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Interview du FLNC UC
publication mensuel Corsica Novembre 2006
Cet exécutif est à combattre
et à abattre
Le FLNC union des combattants répond a nos questions sur la
trêve, ses concurrents, le manque de lisibilité des
attentats, l'état du mouvement nationaliste et sa nouvelle
stratégie... choc.
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corsica
: On ne sait plus exactement ou vous en êtes. C'est la trêve
ou pas ?
FLNC Union des Combattants : L'incapacité du gouvernement
français et de ses alliés clanistes à prendre en
considération, à un moment de notre lutte, l'initiative qui
était alors la nôtre, démontre une fois de plus que les
tenants d'une véritable solution politique ne sont que d'un
côté. L'analyse objective de la situation - nous l'avions
déjà annoncé - nous a amené à redéployer nos unités de
combat. Il ne faut pas non plus omettre une constante de
l'histoire coloniale française : la France ne transige que
sous les rapports de force. Nos actions politico-militaires
actuelles participent de ce constat.
corsica : Le fait qu'il s'agisse d'une sorte d'une
« fausse vraie trêve » ne rend-il pas confuses vos
interventions ?
FLNC UC : Ce qui est confus et encore plus dangereux, c'est
la volonté réaffirmée, brutale et autoritaire du
gouvernement français en place, de balayer d'un revers de
main (confère discours Sarkozy suite à échec référendum) les
possibilités exploratrices et les appels lancés dans ce sens
pour une sortie de crise. La Corse ne peut osciller, selon
les aléas électoraux des présidentielles françaises
successives, et alterner entre répressions policière et
judiciaire et timide avancée institutionnelle. La question
corse est une question exclusivement politique, et elle doit
être actée comme telle au plus niveau de l'Etat. Notre
actuelle activité politico-militaire se poursuivra tant que
l'Etat français n'optera pas pour une réelle solution
politique.
corsica : L'existence d'un second FLNC très activiste ne
vous a-t-il pas poussé à relancer vos opérations ?
FLNC UC : Nous répondons aux exigences d'une lutte
stratégique, organisée et structurée. Notre réflexion dépend
de l'analyse que nous avons du système. Nos actions
constituent une réponse à l'agression de type colonial que
subit notre peuple et tiennent compte de la conscience
politique et collective de ce dernier.
corsica : Les Corses ont sans doute beaucoup de mal à
différencier les deux FLNC. Que pouvez-vous leur expliquer ?
FLNC UC : Nous restons fidèles aux principes fondamentaux
qui sont à l'origine de la constitution de notre
organisation en 1976 et à la philosophie politique qui a
matérialisé, en 1999, la démarche stratégique de l'Union des
Combattants. Cela précisé, nous n'avons aucunement la
prétention de régir, ni d'occuper de manière hégémonique un
terrain de lutte qui a déjà connu et qui connaîtra
probablement, de façon éphémère ou pas, d'autres sigles que
le nôtre. L'Union des Combattants est un repère
philosophique et politique incontournable, parfaitement
lisible et comprise par les différentes couches de notre
peuple.
corsica : Ne croyez-vous pas que l'ensemble des attentats
commis en Corse, à cause de certaines affaires qui ne sont
pas forcément de votre fait, deviennent de moins en moins
lisibles ? Qu'aujourd'hui le doute sur les véritables
motivations d'un attentat s'est installé, même s'il peut
apparaître « juste » aux partisans de la lutte armée ?
FLNC UC : Nos actions politico-militaires, parce qu'elles
découlent d'une conception organisée et structurée de notre
mouvement, ne peuvent être assimilées à de quelconques
activités crapuleuses. C'est le propre de tout système
propagandiste colonial, à travers ses différents et
multiples relais, particulièrement en matière de
communication, d'asséner le contraire. Nos actions sont
parfaitement comprises par notre peuple. En témoigne
directement votre récent sondage sur le littoral et
l'approbation majoritaire résultant de la question sur les
attentats et leur influence sur la bétonisation.
À cet égard, la ridicule gesticulation d'un préfet de
passage témoigne, chez les sujets et tenants du système
français en place, de la crainte de cette compréhension
collective et lisible de la résistance armée.
corsica : Le fait que les mouvements nationalistes légaux
semblent actuellement en perte de vitesse (en terme
d'intervention, de mobilisation...) ne risque-t-il pas
d'entraîner les clandestins vers une fuite en avant sans
véritable relais politique ?
FLNC UC : nous ne croyons pas que le mouvement national soit
en perte de vitesse. Sa philosophie, ses propositions sont
largement partagées par toutes les couches sociales de notre
peuple. Son enracinement n'est même plus à contester : il
demeure la principale alternative à toute sortie de crise.
corsica : Pensez-vous que l'union entre les nationalistes
a été positive et comment vous situez-vous par rapport à
celle-ci ?
FLNC UC : Oui, l'union est positive et constructive. C'est
un souci permanent chez nous. Du traité du Fium'Orbu à
aujourd'hui, nous n'avons eu de cesse d'oeuvrer dans ce
sens. L'union est une constante que l'évolution politique de
la situation nous amène à évaluer régulièrement. Plus que
l'union, c'est l'unité stratégique et patriotique qui nous
incombe le plus et que nous lançons à la réflexion de
chacune et chacun.
corsica : Que pensez-vous du rôle joué par les élus
nationalistes à l'Assemblée ?
FLNC UC : La manipulation de la communication, la
désinformation systématisée font que très souvent les
initiatives et propositions politiques des élus
nationalistes de la démarche Unione Nazionale sont
volontairement étouffées pour tenter de relativiser la
réalité et la portée de leurs actions. Toutefois, la nature
autoritaire et en même temps soumise de l'exécutif
territorial en place nécessite selon nous une opposition
offensive beaucoup plus grande et parfaitement lisible qui
doit dépasser le cadre de cette collectivité aujourd'hui
totalement inféodée à Paris. Elle nécessite tout autant une
stratégie de rupture qui ne doit laisser place à de
quelconques contorsions politiciennes. Cet exécutif-là,
compte tenu de la nature de ses imbrications politiques et
véreuses, est à combattre et à abattre.
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corsica
: Quelles doivent être, à votre avis, les priorités
stratégiques de l'ensemble du mouvement nationaliste ?
FLNC UC : L'essentiel stratégique repose sur un droit
international qui est le droit pour chaque peuple à décider
librement de son avenir. C'est-à-dire, pour notre peuple, à
un moment donné de son évolution, à vivre l'exercice du
droit à l'autodétermination et de choisir le statut le plus
adéquat pour garantir l'émergence en tant que nation de sa
communauté historique et de destin. Cela sous-tend que notre
combat repose sur des critères de principe comme la terre,
le foncier, le patrimoine, la langue, la culture, le
développement économique et social et surtout le peuple.
évidemment, ce droit découle d'une projection stratégique
sur laquelle peuvent et doivent se retrouver toutes les
forces patriotiques. Cet aboutissement qu'est l'exercice du
droit à l'autodétermination devra inévitablement se nourrir
des rapports de force que peut et doit susciter le mouvement
national uni face à l'Etat français et des évolutions
statutaires graduelles conséquentes.
corsica : Et vos priorités en tant que mouvement
clandestin ?
FLNC UC : Nous restons fidèlement attachés à l'un de nos
principes édictés dès 1976 : la création d'un Etat corse
indépendant. Cette projection historique s'appuie
aujourd'hui sur les multiples prises de conscience des
peuples et nations sans Etat en Europe. Leur quête
d'émancipation et de souveraineté démontre que le choix de
l'indépendance est plus que jamais d'actualité (Montenegro,
Irlande du Nord, Pays basque).
corsica : En ce qui concerne la défense de la terre
(dépossession immobilière et foncière, privatisation du
littoral, etc.) qui est l'une de vos récentes priorités
(communiqué du 13 septembre), comment expliquez-vous que ce
ne sont pas les zones les plus touchées (extrême sud) qui
sont principalement visées par les attentats ?
FLNC UC : Toutes nos communications, particulièrement de
revendication, ont démontré que depuis des années, à chaque
fois, nous frappons militairement dans la région dite de
l'extrême sud, comme nous frappons dans toutes les pieve de
Corse. Vous pouvez constater également - nous l'avons
souligné dans notre dernière communication - qu'un certain
nombre de nos actions, particulièrement dans la région
sus-nommée, sont volontairement dissimulées par les services
de police et de la presse instrumentalisée. Nous rappelons
également avec insistance que nos actions
politico-militaires découlent entre autres, de la conscience
politique de notre peuple. Nous analysons, enfin, que dans
une cité comme celle de Porti Vecchju, soumise à une
constante pression immobilière et affairiste véreuse et ce,
sous la férule de Camille de Rocca Serra, actuel président
de la Collectivité territoriale de Corse (sic), les
nationalistes unis constituent la première force
d'opposition au clan et à la dépossession collective.
corsica : Ne pensez-vous pas, au regard de ce qui se
passe dans l'île, qu'il est trop tard. Pour vous. Pour les
nationalistes. Pour la Corse ?
FLNC UC : L'ancrage de notre organisation, le but recherché
par les forces vives de notre peuple, d'une unité plus
conséquente font que, malgré les coups assénés, malgré la
répression, l'espoir est permis de voir aboutir un processus
de sortie de crise. La Corse ne peut être à contre-courant
de ce qui s'édifie actuellement en Europe particulièrement,
malgré les spécificités proches à chacune des situations, de
ce qui se dessine en Irlande du Nord et au Pays basque. La
Corse ne peut indéfiniment vivre prise en étau par le parti
de l'anti-corse, avec l'affairiste Camille de Rocca Serra
pour la droite et le national réactionnaire Emile Zuccarelli
pour la gauche. L'avenir et l'espoir appartiennent au
mouvement patriotique et à tous les Corses soucieux de
l'intérêt collectif, dès lors qu'à l'instant présent ils
puisent dans ses capacités unificatrices la force
stratégique adéquate pour inverser le constat alarmant d'une
situation conflictuelle et construire la résistance
nécessaire pour ériger la Corse en actrice souveraine de son
destin.
N.D.L.R. : Les réponses à nos questions nous ont été données
par écrit.
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Gilles Millet
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Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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