà qui a le mérite de rappeler que l’histoire est une
puissance dont les hommes peuvent à chaque instant se ressaisir, au
grand dam de ceux qui en sont, temporairement, les vainqueurs.
A
ce sérieux du peuple, et comme en miroir, répond le mépris des
gouvernants et des gestionnaires, leur mépris sans limite, et ceci
est leur forme de sérieux propre, c’est le sérieux des gouvernants.
A ce sérieux du peuple, à ce sérieux qui est plein d’histoire, qui
est plein de l’histoire du peuple, à ce sérieux qui est le retour de
l’histoire, les gouvernants opposent leurs airs de bouffons
grimaçants, leurs airs de courges satisfaites à Saint Tropez, la
nouvelle petite Marie-Antoinette présente son caniche à la presse,
on organise comme de rien des sommets sur l’immigration, à Vichy
bien sûr. Mais cela n’est pas tout. Il faut au sérieux vacillant de
nos petits maîtres une quille, comme en ont les bateaux, une quille
pour ne pas basculer trop fort, à la première vague. Et cette
quille, c’est la peur. Au fait tout simple, au fait très
élémentaire, et de toujours, que des hommes et des femmes se
battent, on invente des noms de croquemitaine. C’est ainsi qu’on
produit sur la scène médiatique les « casseurs », les « bandes » et
les « terroristes », les « jeunes des cités » ou les
« clandestins », comme on présentait jadis les « sorcières » au
public avant de les brûler. Par un usage savant et crapuleux des
nomenclatures, le journal de 20h et les discours des ministres ont
rebaptisé, pour les lui rendre étrangères et odieuses, des
techniques de lutte qui ont toujours appartenu au peuple, et
notamment au mouvement ouvrier : il est devenu banal d’appeler une
simple grève une « prise d’otages », on a même essayé récemment de
qualifier un sabotage sans danger « d’attentat terrroriste ». Contre
les sorcières, c’est bien connu, tout est permis. La prison bien
sûr, avec ou sans procès, les contrôles judiciaires exorbitants, qui
fixent les lieux d’habitation et les trajets autorisés, interdisent
à l’ami de voir l’ami, au frère de voir la soeur ; et, quand
« l’ennemi intérieur » est suffisamment avéré, par sa mauvaise
naissance par exemple, les vexations infinies, les attaques de la
police, à l’occasion le massacre. Tout ceci, les dénonciations
publiques, les fabriques d’épouvantails, les dispositions pénales et
militaires, visent d’abord à défaire les liens, les liens
non-neutres, qu’il y a entre les êtres, les liens politiques. Les
liens ne cessent pas quand on le leur demande, ils ne connaissent
pas de Grenelle, l’amitié est la chair du politique – ou bien le
politique est une insanité. Evidemment, nous avons besoin de bien
plus qu’une manifestation, il nous faut des liens plus durables et
plus joyeux, à la mesure du sérieux de la situation. Mais cette
manifestation-là pourrait être une première rencontre, c’est notre
invitation. Faites comme chez vous.
RENDEZ-VOUS LE 21 JUIN, à 15h
MANIFESTATION PARIS - RER LES HALLES - Fontaine des innocents
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Unità Naziunale, Archives du site.
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