Session
de l'Assemblée de Corse du 28 et 29 septembre 2006 : Pour une
expertise indépendante des eaux du Parc Marin international de
Bunifaziu - QUESTION ORALE POSÉE PAR NADINE NIVAGGIONI
La Base de sous-marins nucléaires de la Maddalena a
été mise en place en 1972 par un accord entre le gouvernement
italien de l'époque et les autorités militaires américaines.
On ne sait pas très exactement combien de sous-marins
stationnent à la Maddalena, ni le nombre d'ogives nucléaires dont la
base dispose. On parle de 5 à 6 sous-marins à propulsion nucléaire,
de 2500 résidents dont 1600 militaires, et l'Emety-Land, le navire
amiral qui ravitaille les sous-marins comporterait lui-même une
dizaine d'ogives nucléaires d'une puissance 10 fois supérieure à la
bombe d'Hiroshima.
Associations pour la défense de l'environnement des
deux îles ont été mobilisées durant des années pour le démantèlement
de la base. De même les partis politiques nationalistes corses et
sardes.
En 2006, la Commission européenne engageait des
poursuites contre le gouvernement italien pour manquement au droit
communautaire sur l'environnement, citant notamment l'arcipelago
della Maddalena.
Le 22 novembre 2005, Antonio Martino, ministre de la
défense italienne, en déplacement à Washington, annonçait après
avoir rencontré Donald Rumsfeld, ministre de la défense
des États-Unis, que les sous-marins nucléaires
quitteraient la base de Santo Stefano.
Unione Naziunale se réjouissait immédiatement de la
nouvelle tout en restant vigilante.
Le 8 septembre 2006, le Pentagone confirmait la
nouvelle de la fermeture de la base pour le printemps 2008.
Lors de l'accident du sous-marin Hartford (25 octobre
2003), des analyses effectuées sur des échantillons d'algues par la
Criirad (laboratoire indépendant) révélaient la présence anormale de
Thorium 234 (composant de l'uranium 238). Lors d'une autre enquête,
un groupe de chercheurs italiens décelaient également la
concentration inquiétante de plutonium 239.
Ces radionucléides ne sont pas présents dans la
nature. Ces concentrations confirment donc la conséquence néfaste du
trafic des sous-marins nucléaires dans les eaux du parc marin
international. .
Plus les prélèvements sont effectués près de la base,
plus la concentration est forte.
Dans la province de Sassari, et notamment les
environs de la Maddalena, on a enregistré ces dernières années
diverses affections dans la population: cas de phocomélie
(malformation des membres), spina-bifida (malformation de la colonne
vertébrale), tumeurs cérébrales,
et toutes sortes de néoplasies malignes supérieures à
200 % par rapport à la moyenne nationale italienne! (source Courrier
International 12/2004).
Plus récemment, la presse s'est émue de possibles
déversements radioactifs dans le parc marin international, l'eau des
réacteurs nucléaires des sous-marins américains, selon un officier
italien, aurait été vidangée directement dans la mer. Une question
parlementaire au gouvernement a été déposée au sénat italien par le
sénateur Mario Bulgari.
De plus, la marine nationale française procéderait à
des rejets d'effluents gazeux en Méditerranée, selon elle sans
danger pour l'environnement. Des prélèvements seraient régulièrement
faits pour vérifier l'impact sur l'eau... mais 'personne n'en a
véritablement connaissance.
Cette opacité n'est pas sans engendrer de grandes
inquiétudes au sein du peuple Corse, déjà durement atteint par la
catastrophe de Tchernobyl et ses incalculables conséquences.
Ma question sera donc très simple:
- N'est-il pas temps que l'Exécutif se saisisse de ce
problème et fasse procéder, dans les meilleurs délais à une
expertise scientifique complète, indépendante, dont les résultats
seraient communiqués intégralement, en toute transparence?» .
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE 1999 - 2006 |