Le
3 mai 2009 : (13:00 Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) A son arrivée en prison, toute personne
doit avoir un entretien avec un membre du service social – SPIP,
c’est à dire Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation - (et
aussi un médecin). Celui-ci peut prévenir les proches, mais dans
beaucoup de cas, il ne le fera pas.
C’est donc à vous d’agir, car il y a
beaucoup de choses que vous pourrez faire très rapidement pour votre
proche dès que vous connaîtrez l’endroit où il (elle) est
incarcéré(e) (une Maison d’arrêt s’il est prévenu ou condamné(e) à
une peine inférieure à deux ans, un Centre de détention s’il est
condamné à plus de deux ans, et une Centrale si c’est une longue
peine). La première chose à faire, c’est sans doute de téléphoner à
la prison et de demander le service social/SPIP.
Dès que possible, nous vous conseillons :
-
d’apporter (de faire apporter)
du linge.
Même si le (la) prisonnier(e) pourra récupérer
des vêtements propres . Il faut
apporter ces vêtements sans délai, car dans la plupart des prisons,
il est possible de le faire sans permis de
visite
que la première quinzaine d’incarcération.
Il est préférable de connaître le règlement particulier de chaque
prison avant de s’y rendre. Il faut connaitre le numéro d'écrou
également.
-
d’envoyer un mandat.
En prison, tout se paye : la télé, le savon, le papier toilette…
(une fois que la personne à son numéro d'écrou)
- dès que possible de
faire une
demande de permis de visite.
A son arrivée en prison,
bien souvent, la solidarité entre prisonniers corses jouent.
Tous
les mercredi soir, vous pouvez téléphoner à RADIO PAESE et laisser
un message de soutien, un témoignage ou faire une dédicace en direct à partir de
21H30
le mercredi et le
samedi à partir de
12H30-14H00
(indiquez la fréquence à votre proche
emprisonné par courrier 93.21 FM en ile de France) 01 48 59 22 12
1. Colis et mandats.
a) Les colis.
Inutile d’envoyer un colis, il ne sera pas remis
au prisonnier. Au moment de Noël, il est possible d’apporter des
colis avec de la nourriture (limité à 5 kilos). Il y a souvent
beaucoup de restrictions (les produits avec de l’alcool sont
interdits, mais aussi selon les établissements : les piments, les
viandes en sauce, etc.) et il faut respecter certaines règles
(dénoyautage des fruits secs, découpage des fromages, pains, etc.).
Dans tous les cas, il est primordial de se renseigner auprès de
l’établissement pour connaître les modalités particulières. Chaque
colis doit être accompagné d’un inventaire complet des denrées qu’il
renferme. Les boîtes métalliques et récipients en verres sont
prohibés. Par ailleurs, la Croix-Rouge française est habilitée, à
l’occasion des fêtes de fin d’année, à faire entrer un colis de
denrées aux détenus ne recevant pas de visite mais pour lesquels les
familles adressent un chèque de 45 euros à l’association .
b) Les mandats.
Toute personne ayant un permis de visite est
autorisée à envoyer de l’argent par mandat cash (sinon, il faut en
demander l’autorisation au directeur de la prison, mais souvent le
règlement n’est pas appliqué, surtout si la personne vient d’être
incarcéré). Le mandat cash s’envoie d’un bureau de poste. Il pourra
vous être demandé votre carte d’identité (ou carte de résident).
Vous devez remplir un imprimé et payer en espèces (le montant du
mandat plus 5,60 euros si vous envoyé jusqu’à 150 euros, un peu plus
au-delà), et le guichetier vous remettra le volet 1 et 3 de
l’imprimé. Transmettez le premier volet au destinataire pour qu’il
puisse faire valoir ses droits auprès de l’Administration et gardez
le reçu en cas de contestation.
Indiquez bien les coordonnées du bénéficiaire. Ce
n’est pas la peine de donner le numéro d’écrou , ça peut
déstabiliser l’ordinateur de la Poste qui n’est pas conçu pour…
N’envoyez jamais d’argent liquide, et évitez les chèques qui sont
rarement acceptés par les établissements. Dans certains endroits, il
est possible de remettre de l’argent liquide auprès du service
comptable. Par ailleurs, les mandats sont limités à 180 euros par
mois. Au-delà, sachez que votre proche ne percevra pas l’intégralité
de la somme envoyé : 10% est réservé aux parties civiles et 10% est
déposé pour le « pécule de libération » (et comme son nom l’indique,
ne sera disponible qu’à la libération). Normalement, cette
répartition des mandats dépassant les 180 euros ne s’applique qu’aux
prévenus et condamnés dans les maisons d’arrêt. Pour les condamnés
dans les centres de détention et les centrales, si l’expéditeur du
mandat est inconnu, l’administration peut verser le montant au
Trésor public. Au moment des fêtes de fin d’année, le plafond des
mandats est doublé. Vérifiez auprès de l’Administration.
2.
Aide sociale
Il n’existe pas de Revenu Minimal Carcéral, et la
détention s’accompagne généralement de la fin d’un certain nombre
d’aides sociales, alors même que pour les proches, il faut envoyer
des mandats, payer les transports pour aller au parloir, souvent
payer aussi un avocat… Prenez le plus rapidement possible
rendez-vous à votre Caisse d’Allocations Familiales (CAF) et auprès
d’une assistante sociale du Centre d’Action Sociale de votre
quartier ou de votre ville. La mairie peut vous orienter auprès des
services compétents.
3. La sécurité sociale
Même si vous n’avez pas personnellement la
qualité d’assuré social, vous pouvez continuer à bénéficier de la
protection sociale d’un détenu(e). Les prestations en nature
délivrées par la caisse d’assurance maladie sont maintenues aux
familles dont le père, la mère, le mari ou l’épouse est
incarcéré(e). Les remboursements des frais médicaux sont aussi pris
en charge. Les prestations en nature et en espèces de l’assurance
maternité sont également maintenues aux familles dont le mari ou le
père est incarcéré. Renseignez-vous à la caisse de la sécurité
sociale où se trouve votre dossier. Cette caisse vous indiquera
toutes les pièces à lui fournir afin de conserver ces droits. Les
prestations familiales sont maintenues. Demandez à l’établissement
pénitentiaire un certificat de présence (c’est à dire que votre
proche est bien incarcéré) qui vous permettra de continuer à les
percevoir.
2 Maintenir les liens avec le (la) prisonnier(e) :
le courrier & la censure, les permis et le parloir, les radios…
1. Les lettres.
Pour un(e) prisonnier(e), une lettre, quelques
mots, une carte postale, une photo… c’est un geste énorme. Recevoir
du courrier est, pour la plupart des personnes détenues, une grande
joie. Non seulement c’est un signe que, dehors, des personnes
pensent à eux, mais c’est aussi, pour les prisonnier(e)s en lutte,
un moyen de montrer à l’Administration qu’ils ne sont pas seuls : ça
n’évite pas les brutalités et autres vexations, mais les
surveillant(e)s savent que le (la) prisonnier(e) est en contact avec
l’extérieur… Si vous prenez l’initiative d’une correspondance avec
un(e) détenu(e) que vous ne connaissez pas bien, renseignez-vous
auparavant sur sa situation, afin de ne rien écrire qui pourrait le
compromettre. Une plaisanterie, ça peut être mal interprétée par
l’Administration ! Une bonne règle est de se conformer au ton avec
lequel répondra le (la) prisonnier(e)… Même si certain(ne)s veulent
qu’apparaissent sur l’enveloppe “ prisonnier(e) politique“ ou sont
avides de discussions politiques, n’en prenez pas l’initiative.
5. Vous avez le droit d’écrire tous les
jours, ainsi que le (la) détenu(e)s. Par contre, ce qui est interdit
est de « coder » les lettres et si vous écrivez en langue corse, les
lettres mettront plus de temps car il faudra qu’elles soient (peut
être pas systématiquement par la suite) traduites. Les lettres sont
systématiquement ouvertes et lues avant d’être données à la
personne. Le ramassage du courrier des détenu(e)s se fait le matin.
Elles sont fermées après leur lecture. Le courrier des
prévenu(e)s passe par leur juge d’instruction. Les lettres peuvent
être retardées ou retenues, alors indiquez bien la date à laquelle
vous postez votre courrier : cela permettra au (à la) prisonnier(e)
de la retrouver ou de constater le retard… Numéroter toutes les
pages, des fois qu’elles s’envoleraient… Si vous envoyez un tract,
(encore une fois, une certaine prudence s’impose) écrivez au verso
une lettre : cela évite parfois une saisie ! Je vous conseille
d’inscrire à l’intérieur de l’enveloppe, le contenu exacte de votre
courrier : nombre de pages, éventuellement de timbres, photos, etc.
Ce n’est malheureusement pas imparable contre les vols, mais ça
laisse une preuve.
2. Censure : Le droit et quelques astuces
Il arrive souvent, lorsqu’on joint aux courriers
des tracts, des coupures de journaux, des communiqués d’autres
prisonniers, etc. que ce genre de document soit retenu (“censuré”).
Selon le Code de Procédure Pénale (art. D. 415 et D. 416), ainsi que
la circulaire du 19 décembre 1986, les lettres peuvent être retenues
si elles “ contiennent des menaces précises contre la sécurité des
personnes ou celle des établissements pénitentiaires”, ou si
elles servent à des “trafics, tractations, ou paris”.Selon les
textes cités précédemment, l’administration doit prévenir le détenu
de la retenue du courrier, et s’il est possible (notamment si
l’adresse de l’expéditeur figure dans le courrier), elle doit
réexpédier le texte saisi. Pour finir, la décision de retenue est
susceptible de recours devant le Tribunal Administrative. Avant de
faire ce recours, il faut faire un recours gracieux au directeur
(tout simplement lui rappeler les termes de la loi et en quoi la
retenue est une erreur d’appréciation, et lui expliquer qu’il lui
est possible de revenir sur sa décision avant que vous entamiez la
procédure - même si vous n’avez pas l’intention d’en arriver là...).
Lorsque vous craignez une retenue du courrier, mettez votre adresse
sur l’enveloppe, cela fera un argument supplémentaire lors d’un
éventuel recours, devant le directeur ou le Tribunal Administratif,
car (par expérience) il est rarissime que l’administration
pénitentiaire prenne la peine de renvoyer le courrier... Je vous
conseille aussi d’écrire sur tous les textes susceptibles d’une
censure abusive une mention du genre “selon le Code de Procédure
Pénale (art. D. 415 et D. 416), ainsi que la circulaire du 19
décembre 1986, la retenue de ce texte est illégale”. Cela suffit
souvent pour effrayer une administration qui a des habitudes de
censure sans connaître le droit!
3. Du permis de visite au parloir.
Tout(e) détenu(e), prévenu(e) ou condamné(e), est
en droit de recevoir des visites. Cependant, aucune visite ne peut
avoir lieu sans autorisation, ce qui implique certaines formalités
administratives. Articles D.402 à D.404 du Code de procédure pénale
(CPP), cahiers de démographie pénitentiaire, février 1998.
Le permis de visite s’obtient soit auprès du juge d’instruction
(pour les prévenu( e) s), soit auprès de la Direction de
l’établissement (pour les condamné(e)s).
Vous devez envoyer avec la lettre expliquant
votre lien de parenté avec la personne ou la nature de vos liens
(concubinage, collègue, ami( e), etc.), en joignant deux
photographies, une photocopie recto verso de votre carte d’identité
ou de votre carte de séjour, ainsi qu’une enveloppe timbrée à votre
adresse pour la réponse. Il est important de discuter de cette
démarche avec le (la) prisonnier(e). Un parloir est un moment à la
fois de répit, mais aussi de douleur et de frustration. Certain(e)s
préfèrent éviter ce moment, sachant également les vexations que
subissent les visiteurs (passage sous le portique, longues attentes,
etc.), les frais et la fatigue que cela peut impliquer. Le
prisonnier pourra appuyer votre demande auprès de l’autorité
compétente par un courrier. Sachez que pour de certains
prisonnier(e)s (politiques, classés DPS, etc.), les demandes de
permis sont systématiquement refusés lorsqu’ils n’émanent pas de la
famille rapprochée (et encore …). Mais faire la demande peut aussi
être un moyen d’exprimer sa solidarité ! Et rien n’empêche de la
renouveler régulièrement.
Comptez un minimum de trois semaines pour obtenir
une réponse, et n’hésitez pas à téléphoner régulièrement, soit au
bureau du juge d’instruction, soit au service des permis de
l’établissement pénitentiaire, afin de connaître la décision. Il
arrive souvent que la réponse ne soit pas envoyée (et donc non
motivée) ou que la prison reçoive le permis avant que vous ayez la
réponse. Mais la décision peut prendre beaucoup plus de temps,
notamment si une enquête de police est faite sur vous. Normalement,
vous devez donner votre consentement à ce qu’on effectue cette
enquête lorsque vous faite votre demande auprès de l’établissement
pénitentiaire ( formulaire
à remplir) . Les
enfants doivent également avoir un permis de visite, même si dans
certains établissements le livret de famille peut suffire pour les
plus jeunes (se renseigner auparavant).
PERMIS DE VISITE TYPE SOUS WORD
4. Le parloir
Dans la quasi totalité des prisons, il faut
réserver les parloirs. Il ne vaut mieux pas s’y prendre la veille,
car les standards ont souvent saturés et les plannings
risquent d’être déjà complets. Mais on ne peut rarement réserver
plus d’une semaine à l’avance, également par téléphone. Les jours et
les horaires des parloirs sont différents selon les établissements.
Si vous venez de Corse, la personne incarcérée pourra demander, par
courrier auprès du service des parloirs et/ou auprès de la
Direction, un « parloir double » (c’est à dire d’une durée doublée).
Dans beaucoup de prisons, un parloir double et attribué
systématiquement une fois par mois à tous ceux qui font la demande :
ça vaut toujours le coup d’essayer !
La visite prend souvent beaucoup plus de temps
que prévu, car il faut attendre l’appel pour entrer dans la prison,
passer sous un portique détecteur de métaux (songez-y avant car cela
peut être stressant et humiliant d’avoir à se dévêtir dans ces
circonstances), et après le parloir, encore de l’attente : comptez,
en maison d’arrêt, 1h? en plus du parloir lui même. Les parloirs ne
sont jamais pareils, et sont parfois particulièrement sordides
(comme à Fresnes). Dans la plupart des maisons d’arrêt
modernes, c’est une cabine (1m 2
pour les plus petites) avec
deux portes vitrées (une côté détention, l’autre côté famille) avec
quelques chaises et une table. Les surveillant(e)s passent
régulièrement « mater » aux portes.
Dans certains parloirs, il y a un muret
entre le (la) détenu(e) et ses proches. Dans d’autre s, ce ne sont
pas des cabines, mais des espaces aménagés, c’est à dire que les
familles sont séparées par des cloisons d’un mètre de haut environ,
et donc il n’y a réellement aucune intimité. En général, les
parloirs sont aussi surveillés par des caméras (ça arrive qu’une
caméra soit exactement braquée sur votre parloir, c’est gênant, mais
c’est malheureusement fréquent). Vous pouvez venir à plusieurs au
parloir, mais renseignez- vous auprès de l’établissement car cela
varie (de trois à cinq personnes…).
Vous n’avez le droit de ne rien apporter au
parloir (certaines prisons, depuis la canicule, acceptent qu’on
apporte une bouteille d’eau, qui est humée par le surveillant avant
l’entrée, idem pour les biberons…), mais vous verrez vous- même que
la pratique est un peu différente… Par contre, c’est au moment du
parloir que vous pouvez récupérer le linge de vo t re proche ou lui
en apporter. Vérifiez toujours les listes de ce que vous donnez ou
de ce que vous reprenez, en cas de contestation ultérieure… Mais
n’oubliez pas qu’au parloir, les murs ont des oreilles !
5. Que faire en cas de refus de permis ?
Souvent déçu(e)s ou humilié(e)s en cas de refus
de permis, les proches de prisonnier(e)s n’utilisent pas toujours
tous les moyens de recours existants. Peut- être que leur
utilisation systématique par chacun d’entre nous obligera, à
l’avenir, les juges d’instruction et les directeurs de prisons à
justifier leurs décisions…
Si le refus émane du Juge d’instruction
(prisonnier(e) prévenu(e)) :
Seuls les membres de la famille peuvent faire un
recours. La contestation de la décision de refus d’accorder le
permis doit se fa i re dans les dix jours après la notification,
devant le Président de la Chambre de l’instruction. Il dev ra
statuer dans les 5 jours par une décision écrite et motivée. Cette
décision n’est pas susceptible de recours (article 145-4 du Code de
Procédure Pénale). Si le Président de la Chambre d’Instruction
annule la décision du juge d’instruction, c’est lui qui délivre le
permis de visite.
Si le refus émane du Directeur de la prison
(prisonnier(e) condamné(e)) : Il faut refaire la demande au
Directeur, puis effectuer un recours hiérarchique (c’est à dire re-refaire
une demande par courrier auprès du Directeur régional de
l’Administration Pénitentiaire en mentionnant le refus précédent).
Si le refus persiste, il faut faire un recours devant le tribunal
administratif dans les deux mois. Ce recours peut s’appuyer sur
l’article D-404 du Code de Procédure Pénale et sur l’article 8 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme.
Ces informations ont été publiées par le Comité Anti Répression
afin d'aider les familles des prisonniers politiques corses
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info : Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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