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Conférence de presse du C.A.R
à Corti
Intervention de Maître Stagnara sur le cas de Jean Castela
(40Mo en Wmv)
Texte de la conférence de presse à venir
Conférence de presse du 20/11/05
Il y a 7 ans, à la même date et à la
même heure, Jean Castela, Stella Castela, Vincent Andriuzzi et
Ghjuvan Filippu Antolini étaient en garde-à-vue dans les locaux du
ministère de l’intérieur.
A ce jour, seul Ghjuvan Filippu
Antolini a été jugé. Stella Castela, après avoir été
incarcérée pendant 6 mois à Fleury-Mérogis est actuellement, 6 ans
et demi après, toujours astreinte à un contrôle judiciaire. Quant à
Vincent Andriuzzi et Jean Castela, ils attendent respectivement
depuis 6 ans et demi et 7 ans dans les geôles françaises d’être
définitivement jugés.
La multiplication des mises en
examens
Jean Castela a tout d’abord été mis en examen, placé sous mandat de
dépôt et incarcéré en novembre 1998 dans l’affaire dite de la piste
agricole, c’est-à-dire pour association de malfaiteurs. Quelques
semaines plus tard, en décembre, c’est pour un attentat de 1994 (à
Paris) qu’il était de nouveau mis en examen et placé sous mandat de
dépôt. En avril 1999, après 5 mois d’enquête, sans aucun élément
nouveau à charge, Jean Castela est mis en examen dans l’affaire de
Strasbourg (1997). En décembre 1999, après un an d’enquête depuis
son arrestation, alors, rappelons-le, qu’il avait été suivi pendant
de nombreux mois avant son interpellation, et encore une fois, sans
qu’aucun élément nouveau ne soit porté au dossier, Jean Castela est
mis en examen pour une prétendue complicité de l’assassinat du
préfet Erignac (dont on ne sait toujours pas sur quoi elle repose…).
A ce niveau, on peut faire un premier bilan. Lorsque l’on a tous les
éléments et que l’on a un coupable sous la main, qui pourrait
prétendre que l’on puisse attendre plus d’un an avant de mettre une
personne en examen ?
Des mises en examens qui ont fait «
Pchiiit »
Finalement, après 7 ans, que reste-t-il contre Jean Castela qui a
été mis en examen dans 5 dossiers différents ?
1994 : Pratiquement tous les
faits étaient prescrits ce que personne n’a voulu reconnaître, mais
malgré tout, Jean Castela a admis au cours du procès en première
instance avoir été un supplétif des clandestins corses.
1997, Strasbourg : Jean
Castela a été reconnu innocent de la participation à l’attentat au
cours du procès en première instance, même s’il a été condamné pour
complicité.
1997, Vichy et Petrusedda :
la chambre d’accusation qui a libéré Jean Castela pour l’affaire du
préfet s’est toujours refusée à le libérer dans ce dossier de
complicité alors que les éléments à charge étaient exactement les
mêmes !
1998, Préfét Erignac, piste
agricole (dossier 1337, association de malfaiteur) : remis en
liberté en mars 2000 par non-renouvellement du mandat de dépôt.
1998, Préfét Erignac, piste
intellectuelle : Jean Castela a été remis en liberté par la Chambre
d’accusation en décembre 2001 car les éléments contre lui ne
justifiaient plus un maintien en détention.
Comment, après ces mises en liberté successives et cet acquittement,
dans ces conditions pourrait-on considérer qu’il y ait le moindre
élément pour condamner Jean Castela dans l’affaire Erignac et dans
les attentats de 1997 ?
Les problèmes de santé
Depuis le début de ses ennuis de santé, Jean Castela a subi trois
coronarographies, qui sont des opérations reconnues à très haut
risque par les médecins (entre autres, d’après certaines interviews
de médecins cardiologues publiées dans le Corse Matin, il y aurait
un décès sur mille pour ce type d’opération).
Jean Castela a également subi une ablation par radiofréquence,
opération très rare (quelques dizaines par an pour toute la France)
et qui elle aussi n’est pas sans risque.
Malgré ses opérations délicates, Jean Castela a eu droit à un régime
de surveillance et de déplacement particulièrement humiliant et
éprouvant. Toutes ces opérations ayant été pratiquées avec des
entraves et des menottes.
Jean Castela est toujours dans un état de santé précaire. Il y a
quelques semaines, il a passé un test pour mesurer pendant 24 heures
la tension et les pulsations. Il s’est avéré qu’en dormant son pouls
descend jusqu’à 32 pulsations minute, ce qui est très bas et très
dangereux.
Dysfonctionnement de la justice
Le fonctionnement de la justice a été des plus étranges dans cette
affaire d’Etat, cause sacrée qui a permis de multiplier les dénis de
justice. Les attentats de 1994 étaient prescrits ? Ce n’est pas
grave, pour une cause sacrée ça ne compte pas.
Le parquet fait fort dans cette affaire : pour ne pas tenir compte
de la prescription, il explique que les trois faits dans ce dossier
(attentats à Mende en février, concours de l’agrégation perturbée en
avril, et attentat de Paris en septembre) sont connexes.
C’est-à-dire qu’ils ont été décidés en même temps. Mais, ensuite,
pour expliquer une pseudo scission politique, ce même parquet
explique que le troisième attentat n’a pas été commis par la même
organisation politico-militaire, mais par des dissidents !
Le procès en première instance que la presse a improprement baptisé
Erignac, et nous ouvrons ici une parenthèse pour demander aux médias
de ne pas se tromper pour le procès en appel qui ne sera pas celui
du défunt préfet mais celui de Castela et Andriuzzi, dans ce procès
en première instance donc, tout comme pour le procès en appel, on a
artificiellement mélangé des attentats de différentes époques (1994,
1997 et 1998) revendiqués par différentes organisations
politico-militaires !
Le Procès
Le procès en première instance a été une véritable parodie de
procès. Un procès fleuve, la presse dans son ensemble l’a reconnu,
dans lequel le seul objectif du président était de terminer après le
vote du référendum.
Au cours de ce procès, Roger Marion
le chef de la DNAT a témoigné. Les avocats de la défense lui ont
naturellement demandé quels étaient les éléments, les preuves
matérielles ou les pièces à conviction qui constituaient
l’association de malfaiteurs à laquelle Jean aurait, d’après
l’inspecteur, participé pour préparer l’assassinat du préfet.
A la surprise générale, l’avocat a dû poser trois fois la question
avant que Roger Marion ne daigne répondre.
Et la réponse… a
déclenché l’hilarité dans la salle au point que le président a
failli la faire évacuer ! En effet, Roger Marion a répondu : «
l’instinct policier » ! Qui peut imaginer une seule seconde
que si Roger Marion avait eu de réels éléments à sa disposition, il
ne les aurait pas évoqués devant le tribunal ? Cet aveu de
l’inspecteur en chef de la DNAT est bien la preuve qu’il n’y
absolument rien dans ce dossier qui puisse relier Jean Castela à
l’affaire du préfet. Jean est innocent, il est victime d’un montage
intellectuel des enquêteurs et des juges d’instruction qui ont
décidé qu’il y avait une piste intellectuelle et qu’il fallait donc
condamner des intellectuels. Après s’être fourvoyés dans la piste
agricole, les juges n’ont pas voulu reconnaître que les enquêteurs
s’étaient également trompés dans la piste intellectuelle. Les juges
ont en fait avalisé ce scénario de substitution.
Quel exemple pourrait-on trouver dans les annales de la justice
française où un homme arrive libre au procès dans une affaire de
complicité d’assassinat (comme c’était le cas pour Jean Castela ou
Vincent Andriuzzi) et repart avec une condamnation de 30 ans ???
Tout le monde sait que pour la justice française l’incarcération,
qui dans les textes demeure l’exception, est en fait la règle. Si
Jean Castela a été libéré par la chambre d’accusation, c’est bien
qu’il est innocent !
Procès en appel et détention
préventive
Aujourd’hui, à quelques semaines du procès en appel, la Corse
entière attend un procès équitable où l’on recherchera la vérité et
non pas une parodie de procès où l’on cherchera à prouver une
culpabilité qui n’est qu’une vue de l’esprit.
Aujourd’hui, Jean Castela entre dans sa huitième année de détention
préventive. C’est un cas pratiquement unique dans les annales de la
justice française ! Rappelons que la France a déjà été condamnée à
de nombreuses reprises pour ne pas avoir respecté les délais
raisonnables de détention préventive dans des cas où les personnes
incarcérées avaient attendu… plus de 4 ans !!!
Conclusion
Le Comité Anti Répression, la famille et les amis de Jean Castela,
remercient les personnes et organisations qui participent à cette
conférence de presse et annoncent que dans les semaines à venir,
d’autres manifestations seront organisées pour porter témoignage du
sort de Jean Castela.
Il est quand même surprenant que dans l’autoproclamée patrie des
droits de l’Homme, ou que dans cette Corse pour laquelle tout un
chacun réclame un Etat de droit, il n’y ait aucune voix pour
s’élever face à ce déni de justice ! Où sont les apôtres de la
démocratie ? Où sont les professionnels de la condamnation tous
azimuts?
Nous invitons les Corses, et au-delà, les personnes éprises de
liberté et de justice à faire connaître leurs sentiments sur ce cas.
Comité Anti Répression |
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